Valeo : Restructuration et Fermetures d’Usines en France
L'onde de choc est brutale pour l'industrie automobile française. L'équipementier Valeo, spécialiste des technologies d'aide à la conduite et des systèmes d'hybridation, vient d'annoncer un vaste plan de restructuration. Au programme : la suppression de près de 1000 emplois en Europe dont 868 rien qu'en France, et la fermeture de deux sites industriels hexagonaux. Un coup dur qui illustre les profonds bouleversements du secteur face à l'accélération de l'électrification.
Valeo réduit la voilure en France
Présenté ce mercredi en Comité de Groupe Européen, le projet prévoit donc de supprimer 868 postes en France, principalement via des départs contraints. Sont également concernés 150 emplois dans trois autres pays européens : l'Allemagne, la Pologne et la République Tchèque. Au total, ce sont huit des 37 sites de production et de R&D français du groupe qui sont impactés.
Deux sites seront purement et simplement fermés :
- L'usine de La Suze-sur-Sarthe dans la Sarthe
- Le centre de R&D de La Verrière dans les Yvelines (la majorité des 390 salariés seront cependant reclassés sur d'autres sites franciliens)
Valeo, qui emploie environ 14 000 personnes dans l'Hexagone, justifie ces décisions par la nécessité d'adapter son empreinte industrielle et ses effectifs à la baisse actuelle des volumes de production automobile.
Un secteur automobile en pleine mutation
Cette restructuration est le dernier exemple en date des profondes transformations à l'œuvre dans l'industrie automobile. Confrontés au déclin du moteur thermique et à la montée en puissance de l'électrique, les constructeurs et équipementiers doivent revoir en profondeur leur modèle et leur outil industriel.
Un virage qui se révèle délicat et douloureux en termes d'emplois, avec de nombreux sites spécialisés dans les technologies diesel ou essence qui se retrouvent sur la sellette. Valeo n'est ainsi pas le seul à sabrer dans ses effectifs hexagonaux :
- Bosch a annoncé en mars 2023 la fermeture de son usine de Rodez, menaçant près de 1500 emplois
- Renault a lancé en 2022 un vaste plan de départs volontaires visant 2000 à 3000 postes
- Stellantis a supprimé des centaines de postes dans ses usines de Douvrin et Trémery
Une tendance lourde et préoccupante, alors même que le gouvernement a fait de la réindustrialisation une priorité avec France 2030. Il y a urgence à accompagner et accélérer la mue des entreprises et des compétences pour éviter une vague de plans sociaux.
Vers une consolidation des équipementiers ?
Au-delà des conséquences sociales, cette actualité pose la question de l'avenir des grands équipementiers automobiles. Dans un marché en pleine transformation, seront-ils assez agiles pour pivoter vers l'électrique et les nouvelles technologies de mobilité ? Valeo mise beaucoup sur ses systèmes 48V et d'aide à la conduite, mais la concurrence est rude, notamment de la part des géants technologiques.
Face à la pression des coûts et des investissements, certains experts prédisent une vague de consolidation du secteur. Les plus fragiles pourraient être rachetés ou faire faillite, tandis que les plus solides chercheront à se renforcer via des acquisitions. La restructuration de Valeo n'est peut-être que le premier acte d'un mouvement plus vaste de concentration.
Le marché automobile est entré dans une nouvelle révolution industrielle. Pour survivre, il faudra être innovant, flexible et résilient. Tous les acteurs n'y arriveront pas.
– Alexandre Marian, expert automobile au cabinet Alix Partners
Une chose est sûre : la filière automobile française joue gros dans cette transition vers l'électrique. Après les chocs de la crise Covid et de la pénurie de semi-conducteurs, elle doit à tout prix éviter un nouveau trou d'air social qui affaiblirait durablement son écosystème et ses compétences. L'enjeu est de taille pour la deuxième industrie du pays.