
Sumika Révolutionne le Recyclage Automobile en Provence
Imaginez un instant : une vieille voiture hors d’usage, abandonnée dans une casse, qui reprend vie sous une forme inattendue. En Provence, cette vision devient réalité grâce à une initiative audacieuse portée par Sumika Polymer Compounds, une filiale du géant japonais Sumitomo Chemical. Avec un investissement de 15 millions d’euros, cette entreprise ne se contente pas de produire des granulés plastiques pour l’automobile ou l’électroménager : elle s’engage dans une révolution verte en lançant une unité de recyclage dédiée aux plastiques automobiles à Saint-Martin-de-Crau, dans les Bouches-du-Rhône. Une démarche qui pourrait bien redéfinir notre rapport aux déchets dans un secteur en quête de durabilité.
Une Ambition Verte au Cœur de la Provence
Le 6 mars 2025, un coup de pioche symbolique a marqué le début d’un projet d’envergure. Sur une parcelle attenante à son usine existante, Sumika a entamé la construction d’une infrastructure moderne qui promet de transformer jusqu’à **10 000 tonnes de déchets plastiques automobiles** par an en granulés de haute qualité. Prévue pour être pleinement opérationnelle d’ici 2026, cette unité illustre une conviction forte : le futur de l’industrie passe par l’économie circulaire.
Un Projet Soutenu par des Acteurs Clés
Ce n’est pas une aventure en solitaire. Sumika bénéficie du soutien de poids lourds institutionnels, à commencer par l’Ademe, qui injecte 6 millions d’euros via le programme France 2030. La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur ajoute 300 000 euros, tandis que l’agence RisingSud a joué un rôle clé dans la coordination. Pour Ludovic Seynave, président de Sumika Polymer Compounds Europe, ce choix de la Provence n’est pas anodin :
L’aide française a été décisive pour implanter ce projet ici, alors que nous avions d’autres options en Europe.
– Ludovic Seynave, président de Sumika Polymer Compounds Europe
Cette collaboration public-privé témoigne d’une volonté partagée de faire de la région un pôle d’innovation écologique, tout en répondant aux exigences croissantes de l’Union européenne en matière de recyclage.
Comment Fonctionne Cette Usine du Futur ?
Le processus est aussi fascinant que technique. Les pièces plastiques issues de véhicules en fin de vie – pensez aux boîtiers de réservoirs, aux supports de rétroviseurs ou aux habillages de radiateurs – passent par plusieurs étapes. Elles sont d’abord déchiquetées, puis lavées et broyées avec précision. Ensuite, un tri minutieux isole le **polypropylène**, qui est ensuite extrudé pour produire des granulés aux standards équivalents à ceux des matériaux vierges.
Ces granulés ne restent pas cantonnés à la Provence : ils alimenteront les lignes de production locales, mais aussi les sites de Sumika en Pologne et au Royaume-Uni. Une boucle vertueuse qui sécurise les approvisionnements tout en réduisant la dépendance aux matières premières fossiles.
Un Timing Parfait Face aux Enjeux Européens
Le timing de cette initiative ne pouvait être meilleur. Alors que l’Union européenne renforce ses réglementations sur le recyclage des plastiques automobiles, Sumika se positionne comme un pionnier prêt à répondre à une demande en pleine explosion. Bernard Vigne, coordinateur à l’Ademe, le souligne avec enthousiasme :
Cette boucle de recyclage et de réincorporation est une véritable innovation qui arrive pile au bon moment.
– Bernard Vigne, coordinateur scientifique et technique, Ademe
Avec une capacité annuelle de **25 000 à 30 000 tonnes** de composés produits sur le site provençal, cette nouvelle unité s’inscrit dans une stratégie globale de Sumika, qui vise à consolider sa place dans l’industrie automobile tout en s’adaptant aux impératifs écologiques.
