Thales, Champion Français de la Souveraineté Économique
Et si le véritable champion de la souveraineté économique française se nommait Thales ? C'est en tout cas ce que révèle la dernière étude du cabinet d'intelligence économique Vélite. Pour la quatrième année consécutive, les experts ont passé au crible les grands groupes du CAC 40 pour évaluer leur contribution à l'indépendance stratégique de l'Hexagone. Et en 2023, c'est le géant de l'aérospatial et de la défense qui décroche la première marche du podium, devant Safran et le Crédit Agricole.
La recette du succès made in France
Mais comment Thales a-t-il réussi à tirer son épingle du jeu ? Le rapport de Vélite met en avant plusieurs atouts majeurs :
- Une R&D offensive : avec d'importants investissements en recherche et de nombreux brevets déposés.
- Des acquisitions stratégiques à l'étranger : à l'image du rachat de l'américain Imperva en 2022 pour 3,6 milliards de dollars, propulsant Thales dans le top 5 mondial de la cybersécurité.
- Un actionnariat très français : l'État possède 26% du capital, lié par un pacte avec Dassault Aviation (25%). De quoi garantir l'ancrage national du fleuron tricolore.
Cette combinaison gagnante permet à Thales d'être considéré comme un « modèle d'indépendance » par Vélite. Seul bémol : la part grandissante des investisseurs américains dans son capital flottant, un point de vigilance pour l'avenir.
Des signaux d'alerte pour TotalEnergies et Alstom
À l'autre bout du spectre, certains poids lourds du CAC 40 inquiètent les experts quant à leur souveraineté. C'est le cas de TotalEnergies, qui étudie un renforcement de sa cotation à Wall Street face au désengagement des investisseurs européens. La baisse du nombre d'administrateurs français dans son conseil (passé de 71% en 2022 à 50% en 2024) constitue aussi un point d'alerte.
Autre sujet de préoccupation : Alstom. Malgré son éviction récente du CAC 40, l'équipementier ferroviaire est jugé dans une « situation particulièrement inquiétante ». En cause : la faible proportion de Français dans son top management (50%) et le risque de voir la Chine s'imposer sur le marché du train comme elle l'a fait pour le solaire ou la voiture électrique.
Vers une prise de conscience des enjeux de souveraineté ?
Au-delà du classement, l'étude de Vélite a le mérite de remettre sur le devant de la scène les enjeux de souveraineté économique. Un sujet plus que jamais d'actualité à l'heure des tensions géopolitiques, des relocalisations industrielles et de la course à l'innovation technologique.
Il est vital pour nos entreprises de garder un ancrage français fort, tout en rayonnant à l'international. C'est la clé pour peser dans la compétition économique mondiale.
Pierre-Marie de Berny, fondateur de Vélite
Un défi de taille pour le gouvernement comme pour les dirigeants du CAC 40. Car derrière les success stories à la Thales, d'autres mastodontes tricolores semblent vaciller. Il y a urgence à définir une véritable stratégie de souveraineté économique nationale, en s'appuyant sur nos champions mais aussi en veillant à consolider notre tissu de PME et d'ETI. Le temps presse pour ne pas voir s'effriter ce précieux héritage du « made in France ».