Tesla dans le viseur des autorités américaines : FSD en question

Alors que Tesla vient tout juste de dévoiler en grande pompe son projet de taxis autonomes baptisé Cybercab, le constructeur américain doit déjà faire face à une nouvelle tempête. La sécurité routière américaine, la NHTSA, a en effet annoncé vendredi dernier l'ouverture d'une enquête visant le système d'aide à la conduite de Tesla, connu sous le nom de FSD (Full Self-Driving). Une annonce qui tombe au plus mal pour la firme d'Elon Musk, en pleine offensive sur le marché prometteur mais encore embryonnaire des véhicules autonomes.

Le FSD de Tesla dans la tourmente

Autopilot hier, FSD aujourd'hui : les systèmes d'aide à la conduite de Tesla n'en finissent pas de faire parler d'eux, et rarement en bien. Lancé en 2021 pour prendre la suite de l'Autopilot, le FSD promet une conduite quasiment autonome, moyennant quelques précautions. En réalité, de nombreux accidents, dont certains mortels, sont venus ternir l'image de cette technologie sur laquelle Tesla fonde tous ses espoirs pour l'avenir.

C'est le cas notamment de l'accident survenu en mai dernier en Arizona, où une Tesla Model Y équipée du FSD a fauché un piéton, le tuant sur le coup. Mais c'est loin d'être un cas isolé. En moins d'un an, pas moins de quatre accidents graves impliquant le FSD ont été recensés. De quoi attirer l'attention des autorités américaines, qui entendent bien faire la lumière sur les défaillances de ce système vanté par Elon Musk.

Une technologie pas au point ?

Si le nom Full Self-Driving peut prêter à confusion, il ne s'agit en réalité que d'un système d'aide à la conduite de niveau 2 sur une échelle qui en compte 5. Autrement dit, le conducteur doit rester vigilant et garder les mains sur le volant en permanence. Mais ces précautions semblent bien insuffisantes au regard des défaillances constatées.

Selon la NHTSA, le FSD aurait notamment du mal à détecter son environnement et à réagir de manière appropriée en conditions dégradées (brouillard, soleil rasant, poussière...). Des accusations graves qui remettent en question la sécurité même du système. D'autant que Tesla semble faire l'impasse sur certaines technologies pourtant jugées indispensables par de nombreux experts, comme le Lidar.

De nombreux experts dénoncent le choix d'utiliser principalement des caméras, au détriment d'un lidar, un système de laser qui cartographie l'environnement.

Tesla dans le viseur de la justice

Au delà de l'enquête de la NHTSA, Tesla doit également faire face à de multiples poursuites judiciaires. Des familles de victimes ont en effet déposé plainte contre le constructeur, pointant du doigt sa responsabilité dans ces accidents mortels. Si Tesla affirme que la responsabilité incombe aux conducteurs, tenus de rester vigilants, le marketing agressif d'Elon Musk sur les capacités du FSD est mis en cause.

Le discours de Tesla et de son fantasque patron intéresse d'ailleurs de près le département américain de la Justice, la sécurité routière californienne mais aussi le gendarme boursier, la SEC. De quoi compliquer encore un peu plus l'avenir de Tesla sur le créneau tant convoité des véhicules autonomes.

Cybercab : un rêve encore lointain ?

A l'heure où les autorités américaines resserrent l'étau autour du FSD, le projet Cybercab de Tesla semble plus que jamais compromis. Si le constructeur promet des taxis 100% autonomes sur les routes dès 2026, il apparaît évident que la route est encore longue. Les déboires du FSD illustrent toute la difficulté de mettre au point un système de conduite autonome à la fois fiable et sécurisé.

Tesla devra convaincre les autorités mais surtout regagner la confiance du public. Un défi de taille quand on sait que la moindre défaillance peut avoir des conséquences dramatiques. Elon Musk en est conscient : il a prévu de déployer ses Cybercabs progressivement, en commençant par des tests poussés dans des environnements contrôlés. Reste à savoir si cela suffira à convaincre les plus sceptiques.

L'autonomie en question

Au-delà du cas Tesla, cette affaire pose la question de la maturité réelle des technologies de conduite autonome. Si des progrès indéniables ont été réalisés ces dernières années, force est de constater que le chemin est encore long avant de voir des véhicules réellement autonomes sillonner nos routes. Les enjeux techniques mais aussi réglementaires et éthiques sont colossaux.

Tous les acteurs du secteur en ont bien conscience, à commencer par Waymo (Google), considéré comme l'un des leaders du domaine. La filiale d'Alphabet multiplie les tests grandeur nature mais se refuse à donner une date pour un déploiement à grande échelle. Signe que la prudence est plus que jamais de mise face à ce défi technologique hors norme. Tesla en fait aujourd'hui l'amère expérience.