Le Plastique, un Allié Méconnu de la Mobilité Durable
Le plastique est souvent décrié, mais Ludovic Seynave défend son rôle stratégique. Dans l’automobile, il permet d’alléger les véhicules, réduisant ainsi leur consommation de carburant ou augmentant l’autonomie des modèles électriques. Recycler ces matériaux, c’est donc non seulement limiter les déchets, mais aussi diminuer l’**empreinte carbone** globale.
Actuellement, Sumika recycle déjà entre **1 000 et 2 000 tonnes** de plastiques par an via des fournisseurs externes. Mais face à une raréfaction de ces ressources, l’entreprise prend les devants en structurant ses propres filières, notamment avec des partenariats naissants auprès de casses automobiles.
Une Infrastructure Pensée pour l’Avenir
Conçue par l’Atelier 4+ à Marseille, l’unité s’étendra sur **4 600 m²**. Elle comprendra un atelier de recyclage de 1 380 m², une zone d’extrusion de 747 m², un espace de stockage de 1 750 m² et des bureaux modernes. À pleine capacité, une trentaine de personnes y travailleront, renforçant l’impact économique local.
Ce n’est pas qu’une question de technique : c’est une vision. En intégrant des technologies de pointe, Sumika anticipe les besoins d’une industrie automobile en pleine mutation, où la durabilité devient un critère aussi essentiel que la performance.
Sumika : Une Envergure Mondiale, une Ancrage Local
Sumika Polymer Compounds Europe, c’est une force de frappe impressionnante : entre **95 000 et 100 000 tonnes** de composés produits chaque année, 300 collaborateurs répartis entre la France, le Royaume-Uni, la Pologne, la Turquie et l’Inde, et un chiffre d’affaires oscillant entre 150 et 200 millions d’euros. Pourtant, cette multinationale garde les pieds bien ancrés dans ses territoires.
En Provence, ce projet illustre une double ambition : renforcer la souveraineté industrielle locale tout en s’inscrivant dans une dynamique globale de **transition écologique**. Un équilibre subtil, mais essentiel pour une entreprise qui veut peser dans le monde de demain.
Les Défis d’une Filière en Construction
Construire une filière de recyclage ne se fait pas sans obstacles. Trouver des sources fiables de plastiques usagés reste un défi majeur. Sumika explore des partenariats avec des casses et d’autres acteurs pour sécuriser ses approvisionnements, mais cela demande du temps et une coordination sans faille.
Autre enjeu : convaincre les sceptiques. Si le plastique automobile a ses détracteurs, Sumika mise sur des données tangibles – réduction des émissions, allongement de l’autonomie – pour démontrer que sa démarche est une réponse concrète aux défis climatiques.
Pourquoi Cela Nous Concerne Tous
Ce projet dépasse les frontières de l’industrie. Il nous rappelle que chaque déchet peut devenir une ressource, que chaque voiture en fin de vie porte en elle une seconde chance. En Provence, Sumika ne construit pas seulement une usine : elle dessine un modèle replicable, une inspiration pour d’autres secteurs.
Et si la clé d’un avenir durable se cachait dans nos vieux pare-chocs ? Avec cette unité, Sumika nous invite à repenser notre manière de produire, de consommer et, surtout, de recycler. Une leçon qui pourrait bien changer la donne, bien au-delà des routes provençales.
Un Pas Vers un Monde Plus Circulaire
À l’heure où les ressources s’épuisent et où les impératifs écologiques s’imposent, l’initiative de Sumika résonne comme une promesse. Recycler **10 000 tonnes de plastiques par an**, c’est éviter des montagnes de déchets tout en alimentant une industrie essentielle. C’est aussi prouver que l’innovation peut rimer avec responsabilité.
En combinant technologie, vision stratégique et soutien public, Sumika trace une voie que d’autres pourraient suivre. Car au fond, ce n’est pas seulement une usine qui voit le jour : c’est une idée, celle d’un monde où rien ne se perd, où tout se transforme.