Solvay renonce à la production de dérivés fluorés polluants
La chimie entre dans une nouvelle ère. Confronté à des performances financières en berne et à la pression grandissante sur les polluants éternels, le géant belge Solvay a décidé de tourner la page des dérivés fluorés sur son site historique de Salindres dans le Gard. Une décision lourde de conséquences, tant ces molécules controversées étaient jusqu'ici incontournables dans de nombreux secteurs. Mais face à l'urgence environnementale et sanitaire, l'industrie chimique n'a plus le choix : il est temps de se réinventer.
Solvay acte la fin d'une époque à Salindres
L'annonce est tombée comme un couperet : Solvay va cesser la production d'acide trifluoroacétique (TFA) et de dérivés fluorés dans son usine gardoise de Salindres. Le site, qui emploie une centaine de personnes, est spécialisé dans ces composés depuis des décennies. Ils entrent dans la composition de produits aussi variés que les semi-conducteurs, certains médicaments ou les pesticides. Mais voilà, les temps changent.
Le groupe évoque des « performances financières négatives continues » ces dernières années, en raison d'un marché devenu défavorable. Pas de perspectives d'amélioration à l'horizon, tranche la direction, qui va supprimer 68 postes. Un véritable séisme pour ce bassin d'emploi.
Des productions dans le viseur des autorités
Mais les difficultés économiques ne sont pas seules en cause. La nature même des productions de Salindres, classées parmi les tristement célèbres PFAS ou « polluants éternels », a sans doute pesé dans la balance. Plusieurs études et rapports ont récemment tiré la sonnette d'alarme sur la présence de ces composés autour du site industriel :
- Des niveaux « exceptionnellement élevés » dans les eaux de surface et l'eau potable selon l'ONG Générations futures
- Des concentrations dépassant les normes et recommandations sanitaires
- Des menaces de poursuites judiciaires pour atteinte à l'environnement
Bref, le site est devenu un symbole des polémiques entourant les PFAS, déjà dans le collimateur de la réglementation européenne et d'un plan d'action du gouvernement français. Leur élimination progressive semble inéluctable. Solvay a préféré prendre les devants.
L'industrie chimique face à ses responsabilités
Au-delà du cas de Salindres, c'est tout un pan de la chimie qui est appelé à se réinventer. Comme le résume un expert du secteur :
Nous avons utilisé ces molécules fluorées pendant des décennies car elles avaient des propriétés uniques. Mais nous ne pouvons plus ignorer leur impact sanitaire et environnemental. Il faut trouver des alternatives plus durables, développer une chimie verte, même si cela prend du temps et des investissements.
– Analyse d'un expert de la chimie
Oui, la transition sera complexe et douloureuse pour certains sites industriels. Mais c'est à ce prix que la chimie pourra retrouver la confiance du public et assurer son avenir. En bannissant progressivement les substances problématiques au profit de solutions innovantes plus sûres et éco-responsables.
L'annonce de Solvay marque peut-être un tournant. Espérons que le site de Salindres, malgré les difficultés, saura saisir cette opportunité pour se tourner vers des productions d'avenir, créatrices de valeur et respectueuses de l'environnement. Les salariés, les riverains et la planète n'attendent que ça.