Un jardin partagé pour désenclaver l’ENTPE, une belle initiative étudiante
En arrivant à l'École Nationale des Travaux Publics de l'État (ENTPE) à Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise, l'étudiant ingénieur Clément Normand a été frappé par le contraste entre l'école et son environnement. Ce campus construit dans une logique de décentralisation apparaissait comme une enclave où se forment de futurs ingénieurs, mais avec peu d'interactions avec la ville et ses habitants. Une situation que le jeune homme de 20 ans a décidé de faire évoluer en lançant un beau projet : la création d'un jardin partagé entre les élèves de l'école et les riverains.
Le jardin Voasis, un trait d'union entre l'école et son territoire
Baptisé Voasis, ce jardin collaboratif a vu le jour en avril dernier, lorsque l'ENTPE a mis à disposition un terrain d'environ 600 m² sur son campus. Constitués en association loi 1901, Clément et son équipe ont réuni une trentaine d'adhérents mêlant étudiants, personnels de l'école et habitants du quartier. Ensemble, ils cultivent ce bout de terre pour y faire pousser quelques légumes, mais surtout pour créer du lien social et favoriser la mixité. L'objectif n'est pas de produire de quoi nourrir tout le monde, mais bien de partager un projet commun source de rencontres et d'échanges.
L'enjeu n'est pas de nourrir les gens, mais de prendre du plaisir dans cette activité, tout en créant des rencontres et un mélange social.
Clément Normand, co-fondateur de Voasis
Une communauté intergénérationnelle autour du jardinage
Voasis permet ainsi l'émergence d'une communauté réunissant différentes générations et milieux sociaux autour d'une passion commune : le jardinage. Étudiants, retraités, familles, enseignants... Tous mettent la main à la terre pour entretenir ce potager ouvert à tous. Un brassage que l'on retrouve également au sein de l'équipe dirigeante de l'association, Clément ayant au départ coprésidé avec un habitant du quartier.
Un financement participatif pour lancer le projet
Pour assurer le démarrage de ce jardin partagé, l'association a obtenu plusieurs soutiens financiers. Le Crous de Lyon a accordé une subvention de 3000€, complétée par une aide de 1000€ de l'école. Des moyens qui ont permis l'achat de matériel et de plants pour lancer les premières plantations.
Un projet ancré dans la durée malgré le turnover étudiant
Même s'il est parti en double cursus à Science Po Grenoble pour sa 2e année, Clément reste investi dans l'association et sa pérennisation. Il a transmis la coprésidence à un autre étudiant de l'ENTPE afin d'assurer la continuité. Car au-delà d'un projet ponctuel, Voasis a vocation à inscrire ce trait d'union entre l'école et son territoire dans la durée. Un bel exemple d'engagement citoyen impulsé par un jeune ingénieur en devenir, qui aura su transformer sa surprise de découvrir ce campus enclavé en une action concrète et fédératrice.
Un modèle inspirant à essaimer sur d'autres campus ?
Cette initiative ne pourrait-elle pas essaimer sur d'autres campus français confrontés au même type de problématique ? De plus en plus d'étudiants aspirent à s'engager concrètement pour créer davantage de liens avec le monde qui les entoure. Les jardins partagés apparaissent comme un formidable vecteur pour y parvenir, tout en sensibilisant aux enjeux écologiques et nourriciers. Voasis ouvre en tout cas la voie et montre qu'il est possible, avec de la volonté et un peu de soutien, de faire bouger les lignes pour rendre nos universités plus ouvertes sur la cité.