
Repousser le Rejet du DEIA avec Maayan Ziv d’AccessNow
As-tu déjà ressenti que ta place dans une pièce était un privilège accordé à contrecœur ? C’est une question qui hante Maayan Ziv, PDG d’AccessNow, une startup canadienne qui lutte pour rendre le monde plus accessible. Depuis plus de dix ans, elle se bat pour que l’accessibilité ne soit pas une option, mais une évidence. Pourtant, aujourd’hui, elle observe un recul inquiétant : le concept de diversité, d’équité, d’inclusion et d’accessibilité – ou DEIA – est menacé, tant dans les entreprises que dans les politiques publiques. Dans cet article, plongeons dans son combat, celui d’une entrepreneuse qui refuse de voir l’inclusion reléguée au rang de faveur.
Pourquoi le DEIA est-il en danger ?
Le paysage technologique mondial évolue à une vitesse folle, mais pas toujours dans la bonne direction. Aux États-Unis, des voix s’élèvent pour démanteler les initiatives liées au DEIA, accusées d’être responsables de tout, des échecs commerciaux aux accidents d’avion. Au Canada, bien que plus discret, le mouvement suit. Des leaders technologiques appellent à des réformes inspirées du *Department of Government Efficiency* américain, tandis que la plus grande entreprise tech du pays a récemment dissous son équipe dédiée à l’équité. Maayan Ziv, elle, n’y voit pas une coïncidence, mais un signal alarmant.
Un combat personnel devenu universel
Pour Maayan Ziv, l’accessibilité est une cause intime. En fauteuil roulant depuis sa naissance, elle a transformé une frustration quotidienne en mission entrepreneuriale avec AccessNow, une plateforme qui cartographie les lieux accessibles. Mais ce qui a commencé comme une réponse à un besoin personnel est devenu un cri de ralliement pour une société plus inclusive. Elle l’explique avec une clarté désarmante :
« On m’a fait sentir que mon inclusion était une option, une faveur qu’on me faisait en me laissant entrer dans la pièce. »
– Maayan Ziv, PDG d’AccessNow
Cette phrase résonne comme un électrochoc. Elle illustre une réalité que beaucoup vivent sans oser la nommer : l’inclusion reste trop souvent un cadeau, pas un droit.
Le DEIA : un concept mal compris ?
Le terme DEIA regroupe quatre piliers essentiels : la diversité, l’équité, l’inclusion et l’accessibilité. Pourtant, Maayan Ziv souligne un problème récurrent : l’accessibilité est souvent laissée pour compte dans les discussions sur l’inclusion. Pourquoi ? Parce qu’elle demande des efforts concrets – adapter un bâtiment, repenser une interface numérique – là où les autres piliers peuvent parfois se limiter à des déclarations d’intention. Cette fracture fragilise le concept dans son ensemble.
Au Canada, la situation est paradoxale. D’un côté, le pays se targue d’être un modèle de multiculturalisme. De l’autre, des entreprises tech démantèlent leurs programmes d’équité, et des voix s’élèvent pour remettre en question l’utilité du DEIA. Pour Ziv, c’est un pas en arrière qui menace des années de progrès.
Une mobilisation qui s’organise
Face à cette vague de scepticisme, la communauté tech canadienne ne reste pas les bras croisés. Une lettre ouverte, signée par des acteurs du secteur, clame haut et fort que rejeter le DEIA serait une erreur stratégique pour le Canada. Ce manifeste insiste sur un point clé : l’inclusion n’est pas un luxe, mais un moteur d’innovation. Maayan Ziv partage cet avis, arguant que des équipes diversifiées conçoivent des solutions plus robustes.
AccessNow en est la preuve vivante. En s’appuyant sur les retours d’utilisateurs aux besoins variés, la startup a créé une plateforme qui ne se contente pas de lister des lieux accessibles : elle redéfinit ce que signifie « bien concevoir » dans la tech.
Les petites victoires demandent de grands combats
Maayan Ziv le reconnaît : chaque avancée dans le domaine de l’accessibilité est une bataille. Qu’il s’agisse de convaincre une ville d’installer une rampe ou une entreprise de rendre son site navigable pour les non-voyants, rien n’est acquis. Pourtant, elle persiste, portée par une conviction profonde : un monde accessible profite à tous.
Voici quelques-unes des victoires d’AccessNow :
- Cartographie de milliers de lieux accessibles à travers le monde.
- Partenariats avec des municipalités pour améliorer l’urbanisme inclusif.
- Influence sur les normes de design dans la tech canadienne.
Ces réussites, bien que modestes à l’échelle globale, montrent que le changement est possible – à condition de ne pas baisser les bras.
Et si l’inclusion devenait la norme ?
Imaginer un futur où le DEIA ne serait plus un débat, mais une évidence, voilà le rêve de Maayan Ziv. Elle appelle les gouvernements, les entreprises et les leaders tech à repenser leurs priorités. Car au fond, intégrer l’accessibilité dès la conception – ce qu’on appelle le *design inclusif* – n’est pas une contrainte, mais une opportunité. Un site web accessible attire plus d’utilisateurs, un bureau adapté fidélise les talents.
Pour elle, le message est clair : l’inclusion ne doit pas être une option qu’on peut rejeter au gré des tendances. C’est une nécessité qui façonne un avenir plus juste.
Un appel à l’action pour la tech canadienne
Alors que le Canada se positionne comme un hub technologique mondial, Maayan Ziv invite ses pairs à ne pas céder à la facilité. Elle les exhorte à faire de l’inclusion un pilier de leurs stratégies, à intégrer l’accessibilité dans chaque produit, chaque service. Car si le combat semble parfois glisser entre nos doigts, comme elle le dit, il suffit d’une poignée de visionnaires pour le retenir.
Son histoire, celle d’AccessNow, est une inspiration. Elle nous rappelle que derrière chaque startup, il y a une vision – et que certaines visions peuvent changer le monde, une rampe à la fois.