
SolarStratos : Record d’Altitude Solaire Historique
Imaginez un avion qui s'élève à plus de 9 000 mètres, porté non par le rugissement des moteurs à combustion, mais par la douce énergie du soleil. Le 12 août 2025, cet exploit est devenu réalité grâce à SolarStratos, une initiative suisse qui repousse les limites de l'aviation écologique. Ce vol historique, piloté par Raphaël Domjan, a atteint une altitude record de 9 521 mètres, surpassant un record vieux de 15 ans. Mais au-delà de la performance, que représente cette prouesse pour l'avenir de l'aviation ?
Un bond vers l'aviation décarbonée
Dans un monde où la transition énergétique est devenue une priorité, SolarStratos incarne une vision audacieuse : voler sans une goutte de carburant fossile. Ce projet, initié en 2014 par l'éco-explorateur Raphaël Domjan, ne se contente pas de viser des records. Il ambitionne de démontrer que l'énergie solaire peut propulser l'aviation vers des altitudes inimaginables, tout en réduisant son empreinte carbone. Le vol record du 12 août, réalisé au-dessus des Alpes suisses, marque une étape clé dans cette quête.
L'avion, baptisé HB-SXA, a décollé de l'aéroport de Sion pour un périple de 5 heures et 9 minutes. Grâce à ses panneaux solaires couvrant 22 m² et à l'utilisation astucieuse des courants thermiques, il a atteint une altitude de 9 521 mètres, dépassant le précédent record établi par Solar Impulse en 2010 (9 235 mètres). Ce moment, où l'avion solaire a croisé la trajectoire d'un avion de ligne commercial, symbolise un futur où l'aviation pourrait coexister avec des technologies propres.
« Là-haut, face au soleil qui alimente nos ailes, voler sans brûler une goutte de carburant est une sensation indescriptible... un moment hors du temps. »
– Raphaël Domjan, pilote et fondateur de SolarStratos
Une technologie au service de l'écologie
Le HB-SXA est une merveille d'ingénierie. Construit en fibre de carbone, il ne pèse que 450 kg, malgré une envergure impressionnante de 24,8 mètres. Ses ailes, recouvertes de panneaux solaires à haut rendement (22-24 %), alimentent un moteur électrique de 50 kW (avec un pic à 70 kW). Une batterie lithium-ion de 20 kWh offre une autonomie estimée à 24 heures, bien au-delà des besoins d'un vol record. Mais ce qui rend cet avion unique, c'est sa capacité à exploiter les thermiques, ces courants d'air chaud qui permettent de gagner de l'altitude sans vider les batteries.
Pour atteindre de telles hauteurs, l'avion doit respecter des règles strictes : les batteries doivent être chargées à 100 % par l'énergie solaire avant le décollage, et l'appareil doit atterrir avec au moins 16 % de charge restante, sans glisser sur une batterie vide. Ces contraintes techniques soulignent l'exploit réalisé par l'équipe de SolarStratos, qui a su optimiser chaque composant pour maximiser l'efficacité énergétique.
Les défis de l'altitude extrême
Voler à 9 521 mètres n'est pas une promenade de santé. À cette altitude, la pression atmosphérique est si faible que le cockpit, non pressurisé, oblige le pilote à porter une combinaison spatiale. Développée par le partenaire russe Zvezda, cette combinaison de 12 kg protège Raphaël Domjan du froid extrême (jusqu'à -70 °C) et fournit l'oxygène nécessaire pour respirer. Ce défi logistique illustre les contraintes auxquelles sont confrontés les pionniers de l'aviation solaire.
De plus, la légèreté de l'avion, bien qu'avantageuse pour l'efficacité énergétique, le rend vulnérable aux turbulences. Contrairement aux avions commerciaux, conçus pour affronter des conditions météorologiques variées, le HB-SXA est un planeur motorisé, optimisé pour les vols en conditions calmes. Cette fragilité limite son potentiel commercial, mais elle ne diminue en rien son rôle de démonstrateur technologique.
Un symbole pour l'avenir
Le vol de SolarStratos ne se résume pas à un record. Il incarne une vision où l'aviation pourrait devenir entièrement durable. En croisant un avion de ligne à 9 521 mètres, Raphaël Domjan a envoyé un message fort : les technologies propres peuvent rivaliser avec les standards actuels de l'aviation. Ce moment, largement relayé par des médias comme le Financial Times ou France24, a captivé l'imagination du public et des professionnels du secteur.
