Une Navette Électrique Interusines Révolutionne la Logistique
Imaginez un futur où les poids lourds sillonnent les routes sans émettre la moindre pollution. Ce futur est déjà en marche chez Renault Trucks ! Le constructeur vient de lancer une navette 100% électrique pour relier ses usines de Vénissieux (Rhône) et Bourg-en-Bresse (Ain), distantes d'une centaine de kilomètres. Une première en France pour des livraisons interusines de cette envergure.
Un partenariat novateur avec des transporteurs locaux
Pour mener à bien ce projet ambitieux, Renault Trucks s'est associé à deux transporteurs de la région, Chazot et Dupessey. Ces derniers ont relevé le défi en mettant à disposition cinq camions électriques de 44 tonnes, les E-Tech T de Renault Trucks. Grâce à leurs six batteries et leurs 666 chevaux, ces mastodontes de la route sont capables d'effectuer deux allers-retours quotidiens, soit 360 km au total, tout en se rechargeant pendant les pauses.
Emmanuel Duperrey, vice-président électromobilité chez Renault Trucks, se félicite de cette collaboration inédite :
Nous devons prendre en compte les phases de repos des chauffeurs, le temps de charge, la topographie de la route... C'est un véritable travail d'optimisation qui a été réalisé avec nos partenaires transporteurs.
– Emmanuel Duperrey, vice-président électromobilité Renault Trucks
Un approvisionnement en flux tendu
L'enjeu est de taille car l'usine de Bourg-en-Bresse, qui assemble les poids lourds, fonctionne en "just-in-time". Chaque matin à l'aube, les camions chargent des pièces à Saint-Priest puis prennent la route pour livrer la ligne de production. La moindre panne pourrait stopper l'usine, un risque que Renault Trucks ne peut pas se permettre. D'où l'importance d'une planification millimétrée et de camions fiables.
500 000 euros d'investissement dans les infrastructures de recharge
Pour permettre aux transporteurs de réaliser leurs rotations sereinement, Renault Trucks a investi un demi-million d'euros dans deux stations de recharge ultra-rapide de 360 kW sur son site logistique de Saint-Priest. Les transporteurs ont également installé des bornes dans leurs dépôts respectifs. Fabien Chazot témoigne :
Le plus long a été d'obtenir l'installation d'un poste haute tension, mais c'était indispensable pour assurer la charge de nos camions.
– Fabien Chazot, transporteur partenaire
Encore un surcoût par rapport au diesel
Si cette navette électrique marque une avancée écologique majeure, son coût reste 12% plus élevé comparé à une liaison en diesel, même en intégrant les aides de l'Ademe. Pour amortir cet écart, Renault Trucks a signé des contrats de 6 ans avec ses transporteurs, au lieu des 3 ans habituels. Une façon de s'engager dans la durée et de rentabiliser les investissements.
Bientôt d'autres liaisons électriques pour Renault Trucks
Fort de cette expérience concluante entre le Rhône et l'Ain, le constructeur étudie maintenant la possibilité de déployer des navettes similaires pour approvisionner ses autres sites industriels, notamment l'usine normande de Blainville-sur-Orne et le centre belge de Gand dédié aux batteries. Carole Dupessey y voit une formidable vitrine :
L'intérêt majeur est de montrer aux autres industriels que ça fonctionne, qu'ils peuvent franchir le pas à leur tour vers une logistique zéro émission.
– Carole Dupessey, transportrice partenaire
De leur côté, les deux transporteurs lyonnais discutent déjà avec d'autres entreprises pour électrifier certains flux logistiques et ainsi essaimer cette démarche vertueuse. Tout un écosystème est en train de se structurer autour du transport durable :
- Les constructeurs proposent des camions électriques de plus en plus performants ;
- Les énergéticiens déploient des réseaux de bornes haute puissance ;
- Les transporteurs s'engagent dans la décarbonation de leurs prestations ;
- Les chargeurs repensent leur supply chain pour l'adapter aux contraintes de l'électrique.
Le défi climatique appelle une mobilisation de toute la chaîne logistique, et les acteurs rhônalpins montrent aujourd'hui la voie avec des solutions concrètes et réplicables. Une façon pour l'industrie de conjuguer écologie et performance, en route vers un transport de marchandises résolument plus propre.
