
Wandercraft et Renault : Robotique Humanoïde en Usine
Imaginez une usine où des robots humanoïdes, agiles et précis, soulèvent des charges lourdes, libérant les ouvriers des tâches les plus ardues. Ce scénario, digne d’un film de science-fiction, prend forme grâce à une collaboration audacieuse entre Wandercraft, une start-up française pionnière dans les exosquelettes, et Renault Group, géant de l’automobile. Cette alliance, soutenue par une levée de fonds de 75 millions de dollars, marque un tournant dans l’industrie. Mais comment une entreprise spécialisée dans la mobilité des personnes handicapées s’est-elle aventurée dans la robotique industrielle ? Plongeons dans cette révolution technologique.
Une Alliance pour Réinventer l’Industrie
En juin 2025, Wandercraft a annoncé une levée de fonds de 75 millions de dollars, soit environ 66 millions d’euros, pour accélérer ses ambitions. Ce financement, porté par des investisseurs comme Renault Group, Bpifrance, et Quadrant Management, ne se contente pas de gonfler les caisses de la start-up. Il s’accompagne d’un partenariat stratégique avec Renault, qui a pris une participation minoritaire dans l’entreprise. Ce duo improbable entre une deeptech et un constructeur automobile vise à introduire la robotique humanoïde dans les usines, tout en continuant à développer des solutions pour la mobilité réduite.
L’objectif est clair : combiner l’expertise de Wandercraft en matière de robots autonomes avec la maîtrise industrielle de Renault. Cette collaboration promet de transformer les chaînes de production en rendant les tâches plus sûres et plus efficaces. Mais avant d’explorer les implications, penchons-nous sur le protagoniste de cette révolution : le robot Calvin-40.
Calvin-40 : Le Robot Qui Marche Déjà
Calvin-40 n’est pas un simple gadget. Développé en seulement 40 jours, ce robot humanoïde incarne l’innovation rapide de Wandercraft. Conçu pour les environnements industriels, il est capable de soulever des palettes, de transporter des charges et de naviguer de manière autonome grâce à une technologie dérivée des exosquelettes. Contrairement aux robots traditionnels, souvent statiques ou limités à des rails, Calvin-40 se déplace comme un humain, avec une démarche fluide et une capacité à s’adapter à des tâches complexes.
Depuis quatre ans, nous cherchions à développer un robot humanoïde industriel. Renault nous a permis de réaliser un premier prototype de Calvin-40 en 40 jours.
– Jean-Louis Constanza, cofondateur de Wandercraft
Ce prototype est actuellement testé dans une usine Renault, où il effectue des tâches comme le déplacement de charges lourdes. L’objectif ? Soulager les opérateurs des travaux répétitifs ou physiquement exigeants, tout en réduisant les risques d’accidents. En intégrant des technologies comme la vision par ordinateur NVIDIA Isaac et des algorithmes d’intelligence artificielle, Calvin-40 promet une précision inégalée.
Une Technologie Issue des Exosquelettes
Wandercraft n’est pas un novice en matière de robotique. Fondée en 2012, la start-up s’est d’abord fait connaître avec Atalante X, un exosquelette auto-équilibré utilisé dans plus de 100 centres de rééducation à travers le monde. Cet appareil, qui aide les personnes à mobilité réduite à marcher sans béquilles, repose sur une technologie unique : un réseau neuronal entraîné sur des milliards de pas simulés et des millions de pas réels. Cette expertise en mobilité autonome a servi de tremplin pour créer Calvin-40.
Le lien entre exosquelettes et robots industriels peut sembler surprenant, mais il est logique. Les deux technologies exigent une maîtrise fine des mouvements humains, une stabilité sans faille et une capacité à interagir avec des environnements complexes. En adaptant ses algorithmes à l’industrie, Wandercraft ouvre une nouvelle ère où les robots ne remplacent pas seulement les humains, mais les complètent.
