Syensqo: Licenciements Malgré Rebond Financier, Causes et Conséquences
Un vent de turbulences souffle sur l'industrie chimique française. Après une série de plans sociaux chez plusieurs grands acteurs du secteur, c'est au tour du belge Syensqo, fraîchement émancipé de Solvay, d'annoncer de potentielles suppressions de postes dans l'Hexagone. Malgré des signaux financiers positifs au troisième trimestre, le géant de la chimie envisage de sacrifier 122 emplois en France dans le cadre d'une vaste restructuration mondiale. Décryptage d'une situation préoccupante, révélatrice des défis auxquels doit faire face cette industrie en pleine mutation.
Le couperet tombe chez Syensqo France
C'est lors de la présentation des résultats trimestriels qu'Ilham Kadri, PDG de Syensqo, a laissé planer le spectre d'un plan social en France. Sur les 300 à 350 postes menacés dans le monde, principalement en Europe et aux États-Unis, 122 concerneraient l'Hexagone. Une annonce qui jette un froid parmi les 2000 salariés français du groupe, répartis sur six sites industriels.
Si les contours précis de ce projet de restructuration restent encore flous, la direction évoque la nécessité d'adapter le groupe aux besoins de ses clients et de concentrer ses forces sur les relais de croissance. Une justification qui peine à convaincre les syndicats, inquiets de l'impact social de ces coupes franches.
Des résultats mitigés, entre rebond et incertitudes
Pourtant, les voyants semblaient au vert pour Syensqo au troisième trimestre. Après un début d'année morose, le géant belge a vu ses principaux indicateurs financiers rebondir entre juillet et septembre. Un sursaut salutaire, mais qui ne suffit pas à effacer les stigmates d'un environnement économique incertain et d'une demande en berne sur certains marchés clés, comme l'automobile.
L'impact de la grève chez Boeing au quatrième trimestre reste à déterminer et pourrait assombrir les perspectives.
Christopher Davis, directeur financier de Syensqo
Car l'horizon s'obscurcit à nouveau pour Syensqo, notamment en raison de la longue grève chez Boeing, l'un de ses principaux clients dans l'aéronautique. Un conflit social qui a paralysé une partie de la production, avec des répercussions en cascade sur toute la supply chain. Si l'impact a été limité au troisième trimestre, il pourrait plomber les comptes en fin d'année, prévient la direction.
Création d'emplois en trompe-l'œil
En parallèle de ces sombres perspectives, Syensqo tente de rassurer en annonçant la création de plus de 700 postes dans le monde d'ici fin 2025. Mais il s'agit en réalité principalement d'embauches liées à la finalisation de la scission avec Solvay, notamment pour assurer l'autonomie des systèmes informatiques. Un jeu de vases communicants qui ne compensera pas les suppressions de postes envisagées.
L'industrie chimique française en danger
Au-delà du cas Syensqo, c'est toute l'industrie chimique tricolore qui tangue, prise en étau entre une concurrence internationale féroce, des normes environnementales de plus en plus strictes et une pression sur les coûts toujours plus forte. Un cocktail détonnant qui pousse les grands groupes à restructurer en profondeur leurs activités, souvent au prix de lourds sacrifices sociaux.
Face à cette sinistrose ambiante, les pouvoirs publics tentent de réagir en déployant des mesures de soutien à la filière. Mais beaucoup restent à faire pour enrayer le déclin et préserver la souveraineté industrielle de la France dans ce secteur stratégique. Car derrière les plans sociaux à répétition, c'est tout un pan de notre économie et de notre savoir-faire qui est en jeu.
À l'heure où la transition écologique s'impose comme un impératif, l'industrie chimique a pourtant un rôle crucial à jouer dans l'élaboration de solutions durables et innovantes. Encore faut-il lui donner les moyens de ses ambitions, sans sacrifier son capital humain sur l'autel de la compétitivité à court terme. Un défi de taille pour Syensqo et ses pairs, qui devront faire preuve d'imagination et d'audace pour réinventer leur modèle et renouer avec une croissance pérenne et vertueuse.