Une Force Militaire Européenne en Ukraine Après la Guerre ?
Alors que la guerre fait rage en Ukraine, les pays européens commencent déjà à se pencher sur l'après-conflit. La question épineuse du déploiement d'une force militaire européenne pour garantir la sécurité de Kyiv est sur toutes les lèvres. Mais les défis d'une telle mission sont nombreux, révélant des divergences entre alliés. D'autant que le futur président américain Donald Trump a clairement fait savoir qu'il n'enverrait pas de soldats.
L'Europe face à ses responsabilités
Le refus américain place les Européens devant leurs responsabilités. Sous l'impulsion du président français Emmanuel Macron, les discussions ont débuté pour envisager l'envoi de dizaines de milliers de soldats si un cessez-le-feu intervenait. Une telle force de dissuasion augmenterait le risque de confrontation directe avec la Russie. Elle mettrait aussi à rude épreuve des armées européennes habituées à compter sur la puissance militaire des États-Unis.
Un manque de discrétion problématique
Mais Emmanuel Macron est critiqué pour avoir abordé le sujet publiquement, étant donné la sensibilité politique d'une telle mission. Certains, comme le Premier ministre polonais, ont déjà fait savoir qu'ils n'y participeraient pas. D'autres, à l'instar du secrétaire général de l'OTAN, appellent à plus de discrétion pour ne pas donner l'impression à Poutine que l'heure des négociations a sonné.
Si vous discutez de tout cela ouvertement dès à présent, pourquoi Poutine viendrait-il à la table de négociations alors qu'il a le sentiment d'obtenir ce qu'il veut.
Mark Rutte, secrétaire général de l'OTAN
Maintien de la paix ou dissuasion ?
Le débat révèle aussi une certaine confusion sur le rôle exact d'une telle mission. S'agirait-il d'une force traditionnelle de maintien de la paix, surveillant une ligne de cessez-le-feu ? Ou plutôt d'un outil de dissuasion solide contre toute nouvelle attaque russe ? Des différences de vue existent entre pays européens sur ce point crucial.
Des effectifs conséquents nécessaires
Quelle que soit l'option retenue, les experts estiment qu'une force de 40 000 à 100 000 soldats pourrait être nécessaire, en tenant compte des rotations. Un tel effectif serait un véritable défi pour les armées européennes, même en réduisant leur présence sur d'autres théâtres. Il faudrait aussi convaincre les États-Unis de fournir un soutien en matière de renseignement et d'appui opérationnel.
Des questions cruciales en suspens
Au-delà des effectifs, de nombreux points restent à éclaircir avant tout déploiement :
- Composition précise et pays contributeurs
- Mandat et chaîne de commandement
- Positionnement par rapport à l'OTAN et l'ONU
- Règles d'engagement en cas d'attaque
Autant de sujets complexes qui devront faire l'objet d'intenses tractations diplomatiques et militaires dans les mois à venir. La route vers une éventuelle force européenne en Ukraine est encore longue et semée d'embûches. Mais l'ampleur des défis ne doit pas masquer la nécessité d'anticiper l'après-guerre. C'est tout l'enjeu des discussions initiées, discrètement, par les Européens.