Wesley Chan : les leçons de l’adversité pour un investisseur d’exception
Imaginez un petit garçon de famille immigrée, sans un sou, enchaînant les petits boulots pour aider ses proches. Pariez-vous qu'il deviendra un jour un investisseur de génie, repérant les licornes de la tech avant tout le monde ? C'est pourtant le destin hors du commun de Wesley Chan, co-fondateur de FPV Ventures et ancien de Google.
De CalTech aux sommets de la Silicon Valley
Le parcours de Wesley Chan commence de manière peu conventionnelle. Alors lycéen dans un établissement modeste du sud de la Californie, il décroche un job de plongeur dans un labo de CalTech grâce à une annonce Craigslist. Son ardeur au travail interpelle la directrice du labo, la célèbre biologiste Ellen Rothenberg, qui lui confie des tâches de plus en plus pointues.
Chan se retrouve ainsi impliqué dans les balbutiements de la recherche sur les cellules souches, participant même à une publication académique à l'âge de 16 ans ! C'est Rothenberg qui le pousse à viser le MIT malgré ses notes médiocres. L'établissement retient son profil atypique et lui ouvre ses portes :
Quelqu'un m'a donné ma chance. Tant de gens avancent dans la vie au hasard, je n'aurais pas eu ces opportunités si une personne n'avait pas dit 'il travaille dur, il veut faire de la recherche'.
– Wesley Chan
Mais les obstacles ne s'arrêtent pas là pour Chan. Au MIT, il doit cumuler plusieurs jobs pour payer ses études, s'éloignant de sa famille restée en Californie. Une période difficile mais formatrice, qui lui apprend à composer avec la solitude et les regards sceptiques.
Le pari Google
Diplôme en poche, Chan intègre HP Labs jusqu'à l'éclatement de la bulle internet. Un coup dur dont il se relève en rejoignant une des rares boîtes qui embauche encore : Google. Il participe au développement du système publicitaire, une expérience fondatrice pour celui qui voit l'entreprise exploser de 100 à 35 000 salariés en 15 ans.
En 2009, Chan souhaite lancer sa startup. Mais Larry Page et Sergey Brin lui proposent plutôt de participer au lancement de Google Ventures. Le succès est au rendez-vous, et le fonds existe toujours aujourd'hui.
Le flair des licornes
Wesley Chan poursuit ensuite chez Felicis Ventures, où il affûte son flair légendaire pour repérer les futurs géants. Il est le premier investisseur dans Canva, Flexport ou encore Guild Education, des licornes valorisées à plusieurs milliards. Un succès qu'il doit à son approche singulière :
Je ne cherche pas la personne avec les bons diplômes ou le bon club. Je cherche des gens qui ont du cran et savent ce que c'est de travailler dur.
– Wesley Chan
Cet œil aiguisé, Chan le met aujourd'hui au service de son propre fonds, FPV Ventures, qu'il a co-fondé en 2023. Sa mission : donner leur chance aux entrepreneurs atypiques mais brillants, à son image. À travers ce parcours semé d'embûches est né l'un des investisseurs les plus astucieux de sa génération.
Une éthique investisseur singulière
Mais au-delà des success stories, Chan a dû composer avec les défis d'être un homme gay et asiatique dans un milieu encore très fermé. Malgré les progrès, la communauté LGBT+ reste sous-représentée dans le capital-risque.
C'est le défi d'être un outsider dans ce métier. Il faut se battre ou trouver d'autres moyens de travailler avec les fondateurs.
– Wesley Chan
C'est avec cette perspective unique que Chan a co-fondé FPV Ventures, et recruté une équipe qui compte des backgrounds variés :
- Sa co-fondatrice Pegah Ebrahimi, passée par Morgan Stanley et Google
- Un soutien des fondations et ONG, dont les valeurs résonnent avec celles des entrepreneurs
- Une volonté de donner leur chance aux profils sous-représentés
Wesley Chan incarne un nouveau genre de capital-risqueur : brillant, visionnaire, mais aussi engagé et ouvert. Un parcours atypique qui prouve que l'intelligence et le travail peuvent ouvrir toutes les portes dans la Silicon Valley. Une leçon d'espoir et de résilience pour tous les entrepreneurs en herbe.