Runway dévoile Gen-3, l’IA génératrice de vidéos nouvelle génération
L'ère de la vidéo générée par intelligence artificielle est en marche. La startup Runway vient de lancer Gen-3, un modèle d'IA capable de créer des séquences vidéo réalistes et sophistiquées à partir de simples descriptions textuelles. Cette avancée technologique majeure promet de révolutionner la création de contenu vidéo, mais soulève aussi des questions sur l'avenir de l'industrie cinématographique.
Gen-3 : l'IA vidéo nouvelle génération
Avec Gen-3, Runway propose un bond en avant significatif par rapport à son précédent modèle phare Gen-2. Vitesse de génération accrue, haute définition des images, contrôle précis de la structure, du style et du mouvement des vidéos... Les améliorations sont notables.
Gen-3 Alpha excelle dans la génération de personnages humains expressifs avec une large gamme d'actions, de gestes et d'émotions.
Runway
Le modèle a été conçu pour interpréter une grande variété de styles et de termes cinématographiques. Il permet des transitions imaginatives et un contrôle précis image par image des éléments de la scène. De quoi donner aux créateurs un nouvel outil puissant pour repousser les limites de leur créativité.
Encore quelques limitations
Gen-3 Alpha montre toutefois encore quelques limitations. Les séquences générées ne dépassent pas 10 secondes pour l'instant. Le modèle peut aussi avoir du mal avec les interactions complexes entre personnages et objets, et ne suit pas toujours précisément les lois de la physique.
Mais Runway promet déjà l'arrivée de versions plus avancées dans les prochains mois. Gen-3 n'est que le premier d'une nouvelle famille de modèles entraînés sur une infrastructure améliorée.
Quid des données d'entraînement ?
Comme tous les modèles génératifs, Gen-3 a été entraîné sur une vaste quantité de vidéos et d'images. Mais Runway reste flou sur la provenance exacte de ces données. Une tendance partagée par la plupart des acteurs de l'IA, qui voient leurs données comme un avantage compétitif à garder secret.
C'est aussi un moyen d'éviter d'éventuels litiges sur la propriété intellectuelle, si le modèle a été entraîné sur des contenus publics soumis au droit d'auteur. Plusieurs poursuites judiciaires en cours remettent en question l'argument du "fair use" avancé par les entreprises d'IA pour justifier l'utilisation de ces données.
Vers plus de contrôles et de garanties
Face à ces enjeux, Runway assure avoir consulté des artistes pour développer Gen-3. La startup prévoit aussi de lancer son modèle avec de nouveaux garde-fous :
- Un système de modération pour bloquer la génération de contenus protégés par le droit d'auteur ou contraires aux conditions d'utilisation.
- Un système de provenance compatible avec le standard C2PA, soutenu par Microsoft, Adobe ou OpenAI, pour identifier les vidéos issues de Gen-3.
Des partenariats avec des acteurs majeurs du divertissement et des médias sont aussi en cours, pour créer des versions sur-mesure de Gen-3 adaptées à des besoins artistiques et narratifs spécifiques.
Vers une disruption de l'industrie du cinéma ?
L'arrivée d'outils d'IA vidéo ultra-performants comme Gen-3 soulève des interrogations sur l'avenir de l'industrie cinématographique. Si la technologie promet un gain de temps et de créativité pour les réalisateurs, elle pourrait aussi menacer de nombreux emplois.
Selon une étude commandée par l'Animation Guild, un syndicat représentant les animateurs et dessinateurs d'Hollywood, 75% des sociétés de production ayant adopté l'IA ont réduit ou supprimé des postes après avoir intégré la technologie. L'étude estime que d'ici 2026, plus de 100 000 emplois du secteur du divertissement aux États-Unis seront perturbés par l'IA générative.
Des réalisateurs majeurs commencent déjà à revoir leurs plans. Tyler Perry a suspendu un projet d'extension de ses studios à 800 millions de dollars après avoir vu ce que l'IA Sora d'OpenAI était capable de faire. Joe Russo, le réalisateur de blockbusters Marvel, prédit que d'ici un an, l'IA pourra créer un long-métrage complet.
Face à ces bouleversements, il faudra de solides protections sociales pour s'assurer que les outils d'IA vidéo ne mènent pas à un effondrement de la demande en travail créatif, comme cela commence à être le cas avec d'autres technologies d'IA générative. L'avenir du 7ème art est en jeu.