WeRide, pionnière chinoise des véhicules autonomes, vise une IPO de $5B
Dans le paysage bouillonnant des startups chinoises, WeRide se démarque par son audace et ses ambitions démesurées. Cette pépite spécialisée dans les véhicules autonomes s'apprête à franchir une étape cruciale de son développement en visant une introduction en bourse aux États-Unis, à une valorisation vertigineuse de 5 milliards de dollars. Une annonce qui fait grand bruit, plus d'un an après l'assouplissement par la Chine de son bannissement effectif des IPO étrangères.
WeRide lève le voile sur une levée de fonds ambitieuse
Selon les documents réglementaires déposés, WeRide table sur une levée d'environ 96 millions de dollars lors de son offre publique initiale, voire 111,3 millions de dollars si les preneurs fermes exercent pleinement leur option de surallocation, en supposant un prix d'introduction de 17 dollars par action ADS (American Depositary Share). La fourchette de prix envisagée se situe entre 15,50 et 18,50 dollars par action, ce qui pourrait porter le montant total levé à 119,4 millions de dollars.
Des investisseurs de renom au rendez-vous
En plus de son introduction en bourse, WeRide a d'ores et déjà sécurisé des engagements d'investisseurs pour un placement privé concomitant d'une valeur de 320,5 millions de dollars. Parmi eux figurent des noms prestigieux tels qu'Alliance Ventures, le bras financier de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, qui a accepté d'acheter pour 97 millions de dollars d'actions. D'autres investisseurs de renom comme JSC International Investment Fund, Get Ride et Beijing Minghong ont également répondu présent.
Une valorisation record pour une startup chinoise post-bannissement
Si l'opération se concrétise, il s'agira de la plus importante introduction en bourse d'une entreprise chinoise sur le marché boursier américain depuis celle de Zeekr en mai dernier. Ce constructeur de véhicules électriques de luxe, filiale de Geely, a cependant vu son cours chuter de 48% depuis ses débuts en bourse, soulignant les défis auxquels sont confrontées les startups chinoises outre-Atlantique.
Des ambitions internationales affirmées
Forte de ses 1,39 milliard de dollars levés jusqu'à présent, pour une valorisation de 5,11 milliards de dollars selon PitchBook, WeRide n'a pas levé de fonds privés depuis 2022. Face au resserrement des cordons de la bourse des capital-risqueurs pour les startups de véhicules autonomes au long parcours vers la rentabilité, une introduction en bourse apparaît comme une étape nécessaire pour assurer son développement et rester dans la course.
La jeune pousse détient des permis pour opérer de manière autonome en Chine, aux Émirats arabes unis et à Singapour. Elle dispose également d'autorisations pour tester ses véhicules avec et sans conducteur de sécurité en Californie, notamment à San Jose. Au-delà de son service de robotaxis accessibles au public, WeRide planche sur un robobus sans conducteur, un robovan pour la livraison de marchandises et un robosweeper. La startup propose par ailleurs des systèmes avancés d'aide à la conduite (ADAS) qu'elle compte commercialiser auprès des constructeurs automobiles.
Un chiffre d'affaires en baisse mais des investissements ciblés
WeRide a enregistré un chiffre d'affaires de 20,7 millions de dollars au premier semestre 2024, en baisse par rapport aux 25,5 millions de dollars réalisés sur la même période en 2023. Ses pertes se sont creusées à 121,3 millions de dollars, contre 100,9 millions un an plus tôt. Malgré ces résultats mitigés, la startup entend allouer judicieusement les fonds levés lors de son IPO :
- 35% seront consacrés à la R&D
- 30% financeront la commercialisation et l'exploitation de ses flottes de véhicules autonomes, ainsi que des activités marketing pour conquérir de nouveaux marchés
- 25% seront alloués aux dépenses d'investissement, comme l'achat de véhicules de test
- Les 10% restants serviront à des fins générales de l'entreprise
Pony.ai sur les starting-blocks
WeRide n'est pas la seule licorne chinoise des véhicules autonomes à lorgner vers les marchés américains. Sa rivale Pony.ai préparerait également un retour à Wall Street, après l'échec de sa première tentative avortée en 2021 dans le sillage du tour de vis réglementaire de Pékin. La startup visait alors une entrée en bourse via une SPAC à une valorisation de 12 milliards de dollars.
Dans cette course effrénée vers le futur de la mobilité, WeRide semble déterminée à prendre une longueur d'avance. Son introduction en bourse à venir sera scrutée de près, tant elle cristallise les espoirs et les défis des pépites chinoises de la tech face à un contexte géopolitique et économique complexe. Une chose est sûre : la révolution des véhicules autonomes est en marche, et la Chine entend bien y jouer un rôle de premier plan.