Transition Automobile : Vers Une Mobilité Plus Verte et Connectée
Le secteur automobile traverse une période de profonds bouleversements. Entre défis écologiques, révolution numérique et nouvelles attentes des consommateurs, les constructeurs et équipementiers doivent se réinventer pour rester dans la course. Zoom sur les grandes tendances qui redessinent le paysage de la mobilité.
Le virage électrique s'accélère
Face à l'urgence climatique et aux réglementations de plus en plus strictes, l'électrification s'impose comme une priorité absolue pour les acteurs automobiles. Tous les grands constructeurs ont désormais lancé des gammes de véhicules électriques, des citadines aux SUV en passant par les sportives.
Mais pour démocratiser la voiture zéro émission, plusieurs défis restent à relever :
- Augmenter l'autonomie des batteries
- Développer les infrastructures de recharge
- Faire baisser les coûts pour atteindre la parité avec le thermique
Les innovations technologiques s'enchaînent, à l'image des batteries solides qui promettent des performances accrues. Et les pouvoirs publics mettent la main au porte-monnaie pour soutenir cette transition incontournable.
La route vers la conduite autonome
L'autre grand projet futuriste qui agite l'industrie automobile, c'est le véhicule autonome. Si certaines technologies de conduite assistée sont déjà une réalité, la voiture 100% autonome n'est pas pour tout de suite. Il faudra encore de nombreuses avancées en matière d'intelligence artificielle, de connectivité, de cartographie et de législation avant de voir des voitures sans chauffeur sillonner nos routes.
La voiture autonome est une révolution aussi importante que le passage du cheval à la voiture au début du 20e siècle.
Carlos Tavares, PDG de Stellantis
Les constructeurs multiplient les partenariats avec les géants de la tech pour mettre au point ces technologies d'avenir. L'objectif : proposer une expérience de mobilité inédite, plus sûre et plus confortable. Mais aussi développer de nouveaux services autour de la voiture-robot comme le transport à la demande ou la livraison autonome.
Véhicules et villes connectés
La voiture de demain sera également ultraconnectée, pour interagir avec son environnement. Le véhicule communiquant permettra d'optimiser les flux de circulation, d'anticiper les dangers et d'améliorer la sécurité des occupants et des autres usagers.
Les constructeurs planchent sur des systèmes d'info-divertissement toujours plus poussés, intégrant réalité augmentée et commandes vocales. Des assistants virtuels comparables à Alexa ou Siri prendront place à bord pour faciliter la vie des conducteurs.
En parallèle, les villes intelligentes se mettent en place pour fluidifier les déplacements. Applications de mobilité MaaS (Mobility as a Service), parking et péages intelligents, optimisation multimodale… Les initiatives se multiplient pour façonner une mobilité plus efficiente et durable.
Mobilité partagée et servicielle
Le rapport à l'automobile est en train de changer en profondeur. Pour les nouvelles générations, la voiture n'est plus forcément un objet de propriété et de statut social. Les jeunes urbains se tournent de plus en plus vers des modes de transport partagés et des solutions d'autopartage.
Les constructeurs l'ont bien compris et développent des offres d'abonnement automobile "tout compris". Le concept : un loyer mensuel couvrant la location du véhicule, l'assurance, l'entretien et même parfois le carburant, pour une flexibilité maximale. La voiture devient un service comme un autre.
Nous ne vendons plus seulement des voitures, mais une expérience de mobilité complète.
Clotilde Delbos, directrice générale de Mobilize (Renault)
Les constructeurs doivent se réinventer en profondeur pour devenir des acteurs de mobilité à 360°. En témoignent les nouvelles marques dédiées aux nouvelles mobilités comme Free2Move (Stellantis) ou Mobilize (Renault). L'objectif est de capter une part significative d'un marché des services de mobilité évalué à des centaines de milliards de dollars.
Le choc des restructurations
Les mutations de l'automobile ne sont pas sans conséquences sociales. La transition vers l'électrique, moins complexe en termes de conception et d'assemblage, se traduit par des réductions d'effectifs massives. Selon les syndicats, des dizaines de milliers d'emplois seraient menacés rien qu'en France.
Les équipementiers traditionnels sont les plus fragilisés face à cette révolution technologique. Nombre d'entre eux doivent se résoudre à des cessions ou des fermetures de sites faute de commandes. La transition vers l'électrique redistribue les cartes et fait émerger de nouveaux acteurs spécialisés dans les technologies de pointe comme les motorisations électriques ou la conduite autonome.
Un vent de concentration souffle aussi sur le secteur, avec une multiplication des partenariats et des fusions-acquisitions. Pour rester dans la course à l'innovation tout en réduisant les coûts, les constructeurs cherchent à unir leurs forces, comme en témoigne le rapprochement entre Fiat-Chrysler et PSA pour former le géant Stellantis.
La Chine en pole position
La Chine est incontestablement le centre de gravité de cette révolution automobile. Le pays est le premier marché mondial pour les véhicules électriques, avec une flotte qui devrait dépasser les 10 millions de véhicules cette année. Pékin mène une politique volontariste en faveur de l'électro-mobilité, entre subventions massives et développement accéléré du réseau de charge.
Les constructeurs chinois comme BYD ou Nio ont une longueur d'avance sur leurs homologues occidentaux en termes de technologies électriques. Ils ont aussi l'avantage de coûts de production imbattables. Résultat, les grands groupes internationaux n'ont d'autre choix que de transférer une partie de leur production dans l'Empire du Milieu.
Produire sur notre continent nous coûte quasiment deux fois plus cher qu'en Asie.
Florent Menegaux, PDG de Michelin
Le risque : une perte de substance de l'industrie automobile européenne, et une dépendance accrue à la Chine. D'autant plus préoccupant dans un contexte de tensions commerciales sino-américaines et de pénuries de composants électroniques. La souveraineté technologique et industrielle devient un enjeu majeur pour les États.
Se projeter dans la mobilité de demain
Comment imaginer les déplacements automobiles de demain ? Plusieurs scénarios sont sur la table. Certains futurologues anticipent des routes intelligentes équipées de capteurs, de panneaux à message variable et de revêtements innovants qui rechargeront nos véhicules électriques en roulant.
Pour d'autres, la mobilité du futur passera par les airs et le sous-sol. Des prototypes de voitures volantes sont déjà à l'essai, tandis que des tunnels sont creusés dans plusieurs villes pour y faire circuler des pods électriques. Uber a ainsi présenté son projet de skyport pour accueillir des flottes de taxis aériens.
Une chose semble actée : la polyvalence s'imposera. Nos moyens de transport devront être modulaires, capables de s'adapter à nos besoins : déplacements en solo ou en groupe, trajets urbains ou longue distance, transport de passagers ou de marchandises… Les véhicules autonomes permettront d'optimiser leur usage en fonctionnant 24h/24.
Plus qu'un simple outil pour aller d'un point A à un point B, l'automobile deviendra un véritable espace de vie et de services. On y travaillera, on s'y divertira, on y fera du sport ou du shopping… Les possibilités semblent infinies. Reste à résoudre les immenses défis technologiques, sociétaux et environnementaux qui se dressent sur la route des mobilités du futur.