Waymo : Robotaxis Passent les Bus Scolaires à Austin

Imaginez la scène : un matin calme à Austin, un bus scolaire jaune fluo stoppé, panneau STOP déployé, lumières rouges qui clignotent. Des enfants descendent tranquillement. Et là, sans crier gare, une Waymo toute blanche, toit bardé de capteurs, passe devant le bus comme si de rien n’était. Dix-neuf fois. Rien que depuis la rentrée 2025.

Ce n’est plus une anecdote isolée. C’est devenu un vrai problème de sécurité publique qui met en lumière les limites actuelles des véhicules 100 % autonomes dans des situations pourtant basiques pour tout conducteur humain.

Waymo face à une vague d’incidents graves à Austin

Le district scolaire d’Austin (Austin ISD) ne décolère pas. Dans une lettre incendiaire envoyée le 20 novembre 2025, il accuse directement Waymo d’avoir commis 19 infractions graves depuis le début de l’année scolaire. Pire : au moins cinq d’entre elles sont survenues après la mise à jour logicielle que Waymo présentait comme la solution définitive.

« Les mises à jour logicielles de Waymo ne fonctionnent clairement ni comme prévu, ni aussi rapidement que nécessaire. Nous ne pouvons pas laisser Waymo continuer à mettre en danger nos élèves pendant qu’elle tente de corriger le tir. »

– Austin Independent School District, lettre du 20 novembre 2025

Le district va même jusqu’à exiger l’arrêt total des robotaxis Waymo aux horaires d’entrée et de sortie des écoles : de 5 h 20 à 9 h 30 et de 15 h à 19 h. Une demande sans précédent.

La NHTSA passe à la vitesse supérieure

Quatre jours plus tard, la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) envoie une lettre officielle à Waymo. Ton sec, questions précises :

• Avez-vous suspendu vos opérations aux horaires demandés par le district scolaire ?
• Votre correctif logiciel du 17 novembre a-t-il réellement résolu le problème ?
• Envisagez-vous de procéder à un rappel de sécurité (recall) ?

Cette enquête fait suite à l’ouverture, en octobre 2025, d’une investigation plus large sur la capacité des Waymo à détecter et respecter les bus scolaires arrêtés – déclenchée par une vidéo à Atlanta où un robotaxi avait littéralement coupé la route à un bus en train de décharger des enfants.

Waymo se défend… avec ses statistiques globales

De son côté, Waymo reste sur sa ligne habituelle : la sécurité reste la priorité absolue. La société met à jour ses logiciels en continu et affirme que ses données internes montrent une division par cinq des accidents avec blessures par rapport aux conducteurs humains, et même par douze pour les accidents impliquant des piétons.

« Nous avons déjà déployé des mises à jour logicielles qui améliorent sensiblement nos performances et nous nous engageons à progresser continuellement. »

– Porte-parole Waymo, décembre 2025

Waymo assure même que, sur ce point précis des bus scolaires, ses véhicules sont désormais plus performants que les conducteurs humains. Un argument qui laisse les parents d’Austin sceptiques, vu les vidéos qui circulent.

Pourquoi les Waymo ne voient-elles pas le panneau STOP ?

Dans l’incident d’Atlanta, Waymo avait expliqué que le bus bloquait partiellement une allée et que les capteurs n’avaient pas détecté les feux clignotants ni le panneau. Un problème de ligne de vue, en somme.

Mais à Austin, plusieurs cas montrent des robotaxis qui passent alors que le bus est parfaitement visible, en pleine ligne droite. Certains experts pointent un défaut dans la hiérarchisation des règles : le système semble parfois privilégier la fluidité du trajet au respect de la loi absolue qui impose l’arrêt total face à un bus scolaire.

D’autres évoquent un manque de données d’entraînement spécifiques aux configurations texanes (bus plus longs, marquages au sol différents, etc.).

Un coup dur pour l’image des robotaxis

Cet enchaînement d’incidents arrive au pire moment pour Waymo vient d’ouvrir son service au grand public à Austin, San Francisco, Los Angeles et Phoenix. L’entreprise vise 2026 pour une expansion massive.

Mais chaque vidéo virale d’un robotaxi grillant un bus scolaire alimente le scepticisme du grand public et donne des munitions aux opposants farouches à la voiture sans conducteur.

Le parallèle avec Cruise est inévitable : en 2023, un accident grave à San Francisco avait conduit à la suspension totale de la flotte Cruise en Californie. Waymo veut à tout prix éviter ce scénario.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Plusieurs scénarios sont sur la table :

• Waymo accepte de suspendre temporairement ses opérations aux heures scolaires à Austin (solution de compromis).
• La NHTSA impose un rappel logiciel national – un précédent lourd de sens.
• Le Texas durcit sa réglementation et limite les zones ou horaires des robotaxis.
• Waymo accélère un nouveau patch majeur et reprend la communication offensive sur ses statistiques de sécurité.

Une chose est sûre : l’épisode montre que même le leader incontesté de la voiture autonome – plus de 50 millions de kilomètres parcourus sans conducteur – reste perfectible sur des scénarios pourtant écrits noir sur blanc dans tous les codes de la route du monde.

La route vers la confiance totale du public est encore longue. Et chaque bus scolaire manqué est un rappel brutal que la technologie, aussi avancée soit-elle, doit d’abord protéger les plus vulnérables : nos enfants.

À suivre de très près.