Riber : la PME française innovante de la tech quantique
Au cœur du Val d'Oise se niche un fleuron discret de la French Tech : Riber. Cette PME fête ses 60 ans en 2024, mais n'a rien perdu de son agilité et de ses ambitions. Spécialiste mondial des machines d'épitaxie pour semi-conducteurs avancés, elle équipe les laboratoires et industriels les plus pointus de la planète. Pourtant, Riber reste méconnu du grand public. Plongée dans les coulisses d'un leader qui compte bien surfer sur les promesses de la photonique et du quantique pour prendre un nouvel essor.
La crème de l'épitaxie par jets moléculaires
Imaginez de grandes chambres grises, hérissées de hublots et de tuyaux. Dans l'ultra-vide, des faisceaux d'atomes sont projetés avec une précision ultime sur un substrat pour y faire croître des couches cristallines ultra-minces et ultra-pures. Bienvenue dans le monde de l'épitaxie par jets moléculaires (EJM), ou MBE en anglais !
Cette technique exigeante est la spécialité de Riber depuis sa création en 1964. Sur le site de Bezons dans le Val d'Oise, une centaine de collaborateurs conçoivent et assemblent ces machines complexes. "Nous livrons jusqu'à 18 machines par an, avec des prix allant de 1 à 4 millions d'euros l'unité", détaille Romain Bruder, chef produit. Chaque machine nécessite 3 à 4 mois de fabrication et intègre jusqu'à 10 000 pièces ! Une prouesse d'ingénierie et de savoir-faire.
Des applications de niche à très haute valeur ajoutée
Grâce à leur maîtrise technologique unique, les machines Riber adressent des marchés de pointe comme :
- Les lasers pour les télécoms par fibre optique
- Les composants pour radars, vision nocturne, antennes 5G
- Les LEDs UV pour la désinfection médicale
Sur ces niches, la société réalise 90% de son chiffre d'affaires à l'export, majoritairement en Asie. "Nos machines permettent des records de pureté et de précision atomique. C'est un vrai différenciateur pour les composants très haute performance", souligne Romain Bruder. La société évalue son marché adressable à 4-5% du marché global des semi-conducteurs, mais avec une croissance et des marges bien supérieures.
Objectif: photonique intégrée et technologies quantiques
Pour passer un nouveau cap, Riber mise sur deux ruptures technologiques : la photonique silicium et les composants pour le calcul quantique. Deux domaines qui requièrent d'intégrer des matériaux cristallins complexes sur des substrats de silicium standards.
"L'enjeu est d'amener notre technologie MBE sur les lignes des grandes fonderies, qui travaillent sur des wafers silicium 300mm", ambitionne Annie Geoffroy, la présidente de Riber. C'est tout l'objet de Rosie, un projet à 3 millions d'euros soutenu par l'État, visant à développer une machine MBE adaptée aux standards des fondeurs. Prévue pour 2025, elle devrait susciter l'intérêt des géants de la microélectronique.
La photonique sur silicium va révolutionner les datacenters et les télécoms. Et les technologies quantiques vont avoir besoin de composants spécifiques. C'est une opportunité unique pour imposer notre technologie auprès d'acteurs clés comme Intel, GlobalFoundries ou les GAFAM.
– Annie Geoffroy, Présidente de Riber.
Avec ses 40 millions d'euros de chiffre d'affaires et une rentabilité solide en 2024, Riber dispose des moyens de ses ambitions. En misant sur la photonique et le quantique, la discrète PME compte bien rayonner demain au cœur des technologies du futur. Et prouver que l'industrie française a plus d'un tour dans son sac sur l'échiquier mondial de l'innovation !