Un micro caché à San Francisco repère les “bons sons”
Dans le bouillonnant quartier de Mission à San Francisco, la musique est partout. Mais saviez-vous qu'un microphone caché sur un poteau électrique y est constamment à l'affût des meilleurs morceaux ? Baptisé le "Bop Spotter", ce curieux dispositif repère les "bons sons" joués dans la rue, identifie les titres grâce à l'application Shazam et les partage en continu sur un site web. Une manière originale de capter l'ambiance musicale unique de Mission, où que vous soyez !
Un projet ingénieux né d'une passion pour la musique de rue
À l'origine de cette installation peu banale, on trouve Riley Walz, un habitant du quartier. Passionné par l'incroyable richesse des musiques qui rythment les rues de Mission, il a eu l'idée de ce projet lors d'un weekend bricolage. Avec un budget d'à peine 100$, il a assemblé une boîte contenant un vieux smartphone Android et un panneau solaire, qu'il a discrètement fixée en hauteur sur un poteau.
Depuis, son système fonctionne en totale autonomie. Le smartphone, qui exécute l'application de reconnaissance musicale Shazam, est constamment à l'écoute. Dès qu'il détecte une chanson, il l'identifie et envoie le titre sur un site web dédié. N'importe qui peut alors découvrir en temps réel ce qui se joue dans les rues de Mission !
Du Taylor Swift au zouk, une playlist éclectique
En ce mardi matin, le "Bop Spotter" a déjà repéré une belle variété de styles musicaux. Au programme : "Wildest Dreams" de Taylor Swift, "Act Right" du rappeur Yo Gotti ou encore "Cuando Volveras" du groupe de bachata dominicain Aventura. Un mélange éclectique qui reflète bien la diversité culturelle du quartier.
Interrogé par 404 Media, Riley Walz révèle que son morceau préféré capté jusqu'ici est "Just the Two of Us" de Bill Withers et Grover Washington. Quelqu'un l'a joué dimanche à 3 heures du matin, un moment magique !
Un projet qui interroge sur la vie privée dans l'espace public
Si le "Bop Spotter" se veut avant tout un hommage ludique et poétique à la vie musicale du quartier, il soulève aussi des questions intéressantes sur la notion de vie privée dans l'espace public. Enregistrer et diffuser les musiques jouées dans la rue, est-ce éthiquement acceptable ?
Pour Riley Walz, qui dit avoir installé son micro dans une zone très fréquentée où l'on ne peut de toute façon pas avoir d'attente de confidentialité, cela ne pose pas de problème majeur. Il estime contribuer à documenter et mettre en valeur l'identité si particulière de Mission. Un point de vue qui ne fait cependant pas l'unanimité.
L'espace public n'est pas une zone de non-droit en matière de vie privée. Même dans la rue, les gens doivent pouvoir avoir un certain contrôle sur les informations qui sont captées et partagées à leur sujet.
David Greene, avocat spécialiste des libertés numériques
Au-delà du débat juridique, ce type de dispositifs amène à réfléchir plus largement à l'équilibre entre les apports potentiellement positifs (ici une forme de mise en valeur de la culture locale) et les risques en termes de surveillance et de vie privée. Dans un monde de plus en plus connecté, de telles questions sont appelées à se multiplier.
Quelques garanties éthiques malgré tout
Conscient des problématiques soulevées, Riley Walz tient à préciser quelques points importants. D'abord, le "Bop Spotter" se contente d'identifier les titres des morceaux, sans enregistrer ni diffuser le son. Ensuite, aucune image n'est captée, il est donc impossible d'identifier les personnes. Enfin, le site ne stocke pas d'historique : seules les toutes dernières chansons détectées sont affichées.
Des précautions qui ne règlent certes pas toutes les questions, mais qui montrent une volonté de trouver un équilibre acceptable. Car pour Riley Walz, l'essentiel est ailleurs : célébrer la richesse musicale d'un quartier unique, en partageant avec le plus grand nombre ces petits moments de poésie urbaine qui ne durent que le temps d'une chanson.