Une Technologie Révolutionnaire Pour Produire de l’Hydrogène
Et si l'hydrogène, cet or vert tant convoité pour décarboner nos industries et nos transports, pouvait être produit de façon abordable et durable, à partir de méthane ? C'est le pari fou que s'est lancé Spark Cleantech, une jeune pousse française qui vient d'inaugurer son premier démonstrateur industriel exploitant une technologie de rupture : la plasmalyse du méthane par plasma froid nanopulsé. Décryptage d'une innovation majeure dans la course à l'hydrogène propre.
Un procédé unique et éco-efficace pour craquer le méthane
Au cœur de l'innovation de Spark Cleantech, on trouve un plasma froid hors équilibre, c'est-à-dire plus énergétique que sa température. Concrètement, un arc électrique de très haute tension est envoyé dans une cellule plusieurs dizaines de fois par seconde. L'énergie de cet arc déstabilise puis casse les molécules du méthane injecté, sans leur laisser le temps de chauffer. Ce procédé, baptisé plasmalyse, présente de nombreux avantages :
- Il fonctionne à pression atmosphérique
- Il utilise du méthane pur, limitant la dégradation des électrodes et le dépôt de carbone
- Il peut opérer en continu pendant une heure avec seulement une minute de régénération
Surtout, le craquage du méthane par plasma requiert 5 fois moins d'énergie que l'électrolyse de l'eau, la méthode la plus courante aujourd'hui pour produire de l'hydrogène bas carbone. À la clé, potentiellement, un hydrogène vert bien moins coûteux.
De l'hydrogène propre et un coproduit valorisable
Les produits de la réaction sont d'une part de l'hydrogène pur, et d'autre part du carbone solide, aussi appelé noir de carbone. Si le premier est un vecteur énergétique crucial pour la transition écologique, le second trouve aussi de nombreux débouchés, notamment dans l'industrie du pneu ou comme pigment. Erwan Pannier, cofondateur de Spark Cleantech, y voit un atout majeur :
Valoriser le noir de carbone est essentiel à l'équation économique de notre procédé. Cela différencie la plasmalyse d'autres voies de production d'hydrogène décarboné, où le CO2 est au mieux enfoui.
– Erwan Pannier, cofondateur de Spark Cleantech
Une montée en puissance progressive
Le démonstrateur inauguré le 24 octobre sur le site d'un méthaniseur dans le Loir-et-Cher n'est que la première marche vers l'industrialisation. Il intègre 5 cellules de 1 kW chacune. Un second pilote de préindustrialisation devrait suivre en 2025, avant un premier produit commercial de 200 kW en 2026, capable de fournir jusqu'à 200 kg d'hydrogène par jour.
À terme, la technologie pourrait s'appliquer partout où du méthane est disponible : méthaniseurs donc, mais aussi usines de traitement d'eau, sites d'enfouissement, voire réseaux de gaz. De quoi voir (enfin) émerger une filière hydrogène française et européenne compétitive. Les géants Air Liquide et Engie, qui suivent de près Spark Cleantech, l'ont bien compris. La plasmalyse sera peut-être l'étincelle qui manquait à l'hydrogène pour passer à la vitesse supérieure !