Renault : Un Partenaire Stratégique
Pourquoi Renault s’intéresse-t-il à la robotique ? La réponse réside dans la quête d’automatisation intelligente. Les usines automobiles sont des environnements exigeants, où la précision et la productivité sont cruciales. En intégrant des robots humanoïdes, Renault vise à réduire les tâches non ergonomiques, comme le port de charges lourdes, tout en optimisant les temps de production.
La plateforme robotique de Wandercraft est la plus avancée que nous ayons trouvée. Avec Calvin-40, nous introduisons la robotique humanoïde dans l’usine.
– Thierry Charvet, directeur de l’industrie et de la qualité, Renault Group
Renault apporte plus qu’un investissement financier. Grâce à son expertise en design-to-cost et en production à grande échelle, le constructeur aidera Wandercraft à réduire les coûts de fabrication. L’objectif est ambitieux : rendre les exosquelettes et les robots aussi abordables qu’une voiture de gamme moyenne. Cette approche pourrait démocratiser l’accès à ces technologies, tant dans l’industrie que pour les particuliers.
Eve : La Mobilité pour Tous
Si Calvin-40 est le fer de lance de l’industrie, Wandercraft n’oublie pas ses racines. La levée de fonds servira également à commercialiser Eve, un exosquelette personnel destiné aux personnes à mobilité réduite. Prévu pour 2026, cet appareil permettra de marcher en milieu urbain sans assistance extérieure. Des essais cliniques, lancés en février 2025, évaluent déjà son efficacité dans des contextes réels.
Eve représente un espoir pour des millions de personnes. Contrairement aux fauteuils roulants, cet exosquelette offre une liberté de mouvement inégalée, permettant de se lever, marcher et interagir avec le monde à hauteur humaine. Avec le soutien de Renault, Wandercraft prévoit de produire Eve à grande échelle, réduisant ainsi son coût pour le rendre accessible au plus grand nombre.
Un Concurrent de Poids Face à la Chine et aux États-Unis
La robotique humanoïde est un marché en pleine effervescence. En Chine, des entreprises comme UBTech déploient déjà des centaines de robots dans les usines. Aux États-Unis, Tesla travaille sur Optimus, un robot prometteur mais encore en développement. Wandercraft, avec Calvin-40, se positionne comme un acteur européen capable de rivaliser avec ces géants.
Jean-Louis Constanza, cofondateur de Wandercraft, insiste sur un atout majeur : « Nos technologies sont au niveau des leaders mondiaux. Avec Renault, nous bénéficions d’une expertise en moteurs électriques, ce qui réduit les coûts. » Cette alliance franco-française met également en avant des enjeux de souveraineté technologique, un sujet brûlant à l’heure où l’Europe cherche à réduire sa dépendance aux technologies étrangères.
Les Défis à Relever
Malgré son potentiel, la robotique humanoïde fait face à des obstacles. Les robots comme Calvin-40 doivent encore améliorer leur capacité à manipuler des charges lourdes et à se déplacer rapidement. De plus, leur intégration dans les lignes部分
usines exige une programmation complexe et une adaptation des processus de production. Wandercraft et Renault travaillent à simplifier ces aspects, mais le chemin vers une adoption massive reste semé d’embûches.
Une Vision d’Avenir
La collaboration entre Wandercraft et Renault ne se limite pas à l’industrie. Elle porte une vision plus large : utiliser la technologie pour améliorer la vie, que ce soit en usine ou dans les foyers. Voici les principaux objectifs de cette alliance :
- Automatiser les tâches dangereuses et répétitives dans les usines Renault.
- Réduire les coûts de production grâce à l’expertise de Renault en design-to-cost.
- Commercialiser Eve, l’exosquelette personnel, dès 2026.
- Positionner l’Europe comme un leader en robotique humanoïde.
En combinant innovation et industrialisation, Wandercraft et Renault ouvrent la voie à une nouvelle ère. Leur ambition ? Faire des robots humanoïdes des partenaires du quotidien, capables de transformer à la fois le travail en usine et la vie des personnes à mobilité réduite. L’avenir, c’est maintenant.