Révolution des batteries : la vallée du Nord en pointe
Le paysage industriel du nord de la France est en pleine mutation. Là où les cheminées d'usine rythmaient autrefois la vie ouvrière, une nouvelle industrie prend racine : la production de batteries pour véhicules électriques. Renault, Stellantis et d'autres géants de l'automobile investissent massivement dans ce que l'on appelle désormais la "vallée de la batterie". Plongée au cœur de cette révolution technologique et économique.
ACC et AESC, pionnières d'une nouvelle ère
Deux entreprises se distinguent dans cette course à l'électrification : ACC (Automotive Cells Company) et AESC (Automotive Energy Supply Corporation). La première, soutenue par Stellantis, Mercedes et TotalEnergies, a inauguré en juin 2023 son usine de Douvrin d'une capacité de 14 GWh. De quoi équiper environ 250 000 véhicules par an. Quant à AESC, filiale de Nissan et Envision, elle installe actuellement ses lignes de production à Douai pour fournir les futures Renault électriques.
L'usine est toujours en cours d'installation. C'est un défi de taille mais notre connaissance du secteur fera la différence.
Sébastien Rouaud, directeur du site AESC de Douai
Une courbe d'apprentissage à gravir
Si ces nouvelles usines suscitent l'enthousiasme, elles doivent aussi relever de nombreux défis. Car l'Europe débute à peine dans l'industrie de la batterie, là où les acteurs asiatiques ont une vingtaine d'années d'expérience. Les premières productions d'ACC sont ainsi en-deçà des attentes, le temps de maîtriser les processus complexes. Un constat partagé par AESC qui mise sur son savoir-faire pour atteindre rapidement le plein régime.
Des milliards d'euros en jeu
L'enjeu est de taille car les investissements se chiffrent en milliards. Depuis 2017, l'État français a mobilisé près de 3,15 milliards d'euros pour soutenir la filière batteries :
- 550 millions pour des projets R&D sur toute la chaîne de valeur
- 2,6 milliards pour ACC et des projets sur les matériaux avancés
D'autres projets émergent, comme ceux de Verkor et ProLogium à Dunkerque, avec à la clé des centaines de millions d'aides publiques supplémentaires. Un pari industriel et technologique dont le succès conditionne la souveraineté économique française et européenne dans l'automobile du futur.
Cap sur 2025
Si la vallée de la batterie a encore à faire ses preuves, le chemin est tracé. ACC vise 100 000 à 150 000 batteries produites en 2025, quand AESC livrera ses premiers modules pour la nouvelle Renault 5 électrique. Une montée en puissance progressive, pour une industrie qui se construit sous nos yeux.
Les prochaines années seront décisives pour ces nouvelles "cathédrales industrielles", entre montée en compétences, optimisation des processus et rentabilité à atteindre. Le pari est osé, les enjeux colossaux, mais le Nord a plus d'un tour dans son sac pour réussir sa mue électrique. Une vallée de tous les possibles, en somme.