Une Nouvelle Hormone Contrôle l’Appétit Pendant le Sommeil
Les chercheurs de l'hôpital Xiangya en Chine viennent de faire une découverte qui pourrait bien révolutionner la lutte contre l'obésité. Ils ont identifié pour la première fois une nouvelle hormone, baptisée raptine, produite par l'hypothalamus pendant le sommeil, qui régule directement l'appétit et le métabolisme. Une avancée majeure vers le développement de nouveaux médicaments anti-obésité !
La raptine, l'hormone du sommeil qui coupe l'appétit
Cela fait longtemps que les scientifiques soupçonnent un lien entre un manque de sommeil et l'obésité, sans pour autant comprendre quels mécanismes expliquaient cette corrélation. C'est désormais plus clair grâce à la découverte de la raptine, une hormone directement sécrétée par l'hypothalamus pendant le sommeil. Les chercheurs ont montré que la raptine agit comme un signal de satiété envoyé à l'estomac, réduisant la sensation de faim.
Concrètement, la raptine est un fragment de la protéine reticulocalbin-2 (RCN2), dont le rôle dans le contrôle de l'appétit était jusqu'ici inconnu. La production de raptine suit étroitement le rythme circadien, avec un pic pendant le sommeil nocturne, probablement pendant la phase de sommeil lent, avant de diminuer progressivement pendant la journée.
Un taux de raptine plus faible chez les personnes obèses ou en manque de sommeil
L'étude a été menée à la fois chez l'animal et chez l'humain, avec des résultats similaires dans les deux cas. Les chercheurs ont d'abord analysé les taux de raptine, la qualité du sommeil et différents paramètres métaboliques chez 262 participants, dont 127 étaient en situation d'obésité. Résultat : les personnes obèses ou avec un sommeil de mauvaise qualité présentaient des niveaux de raptine significativement plus bas.
Dans un second temps, 30 volontaires ont été suivis pendant 3 mois, la moitié bénéficiant d'une thérapie de restriction du sommeil. À la fin de l'étude, ces derniers avaient non seulement des taux de raptine plus élevés, mais aussi un meilleur contrôle du poids et de la prise alimentaire par rapport au groupe témoin.
Une mutation génétique liée au trouble alimentaire nocturne
Un autre volet de l'étude a porté sur le séquençage génétique de 2000 patients obèses, révélant chez certains une mutation du gène codant pour la protéine RCN2. Cette mutation, retrouvée chez plusieurs membres d'une même famille souffrant tous d'un trouble alimentaire nocturne, empêche la production normale de raptine.
Notre étude confirme que la protéine codée par le variant du gène RCN2 ne peut pas être sécrétée normalement, et donc ne peut pas se lier au récepteur GRM3 pour exercer ses effets en aval.
L'équipe de recherche
Cette découverte ouvre des perspectives inédites pour le diagnostic et la prise en charge de ce trouble du comportement alimentaire, qui reste difficile à traiter à l'heure actuelle.
Comment la raptine contrôle l'appétit : le rôle clé du récepteur GRM3
Les chercheurs ont également décrypté le mode d'action de la raptine dans le cerveau et l'estomac. Ils ont montré que l'hormone se lie à un récepteur spécifique appelé GRM3, à la fois dans les neurones de l'hypothalamus et dans les cellules de l'estomac. Cette liaison entraîne alors une cascade de signaux conduisant à une réduction de l'appétit et un ralentissement de la vidange gastrique.
Notre étude identifie la raptine comme une hormone hypothalamique unique qui coopère avec le récepteur GRM3 pour supprimer l'appétit et l'obésité, offrant ainsi une nouvelle piste potentielle pour traiter l'obésité.
Concluent les auteurs
Vers une nouvelle classe de médicaments anti-obésité ?
Cette découverte fondamentale pose les bases pour le développement d'une nouvelle classe de traitements contre l'obésité, qui cibleraient spécifiquement la voie de signalisation raptine/GRM3. On peut imaginer des médicaments qui :
- Stimulent la production de raptine
- Miment l'action de la raptine
- Activent sélectivement le récepteur GRM3
L'avantage d'un tel traitement par rapport aux approches actuelles serait sa spécificité d'action. En effet, les chercheurs ont montré que la raptine module l'appétit sans affecter les autres comportements liés au rythme circadien comme le cycle veille-sommeil ou l'activité physique.
Bien sûr, le chemin est encore long avant de voir arriver sur le marché un « médicament raptine ». Il faudra d'abord confirmer ces résultats chez l'humain à plus grande échelle et élucider plus en détails les mécanismes moléculaires en jeu. Néanmoins, cette étude représente sans conteste une avancée majeure dans la compréhension des liens complexes entre sommeil, métabolisme et obésité. Gageons qu'elle ouvrira de nouvelles voies dans la prévention et le traitement de ce fléau des temps modernes !