Une start-up girondine redéfinit l’architecture solaire
Et si les façades de nos bâtiments devenaient de véritables radiateurs solaires ? C'est le pari audacieux que s'est lancé la jeune pousse bordelaise Air Booster. Son concept ? Transformer les bardages métalliques standards en ingénieux échangeurs thermiques, capables de capter la chaleur du soleil pour chauffer l'air intérieur en hiver et le rafraîchir en été. Une petite révolution énergétique, aussi simple qu'efficace.
Un chauffage quasi-gratuit grâce au soleil
Le principe d'Air Booster est on ne peut plus low-tech. « Nous fermons les nervures des bardages pour en faire des canaux où circulera l'air », explique Christophe Fourcaud, le fondateur. « Nous ajoutons des perturbateurs pour augmenter les échanges thermiques. L'air chaud est ensuite ventilé à l'intérieur du bâtiment. » Résultat : une réduction de 20 à 80% de la facture de chauffage selon l'ensoleillement et la configuration des locaux.
L'astuce ? Exploiter l'énergie solaire au contact de la tôle, qui peut atteindre des températures de 58 à 72°C quand l'air extérieur est à 10°C. Et contrairement aux idées reçues, le système est plus performant en hiver qu'en été :
Grâce au soleil qui est très bas au-dessus de l'horizon l'hiver, la façade métallique reçoit beaucoup plus d'énergie que l'été.
Christophe Fourcaud, CEO d'Air Booster
Un système adaptable et modulable
Nul besoin de recouvrir l'intégralité du bâtiment pour en tirer les bénéfices. Air Booster préconise généralement d'équiper uniquement la moitié de la façade la plus exposée au sud. De quoi adapter le dispositif aux besoins et aux contraintes de chaque site. Car la solution ne se limite pas à apporter du confort...
Préchauffage et séchage : des applications concrètes dans l'industrie
La vocation d'Air Booster est aussi industrielle. Son système R'Booster permet notamment de préchauffer l'air utilisé dans certains process, comme le séchage des plaques de plâtre. S'il ne peut atteindre les 110°C requis, il offre un complément gratuit et écologique pouvant grimper jusqu'à 50°C lorsque la météo est clémente. De quoi réduire significativement la consommation de gaz.
Autre cas d'usage prometteur : le séchage de déchets verts ou de biomasse. En Gironde, l'entreprise BSE Neandertal a ainsi adopté la technologie pour sécher, sans apport d'énergie, les résidus de sylviculture qu'elle valorise. Un beau succès qui a valu à Air Booster d'être sélectionnée par Bpifrance pour décarboner le secteur agricole.
Une pépite française en plein envol
Créée en 2019, la start-up connaît une ascension fulgurante. Multiprimée, labellisée GreenTech Innovation et Solar Impulse Efficient, elle a bouclé en mai dernier une levée de fonds de 1,5 million d'euros. De quoi accompagner un carnet de commandes déjà riche de 6 millions d'euros, avec des références comme l'UIMM, la RATP, Michelin ou Etex.
En 2024, Air Booster a réalisé un chiffre d'affaires de 600 000 euros. Mais Christophe Fourcaud voit plus loin et plus grand. Son ambition : devenir un acteur incontournable de la transition énergétique et de la décarbonation de l'industrie. Pari en passe d'être gagné pour cette pépite tricolore, qui pourrait bien réinventer notre façon de construire et de consommer l'énergie.
