SNCF Révolutionne l’Énergie Solaire Ferroviaire

Et si les voies ferrées, souvent perçues comme de simples rubans d’acier, devenaient des acteurs majeurs de la transition énergétique ? La SNCF, géant du ferroviaire français, explore cette idée audacieuse avec un projet qui pourrait bien redéfinir l’utilisation des infrastructures inutilisées. En déployant des panneaux solaires sur des rails délaissés, l’entreprise teste une solution aussi innovante qu’écologique pour répondre aux besoins énergétiques des chantiers isolés. Cette initiative, baptisée Solveig, incarne une vision où chaque mètre de voie peut contribuer à un avenir plus vert.

Quand les Rails Deviennent Solaires

Le projet Solveig, porté par Arep, une filiale de SNCF Gares & Connexions, marque une avancée significative dans l’exploitation des espaces ferroviaires. L’idée est simple mais brillante : transformer les voies inutilisées en mini-centrales solaires temporaires. Contrairement aux installations photovoltaïques classiques, qui nécessitent des fondations et des travaux coûteux, ce système est conçu pour être mobile et rapide à déployer. En une seule journée, deux opérateurs peuvent installer 160 panneaux solaires sur 200 mètres de rails, sans aucun travaux préalable.

Ce concept répond à un double défi : valoriser les réserves foncières de la SNCF tout en réduisant l’empreinte carbone des opérations ferroviaires. Avec des milliers de kilomètres de voies non circulées, notamment autour des technicentres et des gares de triage, le potentiel est immense. L’expérimentation, lancée en janvier 2025 au technicentre d’Achères (Yvelines), teste un prototype équipé de huit panneaux fabriqués par Voltec Solar, une entreprise française spécialisée dans le photovoltaïque.

« Notre ambition est d’atteindre 20 % d’énergies renouvelables d’ici 2030 et d’installer 1000 MWc de capacités photovoltaïques sur nos terrains. »

– Alistair Lenczner, Directeur de l’innovation projets d’Arep

Un Système Flexible pour des Besoins Ponctuels

L’un des atouts majeurs de Solveig réside dans sa flexibilité. Transportable dans un conteneur, le système peut être déployé là où les besoins énergétiques sont temporaires, comme sur des chantiers isolés. Ces sites, souvent éloignés des réseaux électriques, dépendent traditionnellement de groupes électrogènes polluants. En remplaçant ces solutions par des panneaux solaires mobiles, la SNCF réduit non seulement ses émissions, mais aussi ses coûts opérationnels.

Le prototype testé à Achères illustre cette approche. Les huit panneaux, installés sur une portion de rails, produisent une énergie propre directement utilisable. Si les résultats sont concluants, le système pourrait être étendu à d’autres sites, avec des installations plus vastes. Cette modularité fait de Solveig une réponse adaptée aux contraintes des projets temporaires, tout en s’inscrivant dans une logique d’économie circulaire.

Une Innovation Ancrée dans une Vision Globale

Ce projet ne sort pas de nulle part. Il s’inscrit dans la stratégie ambitieuse de la SNCF pour atteindre 20 % d’énergies renouvelables d’ici la fin de la décennie. Avec un objectif de 1000 MWc de capacités photovoltaïques d’ici 2030, l’entreprise mise sur ses vastes réserves foncières pour devenir un acteur clé de la transition énergétique. Les voies ferrées, souvent perçues comme des actifs dormants, deviennent ainsi des leviers pour produire de l’énergie verte.

En parallèle, Arep explore d’autres applications pour cette technologie. Par exemple, les panneaux pourraient alimenter des gares en zones rurales ou des équipements temporaires lors d’événements. Cette polyvalence renforce l’attrait du système, qui pourrait inspirer d’autres opérateurs ferroviaires à travers le monde. Après tout, les réseaux ferrés inutilisés ne manquent pas, et leur potentiel énergétique reste largement inexploité.

Les Avantages d’une Solution Sans Fondations

L’absence de travaux préalables est un argument de poids pour Solveig. Contrairement aux fermes solaires classiques, qui nécessitent des études de sol, des fondations en béton et des autorisations complexes, ce système s’appuie sur l’infrastructure existante. Les rails servent de support naturel, ce qui réduit les coûts et l’impact environnemental. De plus, la possibilité de démonter et réinstaller les panneaux ailleurs garantit une utilisation optimale des ressources.

Voici les principaux atouts du système :

• Rapidité d’installation : 200 mètres de panneaux déployés en une journée.
• Mobilité : Transportable dans un conteneur, idéal pour les besoins temporaires.
• Écologie : Réduction des émissions grâce à l’énergie solaire.
• Économie : Moins coûteux que les groupes électrogènes traditionnels.

Les Défis à Relever

Si le projet est prometteur, il n’est pas exempt de défis. La phase de test, qui s’étend sur six mois, vise à évaluer la durabilité des panneaux face aux conditions extérieures, comme les vibrations des trains à proximité ou les intempéries. De plus, la production d’énergie dépend de l’ensoleillement, ce qui pourrait limiter l’efficacité dans certaines régions. Enfin, le coût initial du système, bien que compétitif, devra être optimisé pour un déploiement à grande échelle.

Ces obstacles ne semblent toutefois pas décourager Arep. L’équipe travaille déjà sur des améliorations, comme l’intégration de batteries pour stocker l’énergie produite ou l’ajout de capteurs pour optimiser l’angle des panneaux. Ces évolutions pourraient rendre Solveig encore plus performant et polyvalent.

Un Modèle pour l’Avenir du Ferroviaire

En repensant l’usage des voies ferrées, la SNCF pose les bases d’un modèle où les infrastructures ne se contentent plus de transporter des passagers ou des marchandises. Elles deviennent des plateformes multifonctionnelles, capables de produire de l’énergie, de réduire les coûts et de limiter l’impact environnemental. Ce projet illustre parfaitement l’idée que l’innovation peut naître de la réinvention des actifs existants.

À terme, Solveig pourrait inspirer d’autres secteurs. Les autoroutes, les canaux ou même les toitures industrielles pourraient adopter des solutions similaires, transformant des espaces inutilisés en sources d’énergie renouvelable. La SNCF, avec ce projet, ne se contente pas de suivre la vague verte : elle trace la voie pour un avenir où chaque infrastructure compte.

Pourquoi Cette Innovation Compte

Dans un monde où la transition écologique est une priorité, des initiatives comme Solveig montrent que des solutions concrètes sont à portée de main. En combinant ingéniosité, technologie et vision à long terme, la SNCF prouve que les grandes entreprises peuvent jouer un rôle central dans la lutte contre le changement climatique. Ce projet, bien que modeste à l’échelle mondiale, est un symbole d’espoir : il rappelle que chaque pas vers un avenir durable compte.

Pour résumer, voici ce que Solveig apporte au paysage énergétique :

• Une nouvelle façon de valoriser les infrastructures existantes.
• Une solution flexible pour les besoins énergétiques temporaires.
• Un pas vers l’objectif de 20 % d’énergies renouvelables de la SNCF.

Alors, les rails solaires deviendront-ils une norme dans les années à venir ? Si le test d’Achères tient ses promesses, la réponse pourrait bien être oui. En attendant, une chose est sûre : la SNCF ne se contente pas de faire rouler des trains. Elle construit, rail après rail, un avenir plus vert.