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Verallia 2024 : Résultats en Baisse, Défis à Relever
Et si l’âge d’or des géants industriels touchait à sa fin ? En publiant ses résultats 2024, Verallia, le troisième fabricant mondial de bouteilles et pots en verre, a surpris. Après une année 2023 flamboyante, le groupe français dévoile des chiffres en net repli, marqués par un marché capricieux et des défis inattendus. Pourtant, entre ambitions écologiques et rumeurs de rachat par un investisseur brésilien, l’histoire de Verallia semble loin d’être terminée.
Verallia face à une année 2024 contrastée
Quand on parle de verre, Verallia est un nom qui résonne. Basée à Cognac, cette entreprise a bâti sa réputation sur la production d’emballages alimentaires, des bouteilles de vin aux pots de confiture. Mais 2024 a marqué un tournant. Mercredi 19 février, les résultats annuels ont été rendus publics, et le tableau est moins brillant qu’espéré. Le chiffre d’affaires plonge à 3,4 milliards d’euros, contre 3,9 milliards en 2023, tandis que le résultat net chute de moitié, passant de 475,3 à 238,6 millions d’euros.
Un marché sous pression
Pourquoi une telle dégringolade ? Les experts pointent un contexte économique tendu. La demande en Europe reste molle, freinée par un déstockage persistant chez les clients. Les effets de la crise post-pandémique se font encore sentir, et Verallia n’échappe pas à la règle. L’entreprise évoque aussi une consommation atone sur le Vieux Continent, un contraste saisissant avec l’Amérique latine, où ses ventes bondissent de 7,9 %.
Mais il n’y a pas que les chiffres qui parlent. L’endettement grimpe à 1,8 milliard d’euros, gonflé par le rachat de Vidrala Italia, une acquisition stratégique mais coûteuse. Cette opération, conclue en juillet, montre l’ambition de Verallia de renforcer sa présence mondiale, même au prix d’un équilibre financier fragilisé.
L’année 2024 a été marquée par un environnement incertain, mais nous avons su préserver une rentabilité solide.
– Direction de Verallia, communiqué officiel
La résilience malgré les vents contraires
Si les indicateurs financiers s’assombrissent, Verallia ne baisse pas les bras. Avec un EBITDA de 842 millions d’euros (contre 1,1 milliard en 2023), le groupe maintient une marge supérieure à **24 %**, un exploit dans un secteur aussi compétitif. Cette robustesse, l’entreprise la doit à une gestion rigoureuse et à une diversification géographique qui compense les faiblesses européennes.
Le secret ? Une adaptabilité à toute épreuve. En Amérique latine, la demande pour les emballages alimentaires reste forte, portée par des marchés dynamiques. En Europe, Verallia mise sur une légère reprise prévue pour 2025, même si les tensions géopolitiques et commerciales ajoutent une dose d’incertitude.
Décarbonation : un pari audacieux
Et si le véritable succès de Verallia en 2024 ne se mesurait pas qu’en euros ? Sur le front écologique, le groupe marque des points. Ses émissions de CO2 ont chuté de **9,4 %** par rapport à 2023, un résultat qui le maintient sur la trajectoire ambitieuse d’une réduction de 46 % d’ici 2030 (par rapport à 2019). Cette performance n’est pas un hasard : elle repose sur des innovations concrètes.
À Châteaubernard, en Charente, Verallia a inauguré le plus grand four électrique au monde dédié aux emballages alimentaires. Une prouesse technologique qui réduit la dépendance aux énergies fossiles et illustre une vision : faire du verre un matériau d’avenir, durable et responsable. Ce projet, unique en son genre, positionne l’entreprise comme un pionnier dans la **transition écologique**.
Pourtant, tout n’est pas rose. La décarbonation coûte cher, et les investissements massifs pourraient peser sur les finances à court terme. Mais pour Verallia, c’est un risque calculé, une manière de répondre aux attentes des consommateurs et des régulateurs.
Un rachat brésilien à l’horizon ?
L’autre grande interrogation de 2024 concerne l’avenir capitalistique de Verallia. BWGI, un fonds d’investissement brésilien et déjà premier actionnaire, a laissé entendre qu’il pourrait lancer une offre publique d’achat. Début février, l’annonce a fait trembler les marchés, mais rien n’est encore gravé dans le marbre. Verallia reste prudent : « Cette intention n’a pas été confirmée à ce jour ».
Si elle se concrétise, cette opération, attendue pour avril selon des sources internes, pourrait redessiner l’avenir du groupe. Pour certains, c’est une opportunité de croissance, notamment en Amérique latine. Pour d’autres, c’est une menace sur l’identité française d’une entreprise ancrée dans le terroir de Cognac.
2025 : entre espoirs et incertitudes
Que nous réserve l’année prochaine ? Verallia aborde 2025 avec une prudence mesurée. La consommation européenne stagne, les exportations sont menacées par des tensions internationales, et pourtant, des signaux positifs émergent. La demande devrait timidement repartir en Europe, tandis que l’Amérique latine reste un moteur de croissance.
Pour relever ces défis, l’entreprise mise sur plusieurs leviers :
- Une innovation continue dans les procédés de fabrication.
- Un renforcement de sa présence sur les marchés porteurs.
- Une accélération de ses engagements environnementaux.
Mais l’ombre de BWGI plane. Si le rachat se confirme, il pourrait bouleverser les priorités stratégiques, entre rentabilité immédiate et vision à long terme.
Pourquoi Verallia fascine les start-ups
Verallia n’est pas qu’un géant industriel classique. Son audace écologique et ses innovations attirent l’attention des start-ups. Le four électrique de Châteaubernard, par exemple, inspire les jeunes pousses spécialisées dans les technologies vertes. Certaines y voient un modèle : une grande entreprise capable de pivoter vers la durabilité sans renier sa rentabilité.
Dans l’écosystème des start-ups, Verallia incarne aussi une promesse. Celle d’un partenariat possible entre PME innovantes et industriels établis. Les technologies de recyclage ou de pyrogazéification, par exemple, pourraient naître de collaborations avec des acteurs agiles.
Un modèle pour l’industrie de demain ?
À bien des égards, Verallia est un cas d’école. Entre résultats en berne et ambitions écologiques, l’entreprise navigue dans une époque de bouleversements. Sa capacité à innover, à réduire son empreinte carbone et à séduire des investisseurs étrangers en fait un acteur à suivre.
Mais les défis sont là. La concurrence s’intensifie, avec des rivaux comme O-I qui affichent aussi des baisses en 2024. La clé pour Verallia ? Trouver l’équilibre entre rentabilité et durabilité, tout en conservant son ADN français face à une possible mainmise brésilienne.
Alors, fin de l’euphorie ou simple transition ? Une chose est sûre : Verallia n’a pas fini de faire parler d’elle.