TikTok au cœur des divorces à l’ère du numérique
À l'heure où les réseaux sociaux occupent une place prépondérante dans nos vies, ils deviennent également un enjeu central lors des divorces. Les comptes TikTok, en particulier, soulèvent de nombreuses questions quant au partage des actifs numériques et à leur valeur financière potentielle.
Le casse-tête du partage des comptes TikTok
Lorsque Kat et Mike Stickler ont divorcé, leur plus grand défi a été de diviser un compte TikTok partagé comptant des millions d'abonnés et générant des revenus significatifs. Et ils ne sont pas les seuls dans cette situation, rapporte le Wall Street Journal. De plus en plus de couples - et d'avocats spécialisés dans le divorce - sont confrontés à la question de l'évaluation de la valeur des comptes de médias sociaux lors d'une séparation, ainsi qu'à la décision de qui garde quoi.
Dans le cas des Stickler, Kat a obtenu le contrôle du compte TikTok du couple et sa croissance d'audience lui a permis d'acheter un nouveau condo. Quant à son mari, il a hérité d'un compte YouTube en perte de vitesse. Il se serait depuis reconverti dans la vente.
Une réalité loin d'être anecdotique
Si cette situation peut prêter à sourire, le partage de ces actifs est loin d'être une blague. Les plates-formes de médias sociaux offrent en effet de réelles opportunités financières qu'il faut prendre en compte lors d'un divorce.
Mes réseaux sociaux sont mon CV.
– Vivian Tu, influenceuse spécialisée dans l'éducation financière
Vivian Tu, qui poste sur la littératie financière, prend manifestement le sujet très au sérieux. Avant de se marier en juin, elle a rédigé un contrat de mariage listant ses comptes de médias sociaux.
Des enjeux juridiques encore flous
La justice doit s'adapter à ces nouvelles problématiques. Évaluer le potentiel de croissance future d'un compte social n'est pas chose aisée, d'autant plus que les algorithmes et les tendances évoluent rapidement. Les accords préalables, comme celui établi par Vivian Tu, pourraient devenir la norme pour les influenceurs soucieux de protéger leurs actifs numériques.
Les avocats spécialisés dans le divorce doivent aujourd'hui ajouter une nouvelle corde à leur arc en se familiarisant avec l'écosystème des médias sociaux et leurs enjeux financiers. Une expertise qui sera de plus en plus sollicitée à mesure que les générations "numériques natives" avanceront en âge et seront confrontées à des séparations.
Vers une prise en compte systématique des actifs numériques ?
À l'avenir, il est probable que les comptes de réseaux sociaux soient systématiquement inclus dans les procédures de divorce, au même titre que les biens immobiliers ou les comptes bancaires. Cela impliquera de définir des méthodes d'évaluation standardisées et de clarifier le cadre juridique entourant ces actifs d'un nouveau genre.
Les plates-formes elles-mêmes pourraient être amenées à jouer un rôle, en fournissant par exemple des outils permettant de scinder un compte en deux entités distinctes en cas de séparation. Une possibilité qui soulève toutefois des questions en termes de répartition de l'audience et de l'engagement.
- Les réseaux sociaux, nouveaux enjeux des divorces
- Évaluer la valeur financière des comptes, un défi
- Vers une prise en compte systématique des actifs numériques
Une chose est sûre : à l'ère du numérique, le divorce prend une nouvelle dimension. Aux traditionnelles querelles sur la garde des enfants ou le partage des biens matériels s'ajoute désormais la question épineuse des actifs numériques. Un enjeu de taille pour les couples d'influenceurs, mais aussi, potentiellement, pour tout un chacun, à l'heure où notre présence en ligne devient partie intégrante de notre identité et de notre patrimoine.
Les réseaux sociaux, et TikTok en particulier, ne révolutionnent donc pas seulement notre façon de communiquer et de nous divertir. Ils bouleversent aussi des pans entiers de notre vie privée, jusque dans ses aspects les plus intimes et les plus sensibles. Un constat qui appelle à une réflexion de fond sur la place que nous souhaitons leur accorder, en tant qu'individus et en tant que société.