
Trump Repousse l’Interdiction de TikTok : 75 Jours de Sursis
Et si une application pouvait faire trembler les relations entre deux superpuissances ? Depuis plusieurs mois, TikTok, le réseau social aux milliards d’utilisateurs, est au cœur d’un bras de fer économique et politique entre les États-Unis et la Chine. Ce 4 avril 2025, Donald Trump, fraîchement revenu au pouvoir, a surpris le monde en annonçant une extension de 75 jours du délai imposé à ByteDance, la maison-mère chinoise de TikTok, pour conclure un accord et éviter une interdiction totale sur le sol américain. Une décision qui soulève autant d’espoirs que de questions.
Un sursis inattendu pour TikTok
Alors que le couperet devait tomber dès le lendemain, Trump a pris la parole sur Truth Social pour annoncer la nouvelle. Cette extension, la deuxième depuis son retour à la Maison-Blanche, offre un répit à l’application qui avait déjà été brièvement retirée des stores d’Apple et Google avant d’être rétablie. Mais pourquoi ce revirement ? Derrière cette décision se cache une volonté affichée de "sauver TikTok" tout en sécurisant les intérêts américains.
Une course contre la montre pour un accord
Le président américain a justifié ce délai supplémentaire par des avancées significatives dans les négociations. "Nous avons fait d’énormes progrès", a-t-il écrit, évoquant un futur décret exécutif pour maintenir l’application opérationnelle. Mais le chemin reste semé d’embûches : ByteDance doit céder ses activités américaines, une exigence issue d’une loi signée sous l’administration Biden en 2024, et obtenir l’aval de Pékin, qui n’a jamais caché son opposition à une telle vente.
Plusieurs géants américains sont sur les rangs. Parmi eux, un consortium incluant Oracle, Blackstone et Andreessen Horowitz semble tenir la corde, selon des sources proches du dossier. Amazon, Walmart ou encore le milliardaire Frank McCourt avec son projet Liberty figurent aussi parmi les prétendants. Chaque proposition devra cependant passer le filtre des autorités chinoises, un obstacle de taille.
"Nous travaillons dur pour sauver TikTok, et ce délai supplémentaire est crucial pour finaliser un accord."
– Donald Trump, Truth Social, 4 avril 2025
TikTok au cœur des tensions sino-américaines
Ce sursis intervient dans un contexte explosif. Quelques jours plus tôt, Trump a imposé des **tarifs douaniers de 34 %** sur les importations chinoises, une mesure choc visant à rééquilibrer la balance commerciale. En réponse, Pékin a riposté avec des taxes similaires sur les produits américains. TikTok devient ainsi un levier dans cette guerre économique, Trump laissant entendre qu’une réduction des tarifs pourrait faciliter un accord.
Pour le président, les tarifs sont "l’outil économique le plus puissant" et un gage de **sécurité nationale**. Car au-delà des aspects commerciaux, c’est bien la crainte d’une mainmise chinoise sur les données des utilisateurs américains qui alimente le débat. TikTok, avec ses 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, est perçu comme une menace potentielle par Washington.
ByteDance : entre résistance et pragmatisme
Du côté de ByteDance, le silence est de mise. L’entreprise n’a jamais exprimé publiquement son intention de vendre TikTok ou de réduire sa participation, comme l’exige la législation américaine. Cette posture reflète la complexité de sa position : céder signifierait perdre un marché clé, mais résister pourrait condamner l’application à disparaître outre-Atlantique.
Les investisseurs, eux, y voient une opportunité. Un rachat par des acteurs américains pourrait transformer TikTok en une success-story made in USA, tout en apaisant les craintes sécuritaires. Mais le temps presse, et les 75 jours accordés pourraient ne pas suffire à dénouer cet imbroglio.
Les enjeux pour les start-ups et l’écosystème tech
TikTok n’est pas qu’une application : c’est un phénomène qui a redéfini les codes des réseaux sociaux et inspiré une myriade de start-ups. Son éventuelle disparition ou transformation aurait des répercussions majeures sur l’innovation technologique. Les créateurs de contenu, les entreprises de marketing digital et même les concurrents comme Instagram ou YouTube scrutent l’évolution de la situation.
Pour les start-ups américaines, un rachat par des géants comme Oracle ou Amazon pourrait aussi signaler une consolidation du secteur, limitant les opportunités pour les nouveaux entrants. À l’inverse, une solution indépendante, portée par des acteurs comme Project Liberty, pourrait dynamiser l’écosystème.
Que retenir de ce feuilleton ?
Ce nouveau chapitre dans la saga TikTok illustre la complexité des relations entre technologie, politique et commerce international. Voici les points clés à retenir :
- Un délai de 75 jours pour finaliser un accord, sous peine d’interdiction.
- Des négociations impliquant des poids lourds de la tech américaine.
- Une guerre tarifaire sino-américaine en toile de fond.
- La sécurité nationale comme argument central du débat.
Mais au-delà des chiffres et des déclarations, c’est l’avenir d’une plateforme qui a conquis le monde qui se joue. TikTok "éteint" ou TikTok sauvé ? Les prochaines semaines seront décisives.
Un pari risqué pour Trump
En prolongeant ce délai, Trump joue gros. Réussir à "sauver" TikTok tout en renforçant sa politique de fermeté face à la Chine pourrait asseoir son image de négociateur hors pair. Mais un échec risquerait de ternir son début de mandat, déjà marqué par des décisions controversées comme les tarifs douaniers.
Les observateurs s’interrogent : ce sursis est-il une véritable chance pour TikTok ou une simple manoeuvre politique ? Une chose est sûre, le monde a les yeux rivés sur Washington et Pékin.
Et après ? Les scénarios possibles
À l’issue de ces 75 jours, plusieurs issues sont envisageables. Un accord pourrait voir TikTok passer sous pavillon américain, avec une gestion locale des données pour rassurer Washington. À l’inverse, un veto chinois ou un refus de ByteDance pourrait signer la fin de l’aventure américaine de l’application.
Entre ces deux extrêmes, une solution hybride – partenariat ou licence temporaire – reste possible. Quelle que soit l’issue, ce feuilleton marquera un tournant dans la régulation des géants technologiques à l’échelle mondiale.