
Vers un nouveau score environnemental pour les produits ménagers
Et si demain, en plus de regarder les étiquettes nutritionnelles, vous pouviez en un coup d'œil évaluer l'impact environnemental et sanitaire de vos produits ménagers ? C'est en tout cas le projet sur lequel planche actuellement l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). L'idée : s'inspirer du Nutri-Score alimentaire pour noter de A à E la nocivité des substances contenues dans les lessives, nettoyants et autres détergents. Une petite révolution en perspective pour orienter les consommateurs vers des choix plus responsables.
Le règlement CLP comme base de travail
Pour élaborer son système de notation, l'Anses s'appuie sur le règlement européen CLP (Classification, Labelling, Packaging). Celui-ci oblige déjà les fabricants à signaler la présence de substances dangereuses dans leurs produits. Mais les pictogrammes et mentions de dangers restent peu lisibles pour le grand public.
L'idée est donc d'aller plus loin, en évaluant de façon globale et graduée la toxicité de chaque produit, en fonction :
- Des propriétés intrinsèques des substances qu'il contient
- De leur concentration
- Des conditions d'usage du produit
Un produit pourrait ainsi se voir attribuer une note allant du vert (A) pour les moins nocifs au rouge (E) pour les plus préoccupants, comme avec le Nutri-Score.
Substances préoccupantes dans le viseur
L'Anses sera particulièrement vigilante sur la présence de substances dites préoccupantes. Sont notamment ciblées :
- Les substances persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT)
- Les substances persistantes, mobiles et toxiques (PMT)
- Les perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés
- Les substances cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR)
Même à faible dose, ces substances représentent un danger pour la santé et l'environnement. Leur présence dans un produit serait donc fortement pénalisante dans la notation finale.
Vers des produits plus sûrs ?
Au-delà de l'information des consommateurs, l'Anses espère que ce nouveau score incitera les fabricants à améliorer la composition de leurs produits. Comme pour le Nutri-Score avec l'alimentation, obtenir un bon classement pourrait devenir un argument marketing et un facteur de différenciation important.
Dans notre proposition de scores, la catégorie associée au plus faible niveau de danger ne correspond pas pour autant à une absence de danger.
Gérard Lasfargues, directeur général délégué de l'Anses
L'agence souligne néanmoins qu'un score dans le vert ne signifiera pas l'absence totale de risque. Il faudra donc rester vigilant et continuer à respecter les précautions d'usage.
Prochaines étapes
Après avoir testé la méthode de calcul sur un panel de 72 produits, l'Anses souhaite maintenant passer à une expérimentation à plus grande échelle. L'enjeu sera de vérifier la faisabilité technique et la pertinence du dispositif, avant une éventuelle généralisation.
En parallèle, l'agence doit encore affiner certains points méthodologiques comme :
- La prise en compte des risques liés à l'utilisation combinée de plusieurs produits
- L'intégration de l'impact environnemental à long terme (pollution des eaux, de l'air...)
- Les modalités d'affichage du score sur les emballages
Des sujets complexes qui nécessiteront encore de nombreux travaux et concertations. Mais le mouvement est lancé vers plus de transparence et une meilleure prise en compte des enjeux sanitaires et environnementaux dans nos produits du quotidien. Une petite révolution en marche, à suivre de près !