SoLo Funds : le géant du prêt entre particuliers accusé

Imaginez emprunter de l'argent à un ami, en toute simplicité, sans passer par une banque. C'est le principe séduisant du prêt entre particuliers, un marché en plein essor porté par des start-ups innovantes comme SoLo Funds. Mais derrière les promesses d'emprunts à taux zéro, la réalité est parfois bien différente... SoLo Funds se retrouve aujourd'hui visé par un recours collectif, accusé de tromper les consommateurs avec des frais cachés. Une affaire qui ébranle le secteur et soulève des questions sur les pratiques de ces nouvelles plateformes de prêt.

SoLo Funds : la success story du prêt entre particuliers

Fondée en 2018, la fintech américaine SoLo Funds a rapidement conquis le marché du prêt entre particuliers. Son concept novateur : mettre en relation des emprunteurs et des prêteurs via une app mobile, en promettant des emprunts rapides et sans intérêts. Une révolution pour les personnes exclues du système bancaire traditionnel.

Le succès fut au rendez-vous. SoLo Funds a séduit des investisseurs prestigieux comme Serena Williams et levé plus de 13 millions de dollars. La start-up revendique avoir facilité des prêts pour des centaines de milliers d'Américains, avec des taux de remboursement élevés.

Des "frais de don" qui posent question

Mais ce conte de fée entrepreneurial pourrait bien virer au cauchemar. Un recours collectif déposé contre SoLo Funds l'accuse de pratiques commerciales trompeuses. Au cœur des reproches : les fameux "frais de don" proposés aux emprunteurs.

Si les prêts sont officiellement sans intérêts, SoLo Funds encourage fortement les emprunteurs à verser un "pourboire" ou un "don" aux prêteurs. Des frais présentés comme optionnels, mais qui selon les plaignants, seraient en réalité quasiment obligatoires pour obtenir un prêt. La plateforme rendrait difficile de refuser ces frais, qui au final, renchérissent significativement le coût de l'emprunt.

Les consommateurs se retrouvent piégés, avec des emprunts bien plus chers que prévu. Ces frais cachés violent les lois sur la protection des consommateurs.

– Extrait de la plainte contre SoLo Funds

Une start-up déjà dans le viseur des régulateurs

Ce n'est pas la première fois que SoLo Funds est épinglé pour ses pratiques. Comme l'avait révélé TechCrunch, la start-up fait déjà l'objet de poursuites de la part des autorités de régulation dans plusieurs États américains :

• En mai, le Bureau de protection financière des consommateurs (CFPB) a porté plainte, évoquant des "dark patterns" trompeurs pour prélever des frais.
• Le Connecticut et la Californie ont également engagé des poursuites pour publicité mensongère et violation des lois sur les prêts.

Face à cette pression, SoLo Funds avait accepté un accord à l'amiable avec le Connecticut et la Californie. Mais l'affaire est toujours en cours avec le CFPB. Et ce nouveau recours collectif relance les accusations.

Le prêt entre particuliers en question

Au-delà du cas SoLo Funds, c'est tout le secteur du prêt entre particuliers qui se retrouve sous le feu des projecteurs. Ces plateformes, portées par l'essor des fintechs, ont bouleversé le paysage du crédit ces dernières années. Elles promettent de démocratiser l'accès aux prêts, notamment pour les populations fragiles.

Mais les dérives de SoLo Funds illustrent les risques de ce nouveau modèle :

• Manque de transparence sur les frais réels.
• Zone grise réglementaire qui peut conduire à des abus.
• Risques de surendettement et de crédit prédateur pour les emprunteurs vulnérables.

Certains appellent à un meilleur encadrement de ces plateformes pour protéger les consommateurs, sans pour autant brider l'innovation. Un défi pour les régulateurs, à l'heure où les géants de la tech comme Apple s'intéressent aussi au secteur du crédit entre particuliers.

Quelle issue pour SoLo Funds ?

Face au recours collectif, SoLo Funds a refusé de commenter. La start-up affirme respecter la loi et travailler avec les régulateurs. Mais cette nouvelle affaire fragilise sa réputation et pourrait freiner sa croissance fulgurante.

Au-delà des enjeux juridiques, c'est la confiance des utilisateurs qui est en jeu. Le succès des plateformes de prêts entre particuliers repose sur la transparence et l'équité. Des valeurs mises à mal par ces accusations de frais cachés chez l'un des leaders du secteur.

L'avenir dira si SoLo Funds saura se réinventer pour regagner la confiance des emprunteurs et des régulateurs. Une chose est sûre : dans le monde bouillonnant des fintechs, l'innovation ne peut se faire au détriment de la protection des consommateurs. Un défi pour toutes ces start-ups qui rêvent de révolutionner la finance.