« Ce record est une étape majeure vers l'atteinte de la stratosphère avec l'énergie solaire, prouvant que nous pouvons voler aussi haut que les avions commerciaux, sans impact environnemental. »
– SolarStratos, communiqué officiel
Le projet ne s'arrête pas là. L'équipe ambitionne de dépasser les 10 000 mètres dans un avenir proche, avec un objectif ultime de 25 000 mètres, soit l'entrée dans la stratosphère. À cette altitude, SolarStratos pourrait collecter des données scientifiques précieuses sur l'atmosphère, contribuant ainsi à la recherche sur le climat et à la préservation de l'environnement.
Les limites d'une commercialisation
Malgré son succès, SolarStratos fait face à des obstacles majeurs pour une application à grande échelle. L'avion, conçu pour deux personnes, dont un pilote, n'est pas adapté au transport de masse. De plus, les conditions extrêmes à haute altitude – froid intense, manque d'oxygène – imposent des contraintes importantes pour les passagers. Enfin, le coût du projet, estimé à environ 10 millions d'euros, soulève des questions sur sa viabilité économique.
Certaines voix critiques estiment que les planeurs solaires, bien que fascinants, ont un usage limité. Leur dépendance aux conditions météorologiques et leur fragilité structurelle les rendent plus adaptés à des missions spécifiques, comme la collecte de données ou la surveillance, qu'au transport commercial. Pourtant, ces limites n'effacent pas l'impact symbolique et technologique de l'initiative.
Un héritage d'innovation
SolarStratos n'est pas une initiative isolée. Raphaël Domjan, déjà connu pour avoir réalisé le premier tour du monde en bateau solaire avec PlanetSolar en 2012, s'inscrit dans une lignée de pionniers de l'énergie renouvelable. Son projet s'appuie sur une équipe d'une quinzaine de personnes, incluant des ingénieurs aéronautiques, des pilotes d'essai comme Gérald Ducoin, et même un astronaute, Michael López-Alegría, en tant que directeur de vol.
Le projet a également bénéficié de partenariats avec des entreprises comme Longines, Bordier & Cie et Bitcoin Suisse AG, ainsi que de l'expertise technique d'Elektra Solar et Helix Propellers. Ces collaborations soulignent l'importance d'un écosystème d'innovation pour repousser les limites technologiques.
Vers la stratosphère et au-delà
L'objectif ultime de SolarStratos est de devenir le premier avion solaire habité à pénétrer la stratosphère, à environ 12 000 mètres en Suisse. Ce défi, qui nécessitera des améliorations techniques comme une hélice à pas variable et une capacité de batterie accrue, pourrait ouvrir la voie à de nouvelles applications, comme des drones solaires stratosphériques pour la surveillance ou la recherche scientifique.
Voici les prochaines étapes envisagées par l'équipe :
- Atteindre 10 000 mètres d'altitude dans les prochains mois.
- Pénétrer la stratosphère pour des missions scientifiques.
- Développer des technologies commercialisables, comme des drones solaires.
Ces ambitions, bien que futuristes, montrent que SolarStratos ne se contente pas de battre des records. Le projet vise à inspirer une nouvelle génération d'innovateurs et à promouvoir l'énergie solaire comme une solution viable pour l'aviation.
Un message pour l'avenir
En repoussant les limites de l'aviation solaire, SolarStratos envoie un message clair : l'innovation technologique peut répondre aux défis environnementaux. Ce vol record, encore en attente de validation par la Fédération Aéronautique Internationale (FAI), est bien plus qu'une performance technique. Il incarne l'espoir d'un avenir où les avions voleront sans polluer, où les technologies propres rivaliseront avec les standards actuels.
Pour les jeunes générations, ce projet est une source d'inspiration. Comme le souligne Raphaël Domjan, il s'agit de montrer que « demain, il sera toujours possible de voler sans brûler d'énergies fossiles ». À une époque où l'urgence climatique impose des choix radicaux, des initiatives comme SolarStratos rappellent que l'audace et l'innovation peuvent transformer nos rêves en réalité.
En conclusion, le vol de SolarStratos à 9 521 mètres est une étape historique dans l'aviation écologique. Bien que des défis techniques et économiques subsistent, cette prouesse ouvre la voie à une réflexion plus large sur le futur des transports aériens. Alors que l'équipe se prépare à viser encore plus haut, une question demeure : l'énergie solaire deviendra-t-elle la clé d'une aviation véritablement durable ? L'avenir nous le dira.