Volocopter, pionnier des taxis volants, en faillite
C'est un coup de tonnerre dans le monde des startups de mobilité aérienne urbaine. Le pionnier allemand des taxis volants électriques Volocopter a annoncé le 26 décembre 2024 s'être placé sous administration judiciaire. Onze ans après sa création, l'entreprise basée à Bruchsal manque cruellement de financements pour poursuivre le développement et la certification de ses eVTOL (aéronefs électriques à décollage et atterrissage verticaux).
Cette procédure de faillite, entamée devant le tribunal de Karlsruhe, intervient seulement quelques semaines après la liquidation judiciaire de son concurrent Lilium. Le secteur émergent des taxis volants traverse une zone de turbulences, confronté à l'assèchement des investissements et aux défis technologiques et réglementaires pour faire décoller cette nouvelle forme de mobilité aérienne urbaine.
Des prototypes prometteurs mais pas de rentabilité
Fondée en 2011 par Alexander Zosel et Stephan Wolf, Volocopter s'est fait connaître grâce à ses spectaculaires démonstrations de taxis volants multi-rotors. Le VoloCity à 18 rotors pour 2 places a réalisé des vols d'essai au-dessus de Dubaï, Singapour, Helsinki et de plusieurs villes d'Allemagne et de France. Mais la concrétisation commerciale n'a jamais suivi.
La société a su convaincre de prestigieux investisseurs comme Daimler, Intel ou DB Schenker, levant plus de 350 millions d'euros depuis sa création. Mais cela n'a pas suffi à financer la longue et coûteuse route vers la certification aérienne et le lancement des opérations commerciales. Malgré de nombreux partenariats, aucun service viable n'a encore vu le jour.
Un marché des eVTOL pas encore mature
Selon le cabinet McKinsey, le marché mondial des taxis volants pourrait représenter 1000 milliards de dollars à horizon 2040. Mais le chemin est encore long et semé d'embûches pour cette industrie naissante. Les eVTOL doivent prouver leur fiabilité, leur sécurité, leur faible empreinte environnementale et leur intégration dans le trafic aérien et l'espace urbain.
Après l'engouement initial et les effets d'annonce, l'heure est à la consolidation du secteur. De nombreuses startups ont déjà jeté l'éponge face aux contraintes technologiques et financières, à l'image de Kitty Hawk, financée par le cofondateur de Google Larry Page. D'autres se regroupent, comme Joby Aviation qui a racheté Uber Elevate.
Volocopter veut rebondir
Les dirigeants de Volocopter, Dirk Hoke et Florian Reuter, se veulent malgré tout confiants. L'entreprise va continuer à opérer pendant la procédure d'administration judiciaire. Elle a déclaré être "en avance sur ses pairs en termes de technologie, de tests en vol et de progrès vers la certification", ce qui en fait "une entreprise attrayante pour les investisseurs".
Nous sommes en train de nous réorganiser en interne pour augmenter notre efficacité. Nous allons nous concentrer sur nos atouts technologiques et continuer nos efforts de certification, tout en réduisant nos coûts.
– Dirk Hoke, PDG de Volocopter
Les prochaines semaines seront cruciales pour trouver de nouveaux investisseurs prêts à soutenir Volocopter dans cette passe difficile. L'entreprise mise notamment sur son avance en certification avec l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA). Elle espère être la première à obtenir le précieux Type Certificate pour faire voler ses taxis dans le ciel européen.
La mobilité aérienne urbaine à un tournant
Au-delà du cas Volocopter, c'est toute l'industrie émergente des eVTOL qui est à un tournant. Après des années de promesses et de concepts futuristes, il est temps de passer aux choses concrètes. Les acteurs encore debout doivent accélérer sur la certification, l'industrialisation et le déploiement de services commerciaux viables.
Les constructeurs automobiles comme Hyundai, Toyota ou GM misent de plus en plus sur ce segment de rupture. Le duel fait notamment rage avec les startups et géants de la tech comme Joby, Lilium, Archer ou Airbus. Tous rêvent de conquérir le " troisième dimension " de la mobilité urbaine et périurbaine.
Mais avant de voir des milliers de taxis volants sillonner le ciel de nos villes, il faudra lever de nombreux défis :
- Fiabilité et sécurité des appareils
- Certification par les autorités
- Cadre réglementaire adapté
- Acceptabilité sociale et environnementale
- Intégration dans l'espace aérien et l'intermodalité
- Coût abordable et business models rentables
La faillite de Volocopter est un signal d'alarme pour l'écosystème des eVTOL. Une consolidation et une maturation du marché semblent inévitables pour faire émerger les leaders de demain. La mobilité aérienne urbaine reste une promesse fascinante, mais le chemin sera encore long avant de voir se concrétiser à grande échelle les rêves de science-fiction.