Safran livre le premier drone Patroller de série à l’armée française
Dans le domaine très disputé des drones militaires, l'équipementier français Safran franchit une étape majeure. Après des années de développement semées d'embûches, le groupe vient de livrer en juin à l'armée de Terre le tout premier exemplaire de série de son drone tactique Patroller. Trois autres appareils suivront dans les prochains mois, à l'été et durant l'automne.
Un drone très attendu par l'armée française
Pour l'armée française, la mise en service du Patroller était devenue un véritable serpent de mer. Initialement commandé en 2016, ce drone de reconnaissance et de surveillance de théâtre d'opérations devait initialement entrer en service dès fin 2018. Mais le programme a accumulé les retards, repoussant sans cesse son arrivée dans les forces.
Ce délai interminable a mis sous pression le 61e régiment d'artillerie, basé à Chaumont en Haute-Marne, qui attend le Patroller de pied ferme pour renforcer ses capacités opérationnelles. Le drone viendra épauler les appareils intérimaires mis à disposition ces dernières années pour maintenir la capacité de l'unité.
Les déboires du programme Patroller
Si le développement du Patroller a tant traîné en longueur, c'est en raison d'un accident survenu fin 2019 sur la base aérienne d'Istres, dans les Bouches-du-Rhône. L'appareil s'était écrasé lors d'un vol d'essai, entraînant d'importants dégâts. Cet événement a stoppé net la campagne de tests en vol et imposé des modifications techniques, notamment sur l'avionique.
Safran a dû reprendre une large partie de la conception, puis faire re-certifier le drone, un long processus qui n'a abouti que début 2023. C'est donc avec plus de 5 ans de retard sur le calendrier initial que le Patroller entame enfin sa carrière opérationnelle au sein de l'armée française.
Un drone polyvalent aux capacités étendues
Malgré ces déboires, le Patroller dispose de solides atouts. Dérivé de l'avion léger Stemme S-15, ce drone de plus de 500 kg offre une grande polyvalence d'emploi. Safran le présente comme un "couteau suisse" capable d'assurer de multiples missions :
- Renseignement, surveillance, reconnaissance
- Appui au sol des troupes
- Réglage des tirs d'artillerie
- Surveillance des frontières
- Sécurisation d'événements majeurs
Opérant à moyenne altitude, le Patroller se distingue par son endurance de 15 heures et sa capacité à emporter une charge utile de 250 kg. Il peut embarquer un large éventail de capteurs : caméras électro-optiques, radars, détecteurs, systèmes d'écoute et de renseignement électronique...
Le Patroller offrira aux forces des capacités de premier plan en matière de surveillance, de collecte de renseignement et d'appui aux opérations
Martin Sion, Directeur général de Safran Electronics & Defense
Des perspectives à l'export
Bien qu'initialement développé pour l'armée française, qui prévoit d'acquérir jusqu'à 28 appareils, le Patroller suscite aussi l'intérêt à l'international. Safran a décroché en juin 2023 un premier contrat export avec la Grèce, portant sur 4 systèmes.
L'industriel mise sur les capacités étendues du drone et son bon rapport coût-efficacité pour séduire d'autres clients. Une version armée, capable d'emporter des missiles, est aussi à l'étude pour élargir le potentiel du Patroller sur le marché très concurrentiel des drones militaires.
Avec le lancement réussi des livraisons à l'armée française, une étape cruciale est franchie pour le programme. Safran espère que la montée en puissance du Patroller au sein des forces ces prochaines années ouvrira la voie à un bel avenir opérationnel et commercial pour son drone tactique.