Vencorex Reprise par Wanhua : Enjeux et Impacts

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Vencorex Reprise par Wanhua  Enjeux et Impacts   Innovationsfr
avril 11, 2025

Vencorex Reprise par Wanhua : Enjeux et Impacts

Imaginez une usine qui, depuis des décennies, façonne l’avenir de la chimie française, soudainement au cœur d’une décision qui pourrait redessiner tout un secteur. C’est l’histoire de Vencorex, un fleuron industriel niché à Pont-de-Claix, près de Grenoble, repris en avril 2025 par le géant chinois Wanhua. Cette nouvelle n’est pas qu’une simple transaction commerciale : elle soulève des questions brûlantes sur l’emploi, la souveraineté industrielle et l’avenir de l’innovation chimique en France. Pourquoi cette reprise fait-elle autant parler ? Plongeons dans les coulisses d’un événement qui pourrait marquer un tournant.

Vencorex et Wanhua : Une Reprise aux Multiples Visages

Le 10 avril 2025, le tribunal de commerce de Lyon a tranché : l’usine chimique Vencorex, en difficulté financière depuis septembre 2024, passe sous le contrôle de Wanhua, via sa filiale hongroise BorsodChem. Cette décision, attendue avec anxiété par les salariés et les élus locaux, n’a pas manqué de provoquer des remous. Mais avant de comprendre pourquoi, remontons à la genèse de cette affaire.

Vencorex, un Acteur Clé de la Chimie

Vencorex n’est pas une usine comme les autres. Spécialisée dans la production de chlore, de soude, d’hydrogène et d’isocyanates, elle joue un rôle stratégique dans plusieurs secteurs. Ses produits, comme le sel ultra-pur, sont essentiels pour fabriquer le carburant des missiles de la dissuasion nucléaire française et les boosters de la fusée Ariane 6. Cette position unique en fait un maillon indispensable de la chaîne industrielle française.

Mais Vencorex, c’est aussi une histoire humaine. Avec près de 450 employés, l’usine est un poumon économique pour la région grenobloise. Lorsque le groupe thaïlandais PTT GC, son actionnaire, a demandé un redressement judiciaire, l’inquiétude s’est rapidement propagée. La menace ? Une liquidation partielle ou totale, avec des conséquences lourdes pour les emplois et les sous-traitants.

C’est un grand gâchis car nous étions en mesure de sauver cette plateforme. Il nous a manqué une seule chose : du temps.

– Séverine Dejoux, élue CGT chez Vencorex

Wanhua : Un Géant à l’Appétit Global

De l’autre côté de l’échiquier, Wanhua Chemical Group se positionne comme un acteur incontournable de la chimie mondiale. Basé en Chine, ce géant excelle dans la production de polyuréthanes et de produits chimiques de spécialité. En rachetant Vencorex, Wanhua ne fait pas qu’acquérir une usine : il renforce sa présence en Europe et s’empare d’un savoir-faire précieux. Mais à quel prix pour la France ?

L’offre de Wanhua, validée par le tribunal, repose sur un investissement de 19 millions d’euros d’ici 2027 et un prix de cession de 1,2 million d’euros. Elle se concentre sur l’atelier de production de tolonates, des composés utilisés dans les peintures et vernis. Sur le papier, cela semble prometteur. Mais un détail saute aux yeux : seuls 54 emplois sur 450 seront maintenus. Ce choix a immédiatement suscité une vague de colère.

Un Coup Dur pour l’Emploi Local

La reprise partielle par Wanhua signe l’arrêt de nombreuses activités historiques de Vencorex. La production de chlore, de soude ou encore d’isocyanates s’éteint, emportant avec elle des centaines d’emplois directs. Pire encore, les sous-traitants, qui dépendent de l’usine pour la logistique, la maintenance ou la sécurité, risquent de perdre jusqu’à 750 postes à court terme.

Pour la région grenobloise, l’impact est colossal. Les élus locaux estiment que 6 000 emplois, directs et indirects, pourraient être affectés. Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix et président de Grenoble Alpes Métropole, n’a pas mâché ses mots :

C’est un jour sombre pour notre territoire et une injustice profonde. Il n’y aura plus de discours crédible sur la réindustrialisation de la France à partir d’aujourd’hui.

– Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix

Face à ce constat, beaucoup pointent du doigt l’inaction du gouvernement. Les appels à une nationalisation temporaire, portés par des syndicats et des élus, ont été balayés par le Premier ministre François Bayrou, qui jugeait l’activité de Vencorex “non viable”. Une position qui contraste avec l’urgence ressentie sur le terrain.

La Souveraineté Industrielle en Question

Au-delà des emplois, la reprise soulève une question cruciale : celle de la souveraineté industrielle. Vencorex n’est pas qu’une usine locale. Ses produits alimentent des secteurs stratégiques comme la défense et l’aérospatiale. Laisser un concurrent chinois prendre le contrôle d’une telle infrastructure inquiète, d’autant que Wanhua est déjà un rival direct dans la production de tolonates.

