Stellantis Propose Prime à la Casse
Imaginez un monde où les constructeurs automobiles, autrefois pionniers de la révolution électrique, font marche arrière pour éviter un effondrement économique. C'est exactement ce qui se passe aujourd'hui avec Stellantis, le géant franco-italo-américain. Face à une demande timide pour les véhicules à batteries, le groupe remet en question son engagement ambitieux de 2030 et propose des solutions pragmatiques pour assouplir la trajectoire de décarbonation.
Stellantis Face à la Réalité du Marché Électrique
En 2022, Stellantis avait fièrement annoncé une transition totale vers les véhicules électriques d'ici 2030 en Europe. Trois ans plus tard, la réalité rattrape les ambitions. Jean-Philippe Imparato, patron européen du groupe, l'affirme sans détour lors du salon de Munich : cet objectif n'est plus tenable sans provoquer une chute drastique des ventes et des finances.
Le marché des camionnettes, pilier de rentabilité, reste accroché au diesel à 82 %. Les électriques peinent à dépasser 10 % des parts. Même avec un lissage des objectifs CO2 jusqu'en 2027, les constructeurs risquent de devoir réduire la production pour respecter les normes, menaçant emplois et usines.
Il est temps d’agir, vite. Tout le monde voit la crise arriver.
– Jean-Philippe Imparato, patron Europe de Stellantis
Cette crise n'est pas isolée. Volvo, Mercedes-Benz et d'autres ont déjà rétropédalé. La réglementation européenne exige une réduction de 50 % des émissions CO2 d'ici 2030 par rapport à 2021, et zéro en 2035. Mais la courbe d'adoption des batteries est plus lente que prévu, freinée par les prix, l'infrastructure et les préférences consommateurs.
Les Propositions Concrètes de Stellantis
Stellantis ne demande pas d'argent public, mais de la flexibilité intelligente. Voici les idées phares pour relancer la décarbonation sans tuer l'industrie :
- Instaurer des super-crédits CO2 pour les mini-citadines vendues sous 20 000 euros, un segment disparu depuis 2019.
- Créer une prime à la casse 2.0 qui comptabilise le CO2 économisé en remplaçant les vieux véhicules polluants.
- Éviter un durcissement du calcul des émissions pour les hybrides rechargeables (PHEV) en 2027.
Ces mesures visent à récompenser les efforts réels plutôt que punir aveuglément. Un véhicule neuf émet 76 g de CO2/km de moins qu'un modèle de 2010. Accélérer le renouvellement du parc, âgé de 12 ans en moyenne en Europe, serait un levier puissant.
Pour les utilitaires, la situation est critique. Atteindre 20 % d'électriques dans le mix semble impossible sans sabrer la production. Stellantis plaide pour une approche nuancée, tenant compte des réalités économiques et sociales.
Pourquoi les Citadines Ont Disparu et Comment les Relancer
Le segment A, celui des petites citadines abordables, a été décimé par les normes environnementales et sécuritaires. Produire une voiture sous 20 000 euros tout en respectant les critères CO2 devient un casse-tête financier. Résultat : les consommateurs se tournent vers des SUV plus chers ou gardent leurs vieux modèles.
Les super-crédits proposés par Stellantis récompenseraient les constructeurs qui osent relancer ces véhicules compacts. Imaginez une Fiat Panda ou une Citroën C1 électrique à prix cassé, boostée par des bonus CO2. Cela stimulerait la demande en ville, où les petites voitures excellent.
En parallèle, la prime à la casse modernisée inciterait à détruire les épaves polluantes. Chaque vieux diesel mis à la ferraille générerait des crédits, compensant les émissions des thermiques neufs. Un cercle vertueux pour rajeunir le parc sans forcer l'électrique partout.
Un véhicule vendu aujourd’hui, c’est 76 grammes de CO2 par kilomètres en moins qu’un véhicule vendu en 2010.
