Robots animaux contre l’épidémie de solitude chez les seniors

Dans un monde où la population vieillit et où l'isolement des personnes âgées devient un enjeu majeur de santé publique, une tendance émerge : l'utilisation de robots animaux de compagnie pour égayer le quotidien de nos aînés. Zoom sur cette innovation pleine de douceur, déployée à grande échelle dans l'État de New York pour lutter contre ce que certains qualifient déjà d'« épidémie de solitude ».

Paro, le pionnier des robots thérapeutiques

L'histoire commence au Japon, dans les années 90. Au sein du prestigieux institut AIST, un chercheur développe Paro, un attendrissant bébé phoque robotisé destiné à apporter réconfort et stimulation aux personnes âgées. Plus de 30 ans après, ce robot aux grands yeux doux reste la référence en matière de robotique thérapeutique pour seniors, ayant même conquis la culture populaire avec une apparition remarquée dans les Simpsons en 2011.

Le Japon, précurseur en robotique senior

Avec 29% de sa population âgée de 65 ans et plus, le Japon a très tôt pris conscience des défis liés au vieillissement. Combiné à un engouement national pour les technologies de pointe, le pays est devenu un leader incontesté de la « silver innovation », avec les robots comme fer de lance. Pendant des décennies, ces machines y ont été envisagées comme un moyen de pallier le manque de personnel soignant et d'apporter une présence rassurante aux seniors isolés.

L'âge, un enjeu grandissant aux États-Unis

Si la tendance est moins marquée qu'au Japon, les États-Unis font aussi face au vieillissement. Les plus de 65 ans y représentent 54 millions d'individus, soit 16% de la population. Un chiffre qui devrait grimper à 81 millions (21%) d'ici 2040 selon les projections. Problème : les Américains n'ont pas autant adopté les technologies d'assistance aux seniors que leurs homologues japonais. Du moins jusqu'à récemment...

New York mise sur les animaux robots

Depuis 2018, le Bureau new-yorkais pour le vieillissement (NYSOFA) œuvre à changer la donne. Inspiré par sa fille de 8 ans qui s'était prise d'affection pour un chien robot d'Amazon, le directeur Gregory Olsen a lancé un programme ambitieux : distribuer gratuitement des animaux de compagnie robotisés aux seniors de l'État. À ce jour, plus de 31 500 petits compagnons high-tech ont ainsi été offerts !

Quand j'ai vu ce chien robot à la maison, je me suis dit 'Ce serait formidable d'essayer ça avec nos seniors' !

Gregory Olsen, Directeur du NYSOFA

Ageless Innovation, le spécialiste des robots bien-être

Derrière cette initiative, on trouve la société Ageless Innovation. Spin-off créée en 2015 par le géant du jouet Hasbro, elle s'est spécialisée dans le développement de robots de compagnie réconfortants pour seniors, commercialisés sous la marque Joy For All. Chiens, chats et même oiseaux interactifs : une véritable ménagerie robotique conçue pour apporter douceur et stimulation aux personnes âgées.

Une réponse à l'épidémie de solitude ?

L'isolement social des aînés est devenu un problème de santé publique majeur, qualifié par le médecin chef des États-Unis Vivek Murthy d'« épidémie de solitude ». Avec des effets délétères sur la santé comparables au tabagisme ou à l'obésité, la solitude accélère le déclin physique et cognitif. Un fléau exacerbé par la crise du Covid-19 et ses restrictions.

De nombreuses études ont montré les bienfaits des animaux de compagnie pour lutter contre l'isolement, mais leur adoption n'est pas toujours possible pour les seniors. C'est là que les robots entrent en scène ! S'ils ne remplacent pas un vrai animal, les premières recherches sur le sujet sont encourageantes :

Les animaux robots ont amélioré la dépression et la solitude, surtout pendant le pire des restrictions Covid. Mais l'interaction humaine reste clé.

Étude sur les animaux robots et les seniors, 2022

Le NYSOFA en est convaincu : ces petits compagnons high-tech sont un outil précieux dans la panoplie anti-isolement, au même titre que d'autres innovations comme le robot social ElliQ. Gregory Olsen raconte avec émotion l'attachement que développent certains bénéficiaires pour leur acolyte robotisé :

Une dame m'a dit 'Il faudra me l'arracher de mes mains froides !'. Un monsieur a demandé à être enterré avec son chien robot. Imaginez la surprise aux funérailles quand un aboiement étouffé est sorti du cercueil...

Gregory Olsen, Directeur du NYSOFA

Alors, les robots animaux seront-ils nos meilleurs alliés face au fléau de la solitude des seniors ? Une chose est sûre : cette initiative new-yorkaise témoigne d'une volonté d'innover avec cœur pour le bien-être de nos aînés. Et ça, c'est déjà une belle promesse d'avenir.