Shell Anticipe une Hausse de 60% du GNL d’ici 2040
Avez-vous déjà imaginé un monde où le gaz naturel liquéfié (GNL) devient un pilier incontournable de notre avenir énergétique ? Selon les dernières projections, ce scénario pourrait bien se concrétiser d’ici 2040. Dans son rapport annuel publié en février 2025, Shell, géant mondial de l’énergie, annonce une augmentation spectaculaire de la demande de GNL, estimée à environ 60 % au cours des prochaines décennies. Cette tendance, portée par la croissance fulgurante de l’Asie, l’essor de l’intelligence artificielle et les ambitions de décarbonation, redessine les contours de l’industrie énergétique globale.
Une Demande Mondiale en Pleine Explosion
Le gaz naturel liquéfié n’est plus une simple alternative énergétique : il s’impose comme une solution clé dans un monde en quête de compromis entre développement économique et réduction des émissions. Shell table sur une demande oscillant entre 630 et 718 millions de tonnes métriques par an d’ici 2040, contre 407 millions en 2024. Ce bond, bien plus ambitieux que les prévisions précédentes, reflète une prise de conscience : le GNL est essentiel pour répondre aux besoins croissants en électricité, chauffage et transports.
L’Asie, Moteur de la Croissance
Si cette hausse impressionne, elle ne surprend pas totalement lorsqu’on se penche sur les dynamiques régionales. L’Asie, avec la Chine et l’Inde en tête, s’affirme comme le principal moteur de cette révolution gazière. En Chine, premier importateur mondial, la relance économique dope la consommation industrielle, malgré les incertitudes liées aux tensions commerciales avec les États-Unis. Pendant ce temps, l’Inde voit sa demande de gaz naturel grimper, avec des prévisions annonçant une augmentation de 60 % entre 2023 et 2030 selon l’Agence internationale de l’énergie.
« Le monde aura besoin de plus de gaz pour atteindre ses objectifs de développement et de décarbonation. »
– Tom Summers, vice-président de Shell
Cette citation met en lumière une réalité : le GNL n’est pas qu’un combustible de transition, mais un levier stratégique. Les deux pays investissent massivement dans leurs infrastructures, augmentant leurs capacités d’importation pour accompagner une urbanisation galopante et une industrialisation accélérée.
L’Intelligence Artificielle et l’Industrie Lourde en Jeu
Et si l’intelligence artificielle (IA) jouait un rôle inattendu dans cette équation ? Avec la multiplication des data centers et des technologies gourmandes en énergie, la demande en électricité explose. Le GNL, grâce à sa flexibilité et sa capacité à soutenir les réseaux électriques, devient un allié de choix. Parallèlement, les industries lourdes – acier, ciment, chimie – se tournent vers ce gaz pour réduire leur empreinte carbone tout en maintenant leur compétitivité.
Shell souligne que ces secteurs, souvent pointés du doigt pour leurs émissions, voient dans le GNL une opportunité de transition. En remplaçant le charbon ou le pétrole, ils pourraient diminuer significativement leur impact environnemental, un argument de poids dans un contexte de pression réglementaire croissante.
Une Offre à la Hauteur des Enjeux
Face à cette demande galopante, la question de l’approvisionnement devient cruciale. Shell anticipe l’entrée en service de 170 millions de tonnes de nouvelles capacités de GNL d’ici 2030. Les États-Unis, déjà leaders mondiaux, devraient consolider leur position avec une production atteignant potentiellement 180 millions de tonnes par an, soit un tiers de l’offre globale. Mais les délais restent incertains, les projets nécessitant des investissements colossaux et une coordination internationale complexe.
En 2024, la croissance du commerce mondial de GNL a marqué le pas, avec une hausse limitée à 2 millions de tonnes. Une stagnation attribuée aux retards dans le développement de nouvelles sources, mais qui pourrait n’être qu’une pause avant une accélération spectaculaire.
L’Europe dans la Danse
Si l’Asie domine les prévisions, l’Europe n’est pas en reste. Après une baisse des importations en 2024, liée à des stocks bien remplis et une météo clémente, la demande repart à la hausse dès 2025. Le froid hivernal a épuisé les réserves plus vite que prévu, et le Vieux Continent mise sur le GNL pour équilibrer ses énergies renouvelables, souvent tributaires des aléas climatiques.
À plus long terme, Shell imagine une reconversion audacieuse : les infrastructures gazières pourraient accueillir du bioGNL ou même de l’hydrogène vert. Une vision qui inscrit le GNL dans une stratégie durable, bien au-delà de son rôle actuel.
Les Défis d’une Transition Énergétique
Derrière ces chiffres impressionnants se cachent des défis majeurs. La montée en puissance du GNL doit s’accompagner d’une vigilance écologique. Si ce gaz émet moins de CO2 que le charbon, son extraction et son transport ne sont pas exempts d’impacts. Les fuites de méthane, puissant gaz à effet de serre, restent un point noir que l’industrie doit résoudre.
Autre enjeu : l’équilibre entre offre et demande. Une surproduction pourrait faire chuter les prix, décourageant les investissements, tandis qu’une pénurie risquerait de freiner les ambitions de décarbonation. Shell, en publiant ce rapport, appelle à une planification rigoureuse pour éviter ces écueils.
Un Avenir à Réinventer
Alors, que retenir de cette projection ? Le GNL s’impose comme une pièce maîtresse du puzzle énergétique mondial, mais son succès dépendra de notre capacité à innover. Voici quelques pistes évoquées par le rapport :
- Développer des technologies pour limiter les émissions de méthane.
- Accélérer la production de GNL renouvelable, comme le bioGNL.
- Renforcer les partenariats entre grands producteurs (États-Unis) et consommateurs (Asie, Europe).
Ces axes dessinent un futur où le GNL ne serait plus seulement un pont vers les énergies vertes, mais un acteur à part entière d’une économie bas carbone. Une ambition qui, selon Shell, pourrait transformer notre rapport à l’énergie d’ici 2040.
Et Si Tout Changeait ?
Imaginez un instant : des villes asiatiques alimentées par des réseaux gaziers ultramodernes, des usines décarbonées grâce au GNL, et des data centers soutenant l’IA sans compromettre le climat. Ce tableau, esquissé par Shell, n’est pas une utopie, mais un horizon plausible. Reste à savoir si l’industrie saura relever le défi et si les politiques suivront.
En attendant, une chose est sûre : le GNL n’a pas fini de faire parler de lui. Entre opportunités et controverses, il incarne les contradictions et les espoirs d’un monde en pleine mutation énergétique.