Pourtant, le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, se veut rassurant. Selon lui, des mesures ont été prises pour sécuriser l’approvisionnement en chlore des industries sensibles. Mais cette promesse peine à convaincre. Pour beaucoup, céder Vencorex à un acteur étranger revient à fragiliser un savoir-faire français difficile à remplacer.

Les critiques ne se limitent pas aux cercles politiques. Sur les réseaux sociaux, des voix s’élèvent pour dénoncer un “bradage” de l’industrie nationale. La crainte ? Que cette reprise ne soit qu’un symptôme d’une tendance plus large, où la France perd peu à peu le contrôle de ses actifs stratégiques.

L’Alternative Écartée : La Coopérative

Face à l’offre de Wanhua, un projet audacieux avait émergé : une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), portée par les salariés, des industriels et les collectivités locales. L’idée ? Préserver 275 emplois dans un premier temps et maintenir l’ensemble des activités de l’usine. Soutenue par un investissement potentiel de 44 millions d’euros d’un industriel indien, cette proposition incarnait un espoir de relance.

Malheureusement, le tribunal a jugé ce projet “irrecevable”. La raison principale ? Un manque de temps pour boucler le financement. Les porteurs de la SCIC avaient demandé quatre semaines supplémentaires, mais la trésorerie de Vencorex ne permettait pas d’attendre au-delà de 15 jours. Un revers qui laisse un goût amer à ceux qui voyaient dans ce modèle une chance de réinventer l’avenir de l’usine.

Les Leçons d’un Choix Controversé

La reprise de Vencorex par Wanhua n’est pas qu’une affaire locale. Elle reflète des dynamiques globales : la montée en puissance des acteurs chinois dans l’industrie mondiale, la fragilité des entreprises européennes face à la concurrence, et les tensions autour de la réindustrialisation. Mais surtout, elle interroge notre capacité à protéger nos fleurons industriels.

Pour mieux comprendre les enjeux, voici un résumé des points clés :

  • Vencorex, un acteur stratégique, produit des matériaux essentiels à la défense et l’aérospatiale.
  • Wanhua conserve seulement 54 emplois, mettant fin à la plupart des activités historiques.
  • La SCIC, une alternative prometteuse, a été écartée faute de temps pour finaliser son financement.
  • La région grenobloise pourrait perdre jusqu’à 6 000 emplois, directs et indirects.

Cette décision soulève aussi des questions sur le rôle de l’État. Pourquoi n’a-t-on pas donné plus de chances à la SCIC ? Une intervention plus marquée du gouvernement aurait-elle pu changer la donne ? Ces interrogations resteront sans doute en suspens, mais elles alimentent un débat plus large sur la place de la France dans l’industrie mondiale.

Vers un Nouvel Équilibre ?

Si Wanhua célèbre cette acquisition comme une opportunité de renforcer son empreinte européenne, du côté français, le sentiment oscille entre résignation et colère. Pourtant, tout n’est pas perdu. Les 54 emplois maintenus, bien que modestes, pourraient poser les bases d’une nouvelle dynamique. L’investissement promis par Wanhua pourrait, à terme, stabiliser la production de tolonates et ouvrir des perspectives inattendues.

Pour autant, l’avenir de Vencorex dépendra de choix stratégiques. Comment garantir que le savoir-faire français ne s’évanouisse pas ? Comment accompagner les salariés licenciés vers de nouveaux horizons ? Et surtout, comment tirer les leçons de cette reprise pour mieux protéger d’autres fleurons industriels ? Ces questions, essentielles, attendent des réponses concrètes.

Un Défi pour les Start-ups et l’Innovation

Dans ce contexte, les start-ups du secteur chimique ont un rôle à jouer. La reprise de Vencorex par un géant comme Wanhua pourrait, paradoxalement, stimuler l’innovation locale. En France, de jeunes entreprises explorent des solutions pour une chimie plus verte et durable. Ces acteurs, souvent agiles, pourraient saisir l’opportunité de combler les vides laissés par la restructuration de Vencorex.

Par exemple, des start-ups spécialisées dans la chimie verte travaillent sur des alternatives aux produits traditionnels, comme les isocyanates sans solvants. Ces innovations pourraient non seulement répondre aux besoins du marché, mais aussi redonner un souffle à la région grenobloise. L’enjeu est clair : transformer une crise en opportunité.

Et Maintenant ?

L’histoire de Vencorex est loin d’être terminée. Si la reprise par Wanhua marque un tournant, elle ne ferme pas toutes les portes. Les collectivités locales, les syndicats et les entrepreneurs continuent de se mobiliser pour limiter les dégâts et envisager des solutions. Des projets de reconversion pour les salariés licenciés sont déjà à l’étude, et la région pourrait attirer de nouveaux investisseurs sensibles à son potentiel.

En attendant, une chose est sûre : cette affaire restera dans les mémoires comme un symbole des défis de l’industrie moderne. Entre globalisation, souveraineté et innovation, Vencorex nous rappelle que chaque décision compte. Et si, finalement, cette crise était le point de départ d’une renaissance pour la chimie française ? L’avenir nous le dira.

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