Viginum : Le Bras Armé Français Contre la Désinformation en Ligne
Dans un monde hyperconnecté où l'information circule à une vitesse fulgurante, la désinformation en ligne est devenue un véritable fléau. Consciente de l'ampleur de cette menace, la France s'est dotée d'un bras armé redoutable pour lutter contre ce phénomène : Viginum. Cette agence gouvernementale, rattachée au Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN), est en première ligne pour détecter et analyser les ingérences numériques étrangères qui portent atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation.
Viginum, Sentinelle de l'Information en Ligne
Créée en 2021, Viginum a pour mission principale de repérer les manipulations de l'information orchestrées depuis l'étranger. Son champ d'action est vaste puisqu'il couvre l'ensemble des contenus publiquement accessibles sur les plateformes numériques. Concrètement, une quarantaine d'agents experts scrutent quotidiennement les réseaux sociaux et autres espaces en ligne à la recherche de "phénomènes inauthentiques" susceptibles de révéler une ingérence.
Pour mener à bien cette traque, Viginum s'appuie sur un cadre légal précis. Le décret du 7 décembre 2021 l'autorise ainsi à collecter, exploiter et traiter de façon automatisée les données personnelles circulant sur les plateformes. Une fois un phénomène suspect identifié, une analyse approfondie est réalisée pour confirmer ou non son caractère malveillant et étranger.
Qu'est-ce qu'une Ingérence Numérique Étrangère ?
Pour être qualifié d'ingérence numérique étrangère, un "phénomène inauthentique" en ligne doit remplir plusieurs critères :
- Porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation (intégrité du territoire, défense nationale, politique étrangère...)
- Présenter un contenu manifestement inexact ou trompeur
- Diffuser des contenus artificiels, automatisés et massifs
- Être orchestré par une entité étrangère étatique ou non étatique
En moyenne, Viginum détecte chaque année entre 250 et 300 "phénomènes" sur les plateformes numériques, dont "plusieurs dizaines d'ingérences numériques étrangères" après analyse approfondie. Un travail de fourmi essentiel pour préserver la souveraineté numérique de la France.
Une Collaboration Étroite avec l'Arcom
Pour renforcer son action, Viginum travaille main dans la main avec l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Les deux entités ont signé en juillet 2024 une convention de partenariat pour la mise en œuvre du Digital Services Act (DSA), le règlement européen imposant de nouvelles obligations aux plateformes en matière de lutte contre la propagation de contenus illégaux ou trompeurs.
Viginum est le bras armé très précieux des pouvoirs publics dans notre capacité à documenter et objectiver les insuffisances ou les limites de ces plateformes dans le respect de leurs obligations.
Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l'intelligence artificielle et du numérique
Cette collaboration permet de mettre la pression sur les géants du web récalcitrants. Plusieurs d'entre eux, comme X (anciennement Twitter) et Meta, font actuellement l'objet d'une enquête par la Commission européenne pour non-respect du DSA.
Un "Lab" Dédié à l'Intelligence Artificielle
Face à l'explosion de l'usage de l'intelligence artificielle, et notamment de l'IA générative permettant de créer facilement des deepfakes ou autres contenus trompeurs, Viginum a décidé de muscler ses capacités technologiques. L'agence s'est ainsi dotée d'un "lab" composé de spécialistes en IA pour être constamment à la pointe.
Car comme le souligne Marc-Antoine Brillant, chef de Viginum, "la menace évolue vite" et "elle est extrêmement adaptative". Tout en mettant en garde contre les dérives potentielles, il tient cependant à rappeler que l'IA est avant tout "quelque chose de positif". Un message d'espoir et de vigilance pour guider l'action de Viginum dans les années à venir.
L'Annulation de la Présidentielle Roumaine, un Électrochoc
La visite de Clara Chappaz au siège de Viginum intervient dans un contexte international tendu, marqué par l'annulation des élections présidentielles roumaines début décembre. Une décision choc de la Cour constitutionnelle roumaine motivée par la révélation d'une vaste campagne d'influence sur TikTok en faveur du candidat prorusse Calin Georgescu.
Ces manipulations, attribuées à la Russie, ont été rendues possibles par l'exploitation des failles du réseau social chinois ByteDance. Un énième scandale qui a poussé la Commission européenne à ouvrir une enquête et rappelle l'importance cruciale du travail de Viginum pour protéger nos démocraties des ingérences numériques étrangères.
À l'heure où les menaces hybrides se multiplient, où la frontière entre monde réel et virtuel s'estompe, Viginum s'affirme comme un rempart essentiel pour défendre notre souveraineté numérique. En traquant sans relâche la désinformation en ligne, cette agence gouvernementale contribue à préserver le libre arbitre des citoyens et la vitalité de notre démocratie. Un combat de tous les instants qui nécessite une vigilance permanente et une adaptation constante face à des adversaires toujours plus inventifs et déterminés.
