
Volkswagen : La direction et les salariés s’affrontent
Le constructeur automobile allemand Volkswagen traverse une zone de turbulences. Alors que la direction souhaite fermer certaines usines et réduire les salaires pour rester compétitif, notamment face à la concurrence chinoise, ces annonces ont déclenché la colère des syndicats et des salariés. Des débrayages ont eu lieu dans plusieurs sites et les négociations s'annoncent tendues.
Un bras de fer entre direction et syndicats
Le 4 décembre, lors d'une réunion avec les représentants du personnel à Wolfsburg, le PDG de Volkswagen Oliver Blume a justifié les mesures d'économies envisagées par la situation critique du groupe :
« La situation actuelle est grave. De nouveaux concurrents entrent sur le marché avec une force sans précédent. La pression sur les prix est immense. »
Oliver Blume, PDG de Volkswagen
De son côté, la dirigeante du comité d'entreprise Daniela Cavallo a fustigé les propos du PDG, estimant que tous les acteurs, y compris la direction et les actionnaires, devaient faire des efforts :
« Cela signifiera des compromis, mais aussi des concessions. Des choses que vous n'aimez pas et qui vous blessent parfois d'une manière ou d'une autre. Mais cela doit s'appliquer à toutes les parties. Sinon, il ne s'agit pas d'un compromis. »
Daniela Cavallo, dirigeante du comité d'entreprise Volkswagen
Des salariés en colère
Début décembre, à l'appel des syndicats, des débrayages de quelques heures ont touché neuf usines Volkswagen en Allemagne. Les salariés entendent ainsi mettre la pression sur la direction à la veille d'un nouveau cycle de négociations qui s'annonce crucial.
Pour les syndicats, il est hors de question d'accepter des fermetures de sites ou des baisses de rémunérations. Ils brandissent la menace de grèves plus dures si leurs revendications ne sont pas entendues. Le maintien des emplois et des acquis est leur priorité absolue.
Une équation complexe pour Volkswagen
De son côté, la direction de Volkswagen souligne l'impératif de réduire les coûts pour permettre les lourds investissements nécessaires dans l'électrification et la voiture connectée. Le constructeur allemand est bousculé sur son marché intérieur par Tesla et doit aussi faire face à la montée en puissance des concurrents chinois dans l'entrée de gamme.
Volkswagen doit donc se réinventer pour rester dans la course, mais sans se mettre à dos ses salariés. Un exercice d'équilibriste délicat pour Oliver Blume, qui espère parvenir à un accord avant Noël.
Ce conflit social chez Volkswagen témoigne à la fois des défis colossaux auxquels fait face le secteur automobile, et des réticences des salariés à payer le prix de cette transformation. Partout, les plans sociaux se multiplient, faisant craindre une casse sociale dans cette industrie historique.
Un contexte tendu dans l'automobile
En France aussi, les constructeurs réduisent la voilure face aux mutations du marché. Renault a supprimé des milliers de postes et Stellantis (PSA) a engagé un vaste plan d'économies et de rationalisation de sa production européenne. Un climat anxiogène pour les salariés de l'automobile.
L'exemple de Volkswagen montre que la transition énergétique ne se fera pas sans heurts dans l'industrie automobile. La pression de la concurrence et l'urgence climatique poussent les constructeurs à prendre des virages serrés qui bousculent des décennies d'acquis sociaux. La recherche d'un compromis entre compétitivité et dialogue social s'annonce comme le grand défi des prochaines années.
Les pouvoirs publics auront aussi un rôle à jouer pour accompagner cette transformation tout en préservant l'emploi. Des aides ciblées à la reconversion, à la formation ou à la relocalisation pourront aider à amortir le choc. Il en va de la réussite d'une transition écologique acceptable par tous.
Le bras de fer engagé chez Volkswagen sera donc scruté bien au-delà de Wolfsburg. Il donnera le ton d'un dialogue social promis à de vives tensions dans l'automobile. Les prochains mois nous diront si le premier constructeur européen parvient à sortir par le haut de cette zone de turbulences.