
STMicroelectronics : Transformation et Défis d’Ici 2027
Dans un monde où la technologie évolue à une vitesse fulgurante, les géants de l'industrie doivent s'adapter pour rester compétitifs. STMicroelectronics, acteur majeur des semi-conducteurs, a récemment dévoilé un ambitieux plan de transformation qui secoue ses équipes en France. Avec 1000 départs volontaires prévus et 2500 changements de postes d'ici 2027, l'entreprise franco-italienne redessine son avenir. Mais que signifie cette réorganisation pour ses salariés et pour l'industrie électronique ? Plongeons dans les coulisses de cette mutation.
Un Plan de Transformation Face à une Conjoncture Difficile
Face à une conjoncture économique tendue et des résultats financiers en berne, STMicroelectronics a décidé de repenser son modèle. L’annonce, faite lors d’un comité social et économique (CSE) en avril 2025, a révélé l’ampleur du défi : 2800 départs volontaires à l’échelle mondiale, dont 1000 en France, et une réorganisation touchant 2500 salariés hexagonaux. Ce plan, motivé par une chute de 89 % du bénéfice net au premier trimestre 2025, vise à repositionner l’entreprise pour anticiper une reprise espérée du secteur.
Pourquoi une telle réorganisation ? Les semi-conducteurs, au cœur des innovations technologiques, subissent des cycles économiques marqués. La baisse de la demande et la concurrence accrue poussent STMicroelectronics à rationaliser ses activités tout en investissant dans des segments porteurs. Mais cette transition ne se fait pas sans remous, notamment pour les équipes des sites français de Crolles et Tours.
Crolles : Une Usine en Pleine Mutation
Le site de Crolles, en Isère, est emblématique des ambitions de STMicroelectronics. Connu pour sa production de plaquettes de silicium en 200 mm, il doit désormais pivoter vers une nouvelle activité : le tri des plaquettes. Cette reconversion, bien que stratégique, soulève des interrogations. Combien de salariés seront nécessaires pour cette nouvelle mission ? Les syndicats, notamment la CGT, déplorent un manque de clarté.
« La direction refuse de préciser le nombre de postes nécessaires pour l’activité de tri à Crolles. Cela crée une incertitude pour les salariés. »
– Une déléguée syndicale CGT
Parallèlement, l’usine de Crolles 300, dédiée aux plaquettes de 300 mm, était censée être un moteur de croissance. Pourtant, les prévisions ont été revues à la baisse : l’objectif de 20 000 plaquettes par semaine est repoussé à 2030, avec seulement 14 000 prévues pour 2027. Ce recul s’explique en partie par l’incertitude autour de la participation de Global Foundries, partenaire américain qui semble se désengager.
Tours : Entre Perte et Renouveau
À Tours, en Indre-et-Loire, le site subit également une transformation radicale. L’activité liée aux puces en nitrure de gallium (sauf l’étape d’épitaxie) sera abandonnée, au profit d’une nouvelle spécialisation dans l’encapsulation des puces. Ce changement, s’il ouvre des perspectives, laisse planer des doutes sur le volume d’activité et les effectifs nécessaires.
Les syndicats s’inquiètent : quelle sera la taille de cette nouvelle activité ? Combien de salariés seront affectés ? Ces questions restent sans réponse, alimentant un climat d’incertitude. Pourtant, STMicroelectronics mise sur des programmes de formation pour accompagner les 2500 salariés concernés par ces changements de poste.
La Formation au Cœur de la Reconversion
Pour réussir cette transition, STMicroelectronics met l’accent sur la reconversion professionnelle. Des formations seront proposées pour permettre aux salariés d’acquérir de nouvelles compétences, adaptées aux besoins futurs de l’entreprise. Ce programme, qui touche environ 2500 personnes, vise à assurer une montée en compétences, notamment pour les nouvelles activités comme le tri ou l’encapsulation.
Ces efforts s’inscrivent dans une démarche de Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels (GEPP), conçue pour anticiper les évolutions du marché. Mais les syndicats restent prudents, soulignant que le succès de ces formations dépendra de leur qualité et de leur adéquation avec les réalités du terrain.
« Les formations sont une opportunité, mais elles doivent être concrètes et adaptées aux besoins réels des salariés. »
– Henri Errico, secrétaire CGT du comité de groupe européen
Les Défis d’une Reprise Éventuelle
Le plan de transformation s’étend sur trois ans, mais que se passera-t-il si la demande pour les semi-conducteurs rebondit plus tôt que prévu ? Certains équipements, comme ceux transférés de Crolles à Rousset, nécessitent des mois de requalification. Si le marché repart fin 2025, STMicroelectronics risque de se retrouver en difficulté pour répondre à la demande.
Henri Errico, de la CGT, met en garde : une reprise prématurée pourrait contraindre l’entreprise à revoir son plan, voire à l’interrompre. Cette incertitude reflète la complexité de naviguer dans un secteur aussi volatile que celui des semi-conducteurs.
Les Enjeux pour l’Industrie Électronique
La transformation de STMicroelectronics ne concerne pas seulement ses salariés. Elle illustre les défis auxquels fait face l’industrie électronique européenne. Entre relocalisation, transition technologique et pressions concurrentielles, les acteurs du secteur doivent innover tout en gérant des contraintes économiques.
Voici les principaux enjeux auxquels STMicroelectronics doit répondre :
- Adapter les sites industriels à des technologies émergentes.
- Accompagner les salariés dans la reconversion professionnelle.
- Anticiper les fluctuations du marché des semi-conducteurs.
- Maintenir la compétitivité face à la concurrence mondiale.
Cette liste met en lumière la complexité de la tâche. STMicroelectronics, avec ses 12 200 salariés en France, joue un rôle clé dans l’écosystème technologique européen. Sa capacité à relever ces défis aura des répercussions bien au-delà de ses usines.
Un Avenir à Construire Ensemble
La transformation de STMicroelectronics est à la croisée des chemins. D’un côté, elle offre une opportunité de moderniser ses activités et de se positionner sur des segments porteurs. De l’autre, elle suscite des inquiétudes parmi les salariés, confrontés à l’incertitude et à la nécessité de s’adapter.
Le dialogue social sera déterminant pour assurer une transition réussie. Les syndicats appellent à plus de transparence, tandis que la direction insiste sur la nécessité de laisser le temps au processus de se mettre en place. Une chose est sûre : l’avenir de l’industrie des semi-conducteurs en France dépendra de la capacité des acteurs à collaborer.
En conclusion, STMicroelectronics incarne les défis et les opportunités de l’industrie technologique face à un monde en mutation. Entre reconversions, formations et incertitudes économiques, l’entreprise trace sa voie. Reste à savoir si elle saura transformer ces défis en tremplin pour l’avenir.