Vague de Licenciements dans la Tech en 2024

60 000. C'est le nombre d'emplois supprimés dans le secteur technologique depuis le début de l'année 2024, selon le site Layoffs.fyi qui recense les licenciements. Des réductions d'effectifs massives qui touchent aussi bien les géants comme Amazon, Google ou Microsoft que les startups et pépites technologiques. Après des années fastes, le secteur traverse une zone de turbulences. Mais quelles sont les raisons de cette vague de licenciements sans précédent ? Et quelles conséquences pour les employés et l'écosystème tech dans son ensemble ?

Des licenciements records chez les géants de la tech

Depuis janvier, les annonces de réductions d'effectifs s'enchaînent dans le secteur technologique. Parmi les plus emblématiques :

• Tesla a supprimé plus de 14 000 postes dans le monde, soit plus de 10% de ses effectifs, pour se préparer à "la prochaine phase de croissance".
• Amazon a procédé à des coupes dans ses équipes de santé One Medical et Amazon Pharmacy, quelques semaines après avoir licencié 18 000 personnes.
• Google a réduit ses effectifs de plusieurs centaines d'employés dans ses divisions Google Assistant et Hardware, après avoir déjà supprimé 12 000 postes en janvier.

Microsoft, Meta, Snap... La liste des entreprises technologiques contraintes de réduire la voilure est longue. Même Apple, d'ordinaire épargnée, a dû se résoudre à licencier pour abandonner son projet de voiture électrique.

L'IA et l'automatisation, menaces pour l'emploi

Si les raisons de ces vagues de licenciements sont multiples (ralentissement économique post-Covid, inflation, guerre en Ukraine...), l'essor de l'intelligence artificielle et de l'automatisation joue un rôle certain. Comme l'a déclaré le PDG d'IBM Arvind Krishna :

L'IA nous donne l'opportunité de réduire notre main d'oeuvre de manière assez substantielle, potentiellement 7 800 personnes.

– Arvind Krishna, PDG d'IBM

Des propos inquiétants, laissant présager que de nombreux emplois jugés "remplaçables" par des solutions technologiques pourraient être menacés dans les prochaines années. Certains experts estiment que 375 millions de postes pourraient ainsi être automatisés d'ici 2030.

Les startups tech également touchées

Au-delà des mastodontes, les jeunes pousses ne sont pas épargnées par cette vague de licenciements. Le constructeur de véhicules électriques Fisker, pourtant prometteur, a dû se séparer de 15% de ses employés. La plateforme de code Replit a licencié 20% de ses équipes. Quant à la startup d'agriculture urbaine Infarm, elle a carrément cessé ses activités.

Un coup dur pour tout l'écosystème des startups technologiques, après des années d'euphorie et de levées de fonds records. Beaucoup doivent revoir leur modèle et leurs ambitions à la baisse pour survivre dans un marché devenu plus difficile.

Quel avenir pour les employés licenciés ?

Pour les dizaines de milliers de salariés remerciés, la pilule est souvent amère. Beaucoup témoignent d'un sentiment d'injustice et d'incompréhension, d'autant que les entreprises tech affichaient jusqu'ici une santé insolente. Certains peinent à retrouver un emploi dans un secteur en plein ralentissement des embauches.

Des associations et syndicats tirent la sonnette d'alarme sur les conséquences sociales de ces réductions d'effectifs :

• Risque accru de burnouts et de dépressions pour les salariés restants, soumis à une pression croissante
• Perte de savoir-faire et de compétences pour les entreprises
• Précarisation d'une partie des effectifs, contraints d'accepter des postes moins bien payés

Malgré les aides au reclassement mises en place, l'avenir s'annonce compliqué pour tous les employés tech fraîchement licenciés. Beaucoup devront se réinventer, quitte à changer de secteur.

Quid de l'impact sur l'innovation ?

Au-delà des conséquences humaines, c'est tout le dynamisme et la capacité d'innovation du secteur technologique qui pourraient pâtir de cette cure d'amaigrissement. Car en sabrant dans leurs effectifs, les entreprises prennent le risque de freiner des projets porteurs et des avancées majeures pour notre société.

Certains s'inquiètent d'un transfert des cerveaux les plus brillants vers d'autres pays, à l'image de la Chine, grande rivale des Etats-Unis dans la course à l'innovation. D'autres pointent le risque d'un désengagement des investisseurs, échaudés par les déboires récents des licornes technologiques.

Vers un marché de l'emploi tech plus tendu

Une chose est sûre : la vague de licenciements qui frappe actuellement le secteur technologique va durablement transformer le marché de l'emploi. Après des années de croissance folle où la pénurie de talents faisait rage, place à un marché plus tendu et sélectif.

Les entreprises seront plus prudentes dans leurs recrutements, privilégiant des profils expérimentés et "rentables" à court terme. Quant aux employés, beaucoup pourraient revoir leurs prétentions salariales à la baisse et accepter des contrats plus précaires. Le temps de l'insouciance et des plans de carrière sur-mesure semble bel et bien révolu.

Mais les candidats ne sont pas pour autant totalement démunis face aux entreprises, comme l'explique la DRH d'une grande ESN :

Les développeurs talentueux, ceux qui maîtrisent les technologies les plus en vue comme l'IA, restent très courtisés et peuvent toujours négocier de bonnes conditions. La loi de l'offre et de la demande s'applique.

Il faudra néanmoins un certain temps pour que le marché de l'emploi retrouve son équilibre après ce séisme. Et nul doute que ces licenciements massifs laisseront des traces profondes chez ceux qui les ont vécus ou simplement observés. La "cool attitude" des entreprises technologiques en prend un coup...