Une identité numérique européenne pour tous d’ici 2026
Le 28 novembre dernier, la Commission européenne a adopté des règles relatives aux fonctionnalités essentielles et à la certification des portefeuilles d'identité numérique européens (eID). Cette étape marque un tournant décisif dans la construction d'une identité numérique souveraine pour les citoyens européens, promettant de simplifier radicalement les processus d'authentification en ligne tout en réduisant notre dépendance vis-à-vis des géants de la tech.
L'identité numérique européenne : une réalité dès 2026
D'ici deux ans, tous les citoyens de l'Union européenne pourront utiliser leur smartphone pour prouver leur identité et s'authentifier auprès de divers services publics et privés dans tous les États membres. Mais plutôt que de passer par les solutions des GAFAM comme Google Wallet ou Apple Pay, les utilisateurs de l'eID européenne se serviront d'applications interopérables développées au niveau national, sur le modèle de France Identité par exemple.
Les données sont stockées localement sur le portefeuille, les utilisateurs ayant le contrôle sur les informations qu'ils partagent, sans aucun suivi ou profilage dans la conception des portefeuilles.
La Commission européenne
Avant de développer les portefeuilles, les 27 devront néanmoins adopter un certain nombre de normes communes :
- Les formats de données requis pour l'utilisation transfrontalière de documents numériques
- Des mesures visant à garantir la fiabilité et la sécurité des données
Une technologie au service de la souveraineté européenne
Au-delà de la praticité pour les utilisateurs, l'identité numérique européenne s'inscrit dans une volonté plus large de l'UE de s'émanciper de la mainmise des géants américains et chinois sur nos données personnelles. En reprenant le contrôle sur l'authentification numérique de ses citoyens, l'Europe pose un jalon essentiel vers une plus grande souveraineté technologique.
L'approche décentralisée et interopérable retenue, avec des solutions développées au niveau de chaque État membre, témoigne également d'une volonté de ne pas reproduire les travers des identités numériques centralisées et opaques que l'on connaît ailleurs. La transparence et le contrôle des utilisateurs sur leurs données sont au cœur du projet européen.
Un défi technologique et politique
Mettre en place une identité numérique à l'échelle d'un continent de 450 millions d'habitants est loin d'être une mince affaire. Au-delà des défis techniques d'interopérabilité et de sécurité, il faudra aussi convaincre les citoyens d'adopter massivement ces nouveaux portefeuilles numériques.
Plusieurs questions restent en suspens :
- Comment s'assurer que les populations les plus éloignées du numérique ne soient pas laissées de côté ?
- Quelles seront les applications concrètes de l'eID au-delà de la simplification administrative ?
- Comment éviter les dérives sécuritaires d'un tel système d'identification généralisé ?
Autant de points de vigilance sur lesquels la société civile et le monde de la recherche devront se pencher dans les mois et années à venir. Car si l'Europe semble déterminée à aller de l'avant, la réussite de l'identité numérique européenne ne pourra se faire sans un vaste débat démocratique sur ses enjeux et ses contours.
2026, début d'une nouvelle ère ?
Quoi qu'il en soit, le compte à rebours est lancé. Avec l'objectif affiché de déployer les portefeuilles d'identité numérique dans tous les États membres d'ici fin 2026, l'Europe s'apprête à franchir un cap décisif dans sa transition numérique.
Si elle tient ses promesses, cette innovation pourrait bien signer le début d'une nouvelle ère, celle d'un Internet européen plus transparent, éthique et centré sur les citoyens. Un modèle susceptible d'inspirer bien au-delà de nos frontières, à l'heure où la question de l'identité numérique s'impose comme un enjeu géopolitique majeur du 21e siècle.