U of T crée la Chaire Hinton pour attirer un nouveau géant de l’IA
Et si le prochain grand bouleversement de l’intelligence artificielle naissait… à Toronto ? Alors que les États-Unis durcissent leurs politiques scientifiques, le Canada sort l’artillerie lourde pour attirer les meilleurs cerveaux mondiaux. L’Université de Toronto vient d’annoncer une nouvelle qui fait déjà trembler la Silicon Valley : la création de la Chaire Hinton en intelligence artificielle, financée à hauteur de 20 millions de dollars. Rien que ça.
Derrière ce nom, un hommage vibrant à celui que l’on appelle le « parrain de l’IA » : Geoffrey Hinton, professeur émérite de l’U of T, prix Nobel 2024… et ancien de Google. L’objectif est clair : recruter son successeur spirituel, une pointure capable de faire rayonner le Canada sur la scène mondiale de la recherche en IA.
Une chaire à 20 millions pour séduire les stars de l’IA
Le financement est impressionnant : 10 millions de dollars de Google (l’ex-employeur d’Hinton) et 10 millions supplémentaires de l’Université de Toronto. Cette dotation place la Chaire Hinton parmi les postes de recherche les plus généreusement financés au Canada.
Mais l’argent n’est pas tout. Le futur titulaire bénéficiera d’une liberté quasi totale : fonds dédiés à ses recherches fondamentales, budget pour recruter des doctorants d’exception, soutien à la création de startups, et mission officielle de tisser des partenariats internationaux. En clair, Toronto veut offrir ce que peu d’universités peuvent encore promettre aujourd’hui.
« Je suis reconnaissant d’avoir pu poursuivre mes recherches à l’Université de Toronto, qui m’a offert le temps et les ressources nécessaires pour développer les idées qui ont finalement conduit au succès des réseaux de neurones. Je suis encouragé de voir que la Chaire Hinton en intelligence artificielle soutiendra la prochaine génération de recherche en IA dans le même esprit. »
– Geoffrey Hinton, professeur émérite et lauréat du prix Nobel
Pourquoi maintenant ? Le contexte américain change tout
Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, les coupes budgétaires dans la recherche et les pressions sur les universités américaines se multiplient. Résultat ? De nombreux chercheurs de premier plan regardent ailleurs. Et le Canada, avec sa stabilité politique et ses financements généreux, devient une destination de choix.
L’Université de Toronto l’a bien compris. Ces derniers mois, elle a déjà attiré trois sommités américaines : les économistes Mark Duggan (ex-Stanford) et Jacquelyn Pless (ex-MIT), ainsi que l’astrophysicienne canadienne Sara Seager (également ex-MIT). La Chaire Hinton s’inscrit dans cette offensive charme tous azimuts.
Le futur titulaire : un profil rare et convoité
Le casting s’annonce historique. L’université recherche une personnalité capable de travailler sur des domaines aussi variés que la médecine, l’ingénierie, la découverte scientifique ou même les sciences humaines. Autrement dit : quelqu’un qui pense l’IA au-delà des seules performances techniques.
Parmi les noms qui circulent dans les couloirs de la faculté d’informatique :
- Yoshua Bengio (Montréal) est déjà solidement ancré au Québec, mais pourrait être consulté pour le comité de sélection
- Des étoiles montantes comme Daniela Rus (MIT), Anca Dragan (Berkeley) ou Pieter Abbeel (Berkeley) sont souvent citées
- Certaines rumeurs évoquent même le retour possible d’anciens collaborateurs d’Hinton partis aux États-Unis
Quoi qu’il en soit, le futur titulaire deviendra instantanément l’une des figures les plus influentes de l’IA mondiale.
Toronto, nouveau hub mondial de l’intelligence artificielle ?
Avec le Vector Institute, Mila à Montréal, Amii à Edmonton et maintenant cette chaire ultra-prestigieuse, le Canada joue clairement dans la cour des grands. Et la stratégie porte ses fruits : en quelques années, le pays est passé du statut de outsider sympathique à celui de sérieux prétendant au podium mondial.
Le timing est parfait. Les États-Unis, autrefois aimant irrésistible pour les talents, montrent des signes de faiblesse. Pendant ce temps, le Canada offre stabilité, financements publics généreux et un écosystème startup dynamique. Résultat : de plus en plus de chercheurs envisagent sérieusement le grand nord.
Et après ? Les enjeux dépassent la simple recherche
La création de cette chaire n’est pas qu’un coup de communication. Elle s’inscrit dans une vision plus large : faire du Canada un leader de l’IA responsable. Car Geoffrey Hinton, ces dernières années, s’est surtout fait connaître pour ses mises en garde répétées contre les dangers d’une IA non maîtrisée.
En nommant une chaire à son nom, l’Université de Toronto envoie un message fort : oui, nous voulons être à la pointe de l’innovation… mais une innovation qui bénéficie à l’humanité entière, et non une course effrénée au profit.
Le futur titulaire aura donc une double mission :
- Pousser les frontières techniques de l’intelligence artificielle
- Réfléchir aux implications éthiques, sociétales et même philosophiques de ces technologies
Un équilibre rare, que peu d’endroits au monde peuvent aujourd’hui offrir avec une telle ampleur.
En conclusion, la Chaire Hinton n’est pas qu’un poste de recherche. C’est un statement. Un pari audacieux sur l’avenir de l’intelligence artificielle… et sur la capacité du Canada à écrire les prochaines pages de cette révolution. Reste à savoir qui aura l’honneur – et l’immense responsabilité – de s’asseoir sur ce siège désormais légendaire.
Une chose est sûre : les prochains mois risquent d’être passionnants à suivre du côté de Toronto. Le monde de l’IA retient son souffle.