
Vérification D’âge: Le Défi Des Réseaux Sociaux En Australie
Imaginez un monde où les adolescents ne peuvent plus accéder librement aux réseaux sociaux. C'est la réalité qui se profile en Australie, où une nouvelle loi interdira l'usage de ces plateformes aux moins de 16 ans dès novembre 2025. Une décision forte qui soulève de nombreuses questions, notamment sur le plan technologique. Comment s'assurer de l'âge des utilisateurs de manière fiable et respectueuse de la vie privée ? Les technologies de vérification d'âge sont plus que jamais sous le feu des projecteurs.
La loi australienne, un tournant majeur
La législation australienne, votée en amont de la définition de paramètres clés comme les "mesures raisonnables" que devront prendre les plateformes, marque un véritable tournant. Pour aider les régulateurs à fixer les règles du jeu, des essais de technologies de vérification d'âge seront menés en 2024. Une expérimentation scrutée de près à l'international, tant les inquiétudes sur l'impact des réseaux sociaux sur le bien-être des jeunes sont répandues.
D'autres pays pourraient emboîter le pas à l'Australie et imposer des restrictions similaires. Les géants du web seraient alors contraints d'adopter des solutions de vérification d'âge, ouvrant de belles perspectives pour les acteurs de ce secteur en plein essor.
Trois approches pour déterminer l'âge en ligne
Tony Allen, fondateur de l'ACCS (Age Check Certification Scheme), organisation qui supervisera les essais australiens, distingue trois grandes familles de technologies :
- La vérification d'âge, qui confirme la date de naissance exacte en recoupant des données officielles (pièce d'identité, dossier bancaire...).
- L'estimation d'âge, fournissant une tranche d'âge approximative sur la base d'indices (analyse faciale, comportement en ligne...).
- L'inférence d'âge, déduisant qu'un utilisateur a plus qu'un certain âge s'il détient un compte bancaire, une carte de crédit...
Des portails de vérification basiques, demandant simplement de déclarer sa date de naissance, existent déjà. Mais de tels dispositifs, aisément contournables, ne suffiront probablement pas pour se conformer à la nouvelle législation.
Un enjeu de taille pour les réseaux sociaux
Les géants des réseaux sociaux vont devoir redoubler d'ingéniosité pour mettre en place des vérifications d'âge à la fois robustes et peu intrusives. Certains misent sur des contrôles "low-friction" comme la reconnaissance faciale, plus facile à faire accepter aux ados que le téléchargement d'une pièce d'identité. Mais les régulateurs pourraient y voir une méthode trop approximative.
Meta, maison-mère de Facebook et Instagram, milite de son côté pour intégrer la vérification directement dans les app stores. Une façon d'éviter d'avoir à développer sa propre solution. Reste à voir si cette stratégie convaincra les autorités.
La vie privée, un argument clé
Au cœur des débats : la question épineuse de la confidentialité des données. Tony Allen se veut rassurant, affirmant que les fournisseurs tiers de solutions de vérification d'âge ne transmettent généralement aux plateformes qu'une simple réponse binaire (majeur/mineur), limitant les risques de fuite ou de détournement des informations collectées.
Le respect de la vie privée est devenu un vrai argument de vente pour les nouvelles formes de vérification d'âge.
Tony Allen, PDG de l'ACCS
Le secteur se structure aussi autour de standards internationaux qui proscrivent spécifiquement la création de bases de données centralisées ou le pistage des utilisateurs. De quoi rassurer ceux qui craignent les dérives vers une surveillance de masse.
Une myriade de solutions innovantes
Parmi les pionniers du secteur, on trouve des géants de l'identité numérique comme Entrust, mais aussi des startups spécialisées comme Yoti (UK). Cette dernière entend bien participer aux tests australiens, mettant en avant ses technologies d'estimation d'âge par analyse faciale, d'appli d'e-ID et de liveness detection (s'assurant que l'utilisateur est une personne réelle).
Et la créativité est au rendez-vous, avec l'émergence de solutions toujours plus originales. Derniers concepts en date : des systèmes promettant de déterminer l'âge via les battements de cœur ou encore... la géométrie des doigts !
Beaucoup d'incertitudes demeurent quant au cadre réglementaire final. Quelle sera la marge d'erreur tolérée pour les technologies d'estimation d'âge ? Une question clé pour les acteurs comme Yoti. Verdict attendu dans les prochains mois.
Une chose est sûre : avec la pression croissante des régulateurs, les technologies de vérification d'âge ont un bel avenir devant elles. Ouvrant de nouvelles perspectives aux startups agiles et innovantes, prêtes à relever ce défi sociétal et technologique majeur qu'est la protection des mineurs en ligne.