TomTom suspend ses objectifs 2025 face à la faible demande automobile
Dans un contexte automobile morose, TomTom traverse une zone de turbulences. Le spécialiste néerlandais de la cartographie numérique vient d'annoncer la suspension de ses objectifs financiers pour 2025, initialement très ambitieux. En cause : la chute de la demande de voitures neuves qui impacte directement ses revenus, notamment dans son activité clé de technologies de géolocalisation pour l'automobile.
Des prévisions plombées par un marché automobile en berne
Harold Goddijn, le CEO de TomTom, ne cache pas son inquiétude : « Une combinaison de révisions à la baisse des volumes de production automobile à court terme et de retards dans l'introduction de nouveaux modèles a entraîné un environnement de marché généralement moins prévisible ». Le groupe tablait sur un chiffre d'affaires de 600 millions d'euros pour son activité de géolocalisation d'ici 2025. Un objectif qui semble aujourd'hui inatteignable.
En Europe, les ventes de voitures neuves ont chuté de 3% en mai par rapport à l'année précédente. Cette tendance baissière impacte directement les revenus de TomTom, dont les technologies de cartographie et de navigation sont massivement utilisées par les constructeurs automobiles. Face à cette visibilité réduite, l'entreprise préfère suspendre ses prévisions plutôt que de les revoir à la baisse.
Des pertes plus lourdes que prévu au 2ème trimestre
Sur le 2ème trimestre 2024, TomTom a enregistré une perte avant intérêts et impôts (EBIT) de 5,2 millions d'euros, contre une perte de 3,6 millions un an plus tôt. Les analystes tablaient en moyenne sur une perte de 4 millions d'euros sur la période. Malgré un chiffre d'affaires en hausse de 2% à 132 millions d'euros, la rentabilité a donc été plus dégradée qu'anticipé.
Les difficultés du marché automobile mondial continuent de peser sur les résultats de TomTom, qui doit urgemment trouver de nouveaux relais de croissance.
Analyse de Jérôme Durand, expert du secteur automobile.
Le partenariat renforcé avec Microsoft comme lueur d'espoir
Dans ce contexte morose, TomTom peut néanmoins compter sur ses partenariats stratégiques pour préparer l'avenir. Le groupe a annoncé l'approfondissement de sa collaboration avec Microsoft dans les technologies de localisation. TomTom fournira notamment sa cartographie et ses services de navigation dans le cloud Azure de Microsoft.
Cette alliance avec le géant américain pourrait ouvrir de nouvelles perspectives à TomTom, au-delà du seul secteur automobile. Les applications de la géolocalisation sont en effet multiples, de la logistique à la smart city en passant par les objets connectés. Autant de marchés en forte croissance sur lesquels TomTom espère se positionner à l'avenir.
Miser sur l'innovation pour rebondir
Pour sortir de l'ornière, TomTom devra miser plus que jamais sur l'innovation, son principal facteur de différenciation face à une concurrence de plus en plus vive. Le groupe investit chaque année des centaines de millions d'euros en R&D pour faire évoluer ses technologies de cartographie et de navigation, intégrant intelligence artificielle, big data ou encore conduite autonome.
Des innovations de rupture seront nécessaires pour relancer la machine TomTom et conquérir de nouveaux marchés. Le groupe en a certainement les moyens, lui qui a révolutionné le marché des GPS il y a une quinzaine d'années avant de réussir sa mutation dans la cartographie numérique. Mais il devra faire vite pour ne pas se faire distancer par les GAFAM et autres géants de la tech, qui lorgnent aussi sur le secteur très stratégique de la géolocalisation.
Les prochains mois seront donc décisifs pour TomTom, qui jouera très gros sur sa capacité à sortir des sentiers battus et à se réinventer, malgré le coup de froid sur le marché automobile qui restera encore son terrain de jeu privilégié pour un moment. Si le chemin s'annonce semé d'embûches, le pionnier néerlandais de la cartographie numérique a certainement encore quelques belles pages de son atlas à écrire.
