
Une torpille F21 coule un navire lors d’un essai grandeur nature
Samedi 14 décembre, au large des côtes françaises, un sous-marin nucléaire d'attaque a tiré une torpille F21 flambant neuve sur l'ancien patrouilleur « Premier-Maître L'Her ». L'objectif ? Tester les capacités de ce projectile ultra-moderne dans des conditions proches du réel. Pari réussi pour la Marine nationale, qui voit là l'aboutissement de plusieurs années de développement.
La torpille F21, une arme redoutable pour les sous-marins français
Issue du programme Artémis, la torpille F21 a été conçue pour équiper les sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) et lanceurs d'engins (SNLE) de la Marine nationale. Avec ses 6 mètres de long et ses 50 km de portée, elle surclasse largement son prédécesseur, le modèle F17. Furtive et précise, la F21 est également dotée d'un système d'autoguidage acoustique lui permettant de poursuivre sa cible en toute autonomie.
Derrière ce bijou de technologie, on retrouve le fleuron de l'industrie navale française : Naval Group. Le constructeur a décroché en 2008 le contrat de réalisation de la torpille et de son intégration sur les différents sous-marins. Parmi ses principaux sous-traitants figurent Thales et Atlas Elektronik.
Un tir réussi sur l'ancien patrouilleur « Premier-Maître L'Her »
C'est donc lors d'un essai grandeur nature que la torpille a été propulsée à grande vitesse sur la coque de l'ancien patrouilleur de 80 mètres « Premier-Maître L'Her ». Ce bâtiment, admis au service actif en 1981, avait été retiré du service en juillet dernier. Après une préparation minutieuse, incluant notamment une dépollution de l'épave, la Marine était fin prête pour ce tir expérimental.
Le résultat est sans appel : localisé et verrouillé par le système de guidage de la torpille, le « Premier-Maître L'Her » a été touché de plein fouet et a sombré en quelques minutes par plusieurs milliers de mètres de fond. Une démonstration éclatante de la puissance de frappe de cette arme sous-marine nouvelle génération.
Des critiques sur l'impact environnemental de l'essai
Si la prouesse technologique est indéniable, certaines voix s'élèvent néanmoins pour critiquer la méthode. L'association écologiste Robin des Bois déplore notamment que le navire ait été coulé plutôt que recyclé :
« Le Premier-Maître L'Her aurait pu être recyclé à Brest ou à Bordeaux au lieu d'être bêtement coulé dans une fosse par une torpille dite « intelligente » »
– Association Robin des Bois
La Marine assure de son côté que toutes les précautions ont été prises, notamment via une dépollution préalable de l'épave, pour limiter l'impact sur le milieu marin. Il n'empêche, la polémique risque de faire des remous, alors que les enjeux écologiques n'ont jamais été aussi prégnants.
Un programme crucial pour la dissuasion française
Controverses mises à part, ce tir réussi marque une étape clé pour le programme F21. Avec ses performances de premier plan, la torpille nouvelle génération va renforcer significativement les capacités des forces sous-marines françaises. Un atout de taille dans le contexte géopolitique actuel.
La ministre des Armées, qui a salué « une avancée majeure pour notre souveraineté et notre dissuasion », a d'ores et déjà confirmé une commande de plusieurs dizaines d'exemplaires. De quoi permettre à la France de maintenir son rang parmi les grandes puissances militaires mondiales.
Vous l'aurez compris, l'essai du 14 décembre était bien plus qu'un « simple » tir de torpille. En coulant de manière spectaculaire un navire de guerre, la Marine nationale a envoyé un message fort : elle dispose désormais d'une arme redoutable pour contrer les menaces sous-marines. Une démonstration de force qui ne manquera pas de faire des vagues !