Synapse, le chaos des fintechs : Le sénat américain s’empare du dossier

Le monde des fintechs est en ébullition depuis la faillite retentissante de Synapse en mai dernier. Cette startup, qui opérait un service permettant à d'autres entreprises d'intégrer des fonctionnalités bancaires dans leurs offres, a été contrainte de liquider son activité, gelant au passage les fonds de milliers de clients. Face à ce chaos, un groupe de sénateurs américains monte au créneau et réclame des comptes aux différents acteurs impliqués dans ce dossier complexe.

Synapse, une success story partie en fumée

Fondée à San Francisco, Synapse avait levé plus de 50 millions de dollars auprès de prestigieux investisseurs comme Andreessen Horowitz. Son modèle « Banking-as-a-Service » (BaaS) séduisait de nombreuses fintechs comme Mercury ou Yotta. Mais début 2023, les premiers signes de faiblesse apparaissent avec des licenciements. En avril, c'est le dépôt de bilan, suivi d'une liquidation en mai suite à l'échec d'une vente de dernière minute. Depuis, les clients n'ont plus accès à leur argent.

Les sénateurs montent au créneau

Estimant que les différents acteurs impliqués ont une responsabilité dans ce fiasco, un groupe de sénateurs mené par Sherrod Brown a décidé d'écrire une lettre commune pour leur demander des comptes. Parmi les destinataires, on retrouve les dirigeants et investisseurs de Synapse, mais aussi ses partenaires bancaires et certaines fintechs clientes comme Mercury ou Juno.

Chacun d'entre vous est responsable des clients qui ont été privés d'accès à leurs comptes.

– Extrait de la lettre des sénateurs américains

Les élus pointent notamment du doigt un potentiel trou de 65 à 96 millions de dollars entre les fonds dus aux clients et ceux actuellement détenus par les banques partenaires de Synapse. Ils pressent l'ensemble des acteurs de travailler ensemble pour rétablir urgemment l'accès des clients à leur argent.

Le modèle BaaS montré du doigt

Au-delà du cas Synapse, les sénateurs s'inquiètent des faiblesses inhérentes au modèle « BaaS » et de son système tripartite banques-fintechs-clients. Ils estiment que cette faillite met en lumière les risques de ce business model en plein essor pour les consommateurs, insuffisamment protégés en cas de défaillance d'un acteur.

Une responsabilité partagée

Si Synapse est la principale responsable de cette situation, les sénateurs n'épargnent pas ses partenaires. Ils accusent les fintechs d'avoir vanté auprès du grand public des produits « sûrs et fiables » alors qu'ils comportaient des risques. Quant aux investisseurs, ils auraient financé la croissance de Synapse sans s'assurer de garanties suffisantes pour protéger les consommateurs.

• Les fintechs ont vanté des produits risqués comme sûrs auprès du public
• Les investisseurs n'ont pas exigé assez de garanties pour protéger les clients
• Les banques partenaires cherchaient de nouveaux relais de croissance

Enfin, les banques partenaires sont montrées du doigt pour s'être associées à Synapse dans le but de dégager de nouveaux revenus, sans s'assurer que la startup puisse honorer ses engagements.

Un dossier complexe et des clients en souffrance

Déterminer les différents niveaux de responsabilité dans cette faillite s'annonce compliqué au vu du nombre d'acteurs impliqués et de l'opacité qui entoure certains montages. Mais pour les sénateurs, l'urgence est ailleurs : il faut rétablir l'accès des clients à leurs fonds, gelés depuis maintenant plusieurs semaines, et qui mettent parfois en péril leur survie financière.

Le cas Synapse aura en tout cas valeur de test pour l'industrie des fintechs et du BaaS. Il pourrait déboucher sur un renforcement des règles pour mieux protéger les consommateurs, voire remettre en question certains modèles. Une chose est sûre, les régulateurs comptent profiter de ce dossier pour remettre un peu d'ordre dans ce « Far West » de la finance.