SNCF, Transdev, Keolis : La Révolution des Transports Français
Et si la manière dont nous nous déplaçons aujourd’hui définissait le visage de nos villes demain ? En 2024, les acteurs majeurs des transports publics français, comme la SNCF, Transdev ou encore Keolis, affichent des résultats impressionnants qui témoignent d’une dynamique sans précédent. Pourtant, dans l’ombre de ces succès, la RATP lutte pour retrouver son équilibre, plombée par une dette persistante. Plongeons dans cette année charnière où la mobilité hexagonale se réinvente, entre prouesses économiques et défis colossaux.
Une Croissance Spectaculaire dans les Transports Publics
Le secteur des transports publics en France vit une période faste, portée par une demande croissante et des investissements audacieux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : des hausses de chiffre d’affaires à deux chiffres, des contrats remportés à l’international et une fréquentation en nette progression. Mais derrière ces victoires, chaque opérateur dessine sa propre trajectoire, entre ambitions globales et réalités locales.
SNCF : Un Géant Toujours Plus Solide
La SNCF reste une locomotive incontestée du secteur. En 2024, elle enregistre un bénéfice net de 1,6 milliard d’euros, en hausse de **19 %**, et un chiffre d’affaires de 43,4 milliards d’euros, soit une croissance de **4,8 %**. Cette performance, la quatrième année consécutive dans le vert, repose sur la vitalité de sa branche SNCF Voyageurs, qui voit ses revenus grimper de **5,8 %**.
Les chiffres de fréquentation sont tout aussi éloquents : les TGV gagnent **15 %** de voyageurs depuis 2019, tandis que les TER explosent avec **30 %** d’usagers supplémentaires. Cette dynamique illustre un retour en force du train, porté par une conscience écologique grandissante et des offres tarifaires attractives.
« Le train redevient le choix de cœur des Français, alliant rapidité et respect de l’environnement. »
– Un porte-parole de la SNCF
Transdev : Une Année Historique
Pour Transdev, 2024 marque un tournant. Avec un chiffre d’affaires dépassant pour la première fois les **10 milliards d’euros** (+8 %), l’entreprise savoure une année qualifiée d’« exceptionnelle » par son PDG, Thierry Mallet. L’Ebitda bondit de **10 %** à 655 millions d’euros, et le résultat net double pour atteindre 43 millions d’euros.
Mieux encore, Transdev réduit son endettement net, qui passe de 1,266 à 1,228 milliard d’euros. Ce succès s’explique par une stratégie offensive sur les appels d’offres, avec des victoires emblématiques comme l’exploitation du tramway de Melbourne, arraché à Keolis, ou encore des contrats de bus à Dallas et au Québec.
En France, le groupe s’apprête à lancer en juin 2025 la ligne TER Marseille-Toulon-Nice, un projet ambitieux malgré les retards d’Alstom. Une solution pragmatique a été trouvée : huit rames livrées d’ici le démarrage, complétées par des locations temporaires.
Keolis : Expansion et Résilience
Keolis, filiale de la SNCF, n’est pas en reste. Son chiffre d’affaires atteint **7,7 milliards d’euros** (+9,6 %), dopé par une fréquentation en hausse et des succès sur les appels d’offres. L’Ebitda s’élève à 582 millions d’euros, et le résultat net courant progresse de 13 millions d’euros.
Cependant, un bémol subsiste : une perte nette de 42 millions d’euros, liée à une dépréciation d’actifs au Royaume-Uni. Malgré cela, Keolis renforce sa présence avec des acquisitions comme celle d’Anchersen au Danemark (130 bus, dont la moitié électriques) et des contrats majeurs, tels que la ligne 19 du Grand Paris Express.
À l’international, Keolis brille avec le métro de Londres (DLR) et le futur train à grande vitesse Alto au Canada, prévu pour 2025. Une résilience qui contraste avec la perte du tramway de Melbourne face à Transdev.
RATP : Une Croissance Fragile
La RATP, elle, présente un tableau plus contrasté. Son chiffre d’affaires grimpe de **10 %** à 7,1 milliards d’euros, boosté par les JO de Paris, le métro de Riyad et de nouveaux contrats. Pourtant, son endettement atteint **5,7 milliards d’euros** (+2 %), et son résultat net reste dans le rouge à -25 millions d’euros.
Les investissements massifs en Île-de-France (2,5 milliards d’euros) pèsent lourd, mais la vente des bus de Londres, déficitaires, et les extensions de lignes pourraient inverser la tendance en 2025. Les retards du Grand Paris Express restent toutefois un obstacle majeur.
Les Clés de cette Dynamique
Qu’est-ce qui explique cette effervescence ? Plusieurs facteurs se conjuguent :
- Une hausse de la fréquentation, reflet d’une prise de conscience écologique.
- Des investissements dans des infrastructures modernes et durables.
- Une compétition accrue sur les appels d’offres, stimulant l’innovation.
Cette croissance ne va pas sans défis. La RATP illustre les limites d’un modèle sous pression budgétaire, tandis que Transdev et Keolis misent sur une expansion internationale pour diversifier leurs revenus.
Vers une Mobilité Plus Verte ?
La **transition écologique** est au cœur de cette transformation. Les opérateurs investissent dans des flottes électriques, comme les bus d’Anchersen acquis par Keolis, et dans des projets ferroviaires à faible empreinte carbone. Transdev, par exemple, mise sur le train pour réduire les émissions sur des lignes comme Nancy-Contrexéville.
Cette ambition s’inscrit dans une vision plus large des *smart cities*, où la mobilité devient un levier de durabilité. Mais les retards, comme ceux d’Alstom pour le TER Marseille-Nice, rappellent que le chemin reste semé d’embûches.
Un Avenir en Suspens
Que nous réserve 2025 ? Pour la SNCF, la consolidation de sa position semble assurée. Transdev et Keolis, portés par leurs succès internationaux, pourraient redéfinir les standards de la mobilité urbaine. Quant à la RATP, son redressement dépendra de sa capacité à alléger sa dette tout en capitalisant sur les JO et le Grand Paris.
Une chose est sûre : les transports publics français ne se contentent plus de suivre les tendances. Ils les façonnent, entre défis financiers et innovations audacieuses, pour dessiner la mobilité de demain.