Une Réplique Titanesque du Titanic Abandonnée en Chine
Au cœur de la Chine continentale, à des centaines de kilomètres de toute mer ou océan, se dresse une vision pour le moins incongrue : la réplique exacte de la coque du légendaire paquebot Titanic. Cette structure titanesque, construite à l'échelle 1:1, devait être la pièce maîtresse d'un parc d'attractions dédié au navire de légende. Mais aujourd'hui, le projet est à l'abandon, laissant cette carcasse de métal rouiller au bord d'une rivière, tel un naufragé échoué en pleine campagne. Découvrons ensemble l'histoire fascinante de ce Titanic des terres, symbole des rêves de grandeur d'un milliardaire chinois.
L'ambition démesurée d'un milliardaire
L'histoire commence en 2014 quand Su Shaojun, magnat de l'immobilier, annonce un projet pharaonique : construire un parc à thème autour d'une réplique grandeur nature du Titanic. Baptisé Romandisea Titanic, le complexe de 1,2 milliard de yuans (130 millions d'euros) devait offrir aux visiteurs une expérience immersive, leur permettant de revivre l'ambiance du paquebot de légende. Restaurants, théâtres, hôtel de luxe... Tout devait être à l'identique, jusqu'aux poignées de porte et aux uniformes d'époque portés par le personnel.
Le clou du spectacle ? Un dîner de gala troublé, comme il se doit, par la collision avec un iceberg factice. Les 2400 "passagers" devaient alors revivre, de manière édulcorée, le naufrage du navire.
Une prouesse d'ingénierie
Malgré l'éloignement de la mer, les travaux avancent à bon rythme. La coque, réalisée à l'identique de l'originale en taille et forme, prend peu à peu forme dans un bassin creusé au bord de la rivière Qi jiang. Ingénieurs et ouvriers rivalisent d'ingéniosité pour recréer les lignes élégantes du paquebot disparu.
Bien sûr, au 21ème siècle, pas question de riveter des plaques d'acier comme à l'époque. La réplique utilise des techniques de soudure modernes pour assembler sa structure en métal
explique Li Wenchan, directeur du chantier.
Car c'est bien d'un chantier naval qu'il s'agit, même si l'embarcation n'est pas prévue pour naviguer. Avec ses 269 mètres de long et son poids estimé de 50 000 tonnes, cette version terrestre du Titanic représente un défi technique et logistique considérable.
La fin d'un rêve
Mais en 2018, alors que la silhouette du navire émerge déjà fièrement au-dessus de la fosse, les problèmes s'accumulent. Des erreurs dans la construction, des irrégularités financières et l'opposition grandissante des riverains plombent peu à peu le projet. Certains dénoncent son coût exorbitant. D'autres, des familles de victimes du naufrage, s'insurgent contre l'idée-même d'un parc d'attractions basé sur une telle tragédie.
Malgré les 130 millions d'euros déjà engloutis, Su Shaojun jette l'éponge. Les grues s'immobilisent, les ouvriers désertent, laissant la carcasse métallique du Titanic livrée à elle-même. Depuis, la rouille gagne peu à peu du terrain sur cette épave d'un genre nouveau, vestige d'un naufrage sans eau ni glace.
Un avenir incertain
Aujourd'hui, la réplique du Titanic trône, solitaire et silencieuse, au milieu des champs et des collines du Sichuan. Visible sur les images satellites, elle intrigue et fascine, attirant parfois quelques curieux venus admirer cette aberration industrielle.
Mais son avenir reste incertain. Faut-il achever sa construction, en faire un musée, un mémorial ? Ou au contraire démanteler cette carcasse encombrante, effacer les traces de ce rêve fou ? Pour l'heure, aucune décision n'est prise. Et le Titanic chinois reste là, échoué au cœur des terres, attendant son hypothétique remise à flot ou sa disparition définitive. Un destin finalement pas si éloigné de celui de son modèle, parti conquérir les mers avant de sombrer dans les abysses de l'histoire.
