Riot Platforms propose d’acquérir Bitfarms pour 950M$
Le monde du minage de Bitcoin est en effervescence suite à la révélation par Riot Platforms, géant américain de l'industrie, d'une offre de rachat à 950 millions de dollars pour son concurrent canadien Bitfarms. Cette proposition audacieuse, rejetée dans un premier temps par le conseil d'administration de Bitfarms, soulève de nombreuses questions quant à l'avenir du secteur et à la gouvernance des entreprises impliquées.
Riot Platforms dévoile son offre publiquement
C'est un véritable coup de tonnerre qu'a déclenché Riot Platforms en rendant publique son offre de rachat de Bitfarms pour la somme colossale de 950 millions de dollars. Selon les termes dévoilés, Riot propose d'acquérir toutes les actions en circulation de Bitfarms au prix unitaire de 2,30$, représentant ainsi une prime de 24% par rapport au cours de clôture du 24 mai dernier.
Jason Les, PDG de Riot Platforms, justifie cette décision par les inquiétudes suscitées par le récent limogeage du directeur général de Bitfarms et par les allégations contenues dans la plainte déposée par ce dernier à l'encontre de son ancien employeur. Des questions sérieuses de gouvernance seraient ainsi en jeu.
Une proposition initialement rejetée
Bitfarms, fondée en 2017 et cotée à Toronto et au Nasdaq, exploite des fermes de minage de Bitcoin et fournit de la puissance de calcul aux réseaux de cryptomonnaies. En mars dernier, l'entreprise annonçait le départ de son PDG Geoffrey Morphy, qui devait néanmoins assurer la transition en attendant son remplacement.
C'était sans compter le dépôt par M. Morphy d'une plainte de 27 millions de dollars contre Bitfarms pour rupture de contrat et licenciement abusif. Quelques jours plus tard, le conseil d'administration de Bitfarms mettait un terme définitif aux fonctions de son ancien dirigeant, nommant le co-fondateur Nicolas Bonta comme PDG par intérim.
C'est dans ce contexte tendu que Riot Platforms a soumis son offre de rachat le 22 avril dernier, offre rejetée sans discussion approfondie par le conseil d'administration de Bitfarms. Un dénouement qui, combiné aux allégations contenues dans la plainte de l'ex-PDG, a poussé Riot à sortir du bois et à s'adresser directement aux actionnaires.
Une opération stratégique pour Riot
Jason Les voit dans cette acquisition une opportunité unique de créer le leader mondial incontesté du minage de Bitcoin. Outre les synergies opérationnelles, Bitfarms bénéficierait de l'important matelas financier de Riot Platforms :
Riot dispose de plus de 700 millions de dollars de liquidités et de 8872 Bitcoins en stock au 30 avril, soit environ 10 fois plus que Bitfarms.
Jason Les, PDG de Riot Platforms
Cette puissance financière serait un atout considérable pour accompagner la croissance de Bitfarms et renforcer sa position sur un marché du minage de plus en plus concurrentiel et capitalistique. Une consolidation semble d'ailleurs inéluctable dans ce secteur après le dernier "halving" ayant réduit de moitié les récompenses des mineurs.
Un bras de fer qui ne fait que commencer
En réponse au rejet initial de son offre, Riot Platforms a accumulé une participation de 9,25% au capital de Bitfarms, devenant ainsi son premier actionnaire. La société compte réclamer la tenue d'une assemblée extraordinaire pour pousser à la nomination de nouveaux administrateurs indépendants et ainsi faire évoluer la gouvernance.
Du côté de Bitfarms, l'heure est à la prudence. Le rejet sans appel de l'offre de Riot s'explique, selon certaines sources, par une valorisation jugée très insuffisante malgré la prime apparente de 24%. Après plusieurs années difficiles, la société mise sur un rebond de son activité et de ses marges pour renouer avec les profits.
Quoi qu'il en soit, cette offre marque un tournant pour l'industrie du minage de Bitcoin. Après une croissance effrénée, l'heure semble à la consolidation autour des acteurs les plus solides financièrement. Riot Platforms, avec son offre audacieuse sur Bitfarms, entend jouer un rôle moteur dans ce mouvement et asseoir sa domination. Reste à savoir si Bitfarms, et d'autres concurrents de taille, se laisseront faire ou choisiront de contre-attaquer.
