Soprema optimise sa logistique en relançant une ligne ferroviaire
Et si le train était la clé pour décarboner la logistique industrielle ? C'est le pari qu'a fait Soprema, spécialiste français de l'isolation et de l'étanchéité. Pour réduire l'empreinte carbone de ses flux inter-sites, l'entreprise a misé sur un retour aux fondamentaux : le fret ferroviaire. Une démarche aussi ambitieuse qu'inspirante.
Un investissement logistique au service de la planète
Soprema ne part pas de zéro en matière ferroviaire. Son site historique de Strasbourg disposait d'un embranchement au réseau SNCF, mais tombé en désuétude. Plutôt que de l'abandonner, l'entreprise a choisi de lui redonner vie :
L'idée est venue à la machine à café en regardant les vieilles voies. Et comme la décarbonation est une priorité, on m'a dit "banco"!
Thierry Loth, responsable des projets supply chain Soprema
Moyennant un investissement de 150 000€, les équipes ont remis en état la voie ferrée et son raccordement, sur 1,5 km jusqu'au réseau principal. Depuis février, un train de 5 wagons relie chaque semaine Strasbourg au site Soprema de Val-de-Reuil, via la gare de Rouen. Une ligne dédiée au transport des produits d'étanchéité à base de bitume.
Du bitume en mode rail
Le choix du train n'est pas anodin. Sur cet axe, il doit permettre de supprimer 200 à 400 camions par an et de diviser par deux les émissions de CO2 du flux logistique. Un beau levier, même si le transport ne pèse que 4% de l'empreinte carbone totale d'une entreprise comme Soprema, dont les matières premières représentent le gros des émissions.
Cela n'empêche pas le groupe de se fixer des objectifs ambitieux : -25% sur ses émissions directes et indirectes (scopes 1, 2 et 3) d'ici 2030. Le fret ferroviaire y contribuera, aux côtés d'autres leviers comme l'efficacité énergétique des sites ou l'écoconception des produits.
Les défis du report modal
Mais la révolution logistique ne se fait pas sans heurts. Malgré un démarrage rapide, Thierry Loth est confronté aux aléas du rail :
Il faut beaucoup d'innocence pour lancer un tel projet. On manque de régularité, entre les soucis du réseau et ceux de production.
Un frein au développement du report modal, auquel s'ajoute le surcoût du ferroviaire, estimé à 50%. Pour y remédier, Soprema cherche du fret pour les retours et envisage de nouveaux flux depuis les ports européens vers ses futures usines.
Cap sur l'avenir bas carbone
Malgré les obstacles, la démarche prouve qu'une autre logistique est possible, plus durable et connectée. Avec l'urgence climatique, les industriels ont tout intérêt à s'inspirer de pionniers comme Soprema pour passer de l'asphalte ferroviaire aux rails de la décarbonation.
Une transition qui passe aussi par des changements d'habitudes, une meilleure coopération avec les acteurs du fret et des investissements ciblés. Le chemin est encore long, mais des exemples concrets comme celui-ci montrent qu'il est possible d'avancer, train par train, vers une industrie plus verte.