TikTok admet l’impact négatif de son app sur les ados
Quel impact les réseaux sociaux comme TikTok ont-ils réellement sur le bien-être mental des adolescents ? C'est la question brûlante qui se pose suite à de récentes révélations judiciaires. Selon des documents internes obtenus dans le cadre de poursuites contre l'application, TikTok était parfaitement conscient des effets délétères de sa plateforme sur la santé psychologique des plus jeunes. Un constat alarmant qui soulève de sérieux doutes quant à la responsabilité de ce géant du numérique.
Les troublantes révélations des « Facebook Files » version TikTok
C'est un peu le fantôme des « Facebook Files » qui resurgit. Fin 2024, 14 procureurs généraux américains ont lancé des poursuites contre TikTok pour atteinte à la santé mentale des enfants. Au cœur des pièces du dossier : des documents internes accablants laissant apparaître que les dirigeants étaient parfaitement au courant des dommages psychologiques infligés aux adolescents.
D'après ces éléments révélés par la plainte du Kentucky, les propres recherches de TikTok démontrent que « l'usage compulsif est corrélé à une myriade d'effets négatifs sur la santé mentale comme la perte de capacités analytiques, la dégradation de la mémoire, de la réflexion contextuelle, de la profondeur des conversations, de l'empathie, et une anxiété accrue. »
En d'autres termes, l'entreprise avait pleinement connaissance du caractère potentiellement addictif et néfaste de son application pour les plus vulnérables. Et ce n'est pas tout. Des échanges internes mettent en lumière l'inefficacité des outils de contrôle parental mis en avant par TikTok.
Un "contrôle parental" plus marketing qu'efficace
Selon les documents juridiques, la fonctionnalité permettant aux parents de limiter le temps d'écran sur TikTok n'a réduit l'usage que de... 1,5 minute par jour en moyenne ! Un chiffre dérisoire au regard du temps passé quotidiennement par beaucoup d'ados sur l'application.
Mais le plus troublant reste que TikTok ne jugeait pas l'efficacité de cet outil sur la réduction effective du temps d'utilisation. La réussite était mesurée sur "l'amélioration de la confiance du public envers la plateforme TikTok via la couverture médiatique". Une approche révélatrice d'une stratégie davantage guidée par l'image que par un souci réel du bien-être des utilisateurs.
Quelle responsabilité pour les réseaux sociaux ?
Cette affaire remet une nouvelle fois en question la responsabilité des géants de la tech quant aux effets de leurs produits sur la santé mentale. Malgré un discours volontariste, il semblerait que la quête de croissance et d'engagement prime encore trop souvent sur l'intérêt et la protection des publics les plus fragiles.
« Il est temps que l'industrie des réseaux sociaux soit tenue pour responsable des dommages qu'elle cause sciemment à notre jeunesse. »
Extrait de la plainte déposée contre TikTok
Avec plus d'un milliard d'utilisateurs dont une majorité de jeunes, TikTok a un devoir d'exemplarité dans la conception d'une expérience à la fois engageante et sûre. Un défi de taille au regard de son modèle économique basé sur la captation de l'attention. Mais à l'heure où les risques psycho-sociaux liés au numérique sont de plus en plus documentés, l'heure n'est plus aux demi-mesures.
Les révélations issues des poursuites contre TikTok doivent servir d'électrochoc. Il est urgent que les réseaux sociaux prennent enfin la pleine mesure de leur responsabilité quant au bien-être de leurs utilisateurs, en particulier les plus jeunes. Cela passe par :
- Une véritable prise en compte des enjeux de santé mentale dès la conception des produits
- Des garde-fous efficaces pour prévenir les usages problématiques
- Une transparence accrue sur les effets de ces plateformes
- Un dialogue renforcé avec les acteurs de la santé et de la protection de l'enfance
Il en va de la santé de toute une génération qui a grandi avec les réseaux sociaux. TikTok, comme ses pairs, ne peut plus se contenter de faire le minimum pour préserver les apparences. L'heure est à un véritable sursaut éthique pour bâtir un environnement numérique réellement bénéfique aux individus et à la société.