– Jean-Philippe Imparato
Les Hybrides Rechargeables : un Pont Nécessaire
Les PHEV représentent une transition douce, combinant essence et électricité. Mais un durcissement des règles en 2027 les pénaliserait. Stellantis ironise : "Restez aimable, ce n'est pas nécessaire". Ces véhicules permettent déjà des trajets quotidiens en zéro émission, tout en rassurant sur l'autonomie.
Sans flexibilité, les constructeurs pourraient abandonner les hybrides, forçant un tout-ou-rien électrique prématuré. Pourtant, les PHEV boostent les ventes de marques comme Peugeot ou Opel au sein de Stellantis.
Une étude récente montre que les utilisateurs de PHEV roulent en moyenne 40 % en mode électrique. Multiplié par des millions de véhicules, l'impact CO2 est significatif. Ignorer cela au nom d'un purisme batterie serait contre-productif.
L'Impact sur l'Industrie et les Emplois
Derrière les chiffres CO2 se cachent des usines et des milliers d'emplois. En France, sites comme Poissy ou Sochaux dépendent des utilitaires et citadines. Une chute de 30 % du marché, comme évoquée par Imparato, signifierait fermetures et licenciements.
Les équipementiers souffrent aussi. La transition forcée vers l'électrique exige des investissements massifs, mais sans ventes correspondantes, c'est la faillite. Une réunion à Bruxelles le 12 septembre rassemble constructeurs pour plaider cette cause commune.
- Risque social : usines menacées par réduction de production.
- Concurrence chinoise : BYD et autres inondent l'Europe d'électriques low-cost.
- Perte de compétitivité : amendes CO2 plombent les marges.
Stellantis, avec ses 14 usines en Europe, incarne cette vulnérabilité. Mais aussi l'opportunité : adapter les règles pour préserver l'innovation européenne.
Comparaison avec les Concurrents
Stellantis n'est pas seul. Renault mise sur l'hybride et les petites électriques comme la R5. Volkswagen ralentit ses investissements batterie. Même Tesla ajuste ses prévisions à la baisse en Europe.
Les Allemands premium (BMW, Audi) défendent les PHEV haut de gamme. Les Italiens de Stellantis poussent pour les citadines abordables. Une alliance se forme pour influencer Bruxelles avant 2030.
Tableau comparatif des stratégies :
Constructeur | Objectif initial 2030 | Position actuelle
Stellantis | 100% VE | Flexibilité demandée
Volkswagen | 70% VE | Investissements revus à la baisse
Renault | Mix hybride/VE | Focus petites voitures
Vers une Décarbonation Pragmatique
La décarbonation reste l'objectif final, mais le chemin doit être viable. Les propositions de Stellantis allient écologie et économie : récompenser les petites voitures propres, accélérer le scrappage, préserver les hybrides.
Cela pourrait inspirer d'autres secteurs. L'aviation explore les carburants durables, le maritime l'hydrogène. L'auto montre que la transition verte réussie passe par l'innovation réglementaire autant que technique.
En attendant, les consommateurs attendent des voitures abordables, fiables, peu polluantes. Pas des utopies inaccessibles. Stellantis le comprend et propose un plan B réaliste.
Les Défis à Venir pour l'Europe
Bruxelles doit trancher : rigidité idéologique ou pragmatisme industriel ? Une décision en 2025 pourrait redessiner la mobilité européenne. Avec la Chine qui domine les batteries et les USA qui protègent leur marché, l'Europe joue son avenir automobile.
Les super-crédits pour citadines relanceraient la production locale. La prime à la casse boosterait les ventes. Les PHEV maintiendraient les compétences en moteurs thermiques le temps de la transition.
Plus de 1000 mots plus tard, une chose est claire : la révolution électrique avance, mais à son rythme. Stellantis propose d'accompagner ce rythme plutôt que de le forcer. Une leçon de sagesse pour toute l'industrie verte.
Et vous, que pensez-vous de ces propositions ? La décarbonation doit-elle être accélérée coûte que coûte, ou adaptée à la réalité économique ? Le débat est lancé, et l'avenir de nos routes